Chapitre trente quatre

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La prochaine fois que tu oublies que tu es Black Kulling, souviens-toi que je suis Lana Lincoln et que je t'aime.

Point de vue de Lana.

Mon cœur cogne violemment dans ma poitrine.
Bien plus assourdissant, bien plus douloureux et pourtant similaire au silence morbide qui règne dans cet habitacle en retournant a la maison. Cette forte dose a presque couté ma perte parce que nous n'avons pas été assez vigilants. Il s'en veut mais moi je lui en suis seulement reconnaissante. Pendant un instant j'ai vu la mort m'ouvrant ses bras et je me suis sentie partir avec cette dernière image de Black faisant tout pour me sauver de ses griffes. Parfois, ses moindres petits gestes me prouvent que je peux lui faire une confiance absolue.

— Vous voulez un truc ? Nous demande soudainement John en se garant sur une place de parking. Vous êtes incapables de faire des courses de temps en temps bande de cons.

— Pour une fois que je dois admettre que tu as raison. Je t'accompagne pour la peine.

Aaron saute de son siège et claque bruyamment la portière avant de partir en compagnie de John dans un magasin au bout de la rue. Contrairement aux deux amis, Black demeure silencieux en portant toute son attention sur le paysage lointain derrière la fenêtre.

— Est-ce que tout va bien ?
Tentai-je face a son mutisme.

Le silence, c'est tout ce qui me vient comme retour du bâton en lorgnant ses traits durs et fermés sous mes yeux encore larmoyants.

— Black ?

Je tente une main sur son avant bras qu'il retire presque automatiquement en me repoussant.

— Ne me touche pas, Lincoln.

— Je peux au moins savoir ton problème ?

J'insiste même si tout m'incite a me taire.
Cette sensation de le sentir plus distant que jamais avec moi en devient douloureuse. Il est en colère contre toi, idiote. Mon courage me quitte en le regardant prendre une cigarette dans son paquet plutôt que de me parler.

— Tu ne rentres pas avec nous aujourd'hui.

— Pardon ?

Pendant une seconde cette remarque me fait le même effet qu'un coup de poing en pleine tronche. Je ne comprends absoluement rien a ce qui cloche chez lui depuis que nous sommes partis du cabinet. Et si tout ça avait un rapport avec cette puce dans mon bras ?

— Depuis quand tu donnes de la liberté a ton chien maintenant ?

Il inspire et expire fort comme pour faire redescendre son agacement en m'entendant dire ce genre de choses. Que pourrais-je dire d'autre de toute façon ? Il est en train de me mettre a la rue et le simple fait de savoir mon retour imminent dans mon ancienne vie me brûle comme une bile acide en bouche.

— Depuis que ma chienne commence a s'attacher un peu trop a son maître.

Ses mots sont violents et me donne une soudaine envie de lui mordre les boules dans le mauvais sens juste pour lui donner une bonne raison de me nommer de cette manière.

— Je ne m'attache pas a toi.

Boum, boum, boum.

— Dit plutôt que tu ne veux pas qu'on s'attache mutuellement.

Il soupire mais ne me contredit pas pour autant.
A cet instant, j'avais juste besoin de paroles rassurantes, de bienveillance tant la souffrance d'avoir fait du mal a Dany m'empêche de dormir. J'ai encore son sang sur les mains, une putain de meurtrière.

— Je ne veux pas que ton père en sache davantage.
Me dit-il simplement en allumant une deuxième clope. Ne t'imagine pas quelque chose, Lana.

— Pourquoi vouloir me sauver a tout prix si tu en as rien a faire de moi alors ?

Je retiens difficilement mes larmes en tentant d'ouvrir ma portière close. J'appuie dessus encore et encore avec acharnement incapable de poursuivre ce semblant de règlement de compte. Black m'abandonne et je ne peux rien faire pour arrêter ça. Sa main m'attrape et m'arrête brusquement en me serrant plus fermement encore.

— Arrête de faire ton idiote, putain lâche cette portière. Me dit-il en pivotant dans ma direction. Je ne veux pas que tu partes ok ? Mais nous n'avons pas le choix.

John et Aaron reviennent des sacs pleins les mains.
Je viens me mordre fort la joue priant pour ne pas qu'ils remarquent la tension entre nous depuis leur départ.

— J'avais peur de devoir mettre le feu a cette voiture en vous laissant tous les deux seuls dedans. Ricane John en balançant les sacs de course dans le coffre. Ça va respirez c'est une blague.

— Encore une blague foireuse, ça change de d'habitude.

Aaron lui donne un coup de poing dans le bras avant de reprendre sa place initiale.

— Remercie-moi sorcière ce soir on fait ton plat préféré. Me dit-il en se tournant dans ma direction. Lasagne party ça te tente ?

Un sourire vient fendre mon armure a travers mes yeux plein de larmes. Aaron ne me porte pas dans son cœur, c'est certain mais aujourd'hui il vient incontestablement de me tendre la main.

— Elle ne reste pas avec nous.

La voix de Black s'élève soudainement dans l'habitacle. Je baisse les yeux en sentant les deux amis nous lorgnaient dans l'incompréhension la plus totale.

— On peux savoir pourquoi ?

— Faites pas chiez et toi avance cette putain de caisse.
Dit-il a John en donnant un coup dans son siège. Ils ont notre localisation en temps et en heure alors magne-toi.

La voiture s'engage finalement sur la route encore noire de monde a cette heure de pointe. Nous roulons dans un silence glaçant jusqu'à mon domicile et plus nous nous rapprochons de cette destination et plus je regrette qu'il m'est sauvée. En arrivant je reste immobile en fermant les yeux, incapable de me dire que ma mère se trouve derrière cette porte a vivre une petite vie tranquille sans se reprocher quoi que ce soit.

— Sors.

Cette voix putain je la hais.

— On ne t'abandonne pas, Lana.

Je sors de la voiture sans me retourner avec les mots de John qui flottent encore dans mon crâne. Ils me redonnent ma liberté et tout ce qui me submerge a ce moment-la est le fait de me sentir seule au monde.
Je pousse la porte sans un bruit, vide, le silence absolue. Un pincement au cœur me vient soudainement en passant mes doigts sur une photographie de mon père et moi a la pêche. S'il vous plaît faites moi revivre ses souvenirs juste le temps d'un instant. Je parcours chaque pièce en ravivant doucement des instants de joie avant toute cette merde, toutes les conneries de mes parents pour une simple histoire de vengeance.

— Maman ?

Plus je marche et plus mon corps vient se tendre.
La porte close de la cave me fait des appels de phare et c'est de cette manière que mes pieds m'entraînent dans cette pièce froide et sombre de notre maison. J'allume la lumière et tout ce que je constate sont de nombreux ordinateurs, des écrans en hauteurs et plus particulièrement des bandes son de nos conversations toutes conservées sur un vieux meuble.

Jour un : enlèvement Lana
Jour deux : enlèvement Lana
Jour trois : enlèvement Lana.

Black Kulling  { EN RÉÉCRITURE }Where stories live. Discover now