Mais entendre quelqu'un dire ça en parlant de Valerio, ça m'a fait dégonder. Et prendre conscience que ce n'est pas acceptable. Pas uniquement pour Valerio, mais pour n'importe qui.

Brenda reste patiente, silencieuse. Je sais qu'elle bouillonne intérieurement et qu'elle m'en veut d'avoir mis une droite – même deux – à cet enfoiré, mais je sais aussi qu'elle n'a pas envie d'être contre moi, et ça m'encourage à poursuivre.

— ... de tarlouze. Et de pédé.

Je me mords la lèvre, dégoûté de le dire moi-même à voix haute. Elle ferme brièvement les yeux, semblant évaluer la situation.

— OK. Je vois.

— Tu vas quand même devoir me renvoyer ?

— Le problème, Valentin, c'est que tu es mon employé et que tes agissement peuvent entraîner la responsabilité du camping. Tu as violenté un client, et devant témoins en plus, il est clair que je ne peux pas continuer de te faire travailler dans ces conditions.

— S'il porte plainte, vous êtes mal aussi ou ce sera juste moi ?

— On va éviter d'en arriver là, dit-elle sans répondre à ma question. Ecoute, pour l'instant tu vas rentrer chez toi – enfin, à ton bungalow – et me laisser gérer ça.

Elle regarde sa montre.

— Je vais passer à l'infirmerie voir comment il se porte et lui présenter nos excuses.

— Mais je ne suis pas désolé ! bondis-je.

— Valentin, je comprends ça te mette en colère, mais la violence physique n'est pas une réponse acceptable à la violence verbale.

— Et c'est quoi, la réponse acceptable, alors ?

— Le bon sens. Au cas où tu ne le saurais pas, l'homophobie est punie par la loi depuis 2004.

Je réfléchis pendant un court instant. Je ne le savais pas, non.

— Alors je peux vraiment porter plainte ?

Elle pointe son index vers moi en signe d'avertissement.

— Peut-être, mais il aurait fallu y songer avant, parce que lui aussi. Alors je te demanderai de ne plus t'en mêler si tu ne veux pas aggraver ton cas.

Message reçu cinq sur cinq : je m'écrase.

— Je suis désolé de te causer autant de problèmes.

Elle me dévisage durement, s'attendant à ce que je présente des excuses pour mon geste, mais je suis têtu et ne regrette rien d'autre que les ennuis que je pourrais attirer à Brenda si elle ne me sanctionne pas. Voyant que je campe sur ma position à ce sujet, elle répond :

— Tu es majeur et vacciné, alors je te laisse le soin de prévenir toi-même tes parents pendant que je répare les dégâts.

— Oui... Merci.

— Avant de partir, rappelle-moi juste qui a été témoin de la scène. Notamment qui est susceptible d'avoir entendu le jeune homme dire... ce qu'il a dit.

— Peut-être Ben. Je ne sais pas, ils s'étaient assis au bout de la terrasse. Les autres clients étaient loin... Ce sera ma parole contre la sienne ?

— Je ne sais pas. Je t'appelle plus tard.

— D'accord. Merci, Brenda.

— Mmh. File, avant que je ne te secoue comme un prunier pour nous avoir mis dans un merdier pareil.

Je glousse en l'entendant perdre son flegme habituel.

— Je croyais que la violence n'était pas une réponse.

W [EN PAUSE] Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz