Chapitre 6

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Je me dégageai de l'épaisse couette et m'extirpai du lit, mes pieds nus trottinant sur le parquet froid. Je me dirigeai vers la cuisine. Il était trois heures du matin. 

Je n'arrivais pas à dormir. Cela m'arrivait parfois.

J'ouvris le réfrigérateur et en sorti une bouteille de Soju à moitié entamée. L'eau aurait surement été la meilleure option mais j'avais besoin de trouver quelque chose qui me ferait dormir. Ou qui ferait taire mes pensées. L'une ou l'autre option me convenait. 

Je ne pris pas la peine de me sortir un verre et m'installai sur l'unique chaise de la petite pièce. Une vieille chaise en bois, grinçante, que j'avais trouvé à un marché aux puces pour quelques wons et qui faisait très bien l'affaire. 

Je bus une gorgée. L'alcool sucré se répandit dans ma gorge, me réchauffant de l'intérieur. J'appréciai cette sensation en fermant les yeux.

Je ne me réfugiais pas dans l'alcool, j'avais d'autres moyens de canaliser mes émotions, mais j'appréciais parfois la possibilité que la boisson apportait de ne plus réfléchir aussi intensément.

Mes yeux s'arrêtèrent sur le courrier que  j'avais posé au bout de la table un peu plus tôt dans la journée. Je ne l'avais pas encore ouvert, j'avais su en voyant l'adresse de leurs destinataires qu'il me faudrait du temps avant d'avoir le courage de l'ouvrir.

Je restai longtemps immobile ainsi, les yeux rivées sur les deux enveloppes en papier kraft, les défiant en duel. Je pouvais presque les entendre me narguer, car peu importait le temps que cela prendrait, je finirai bien par les lire. Je ne faisais que repousser l'inévitable.

Je bus une longue gorgée de l'alcool, reposant la bouteille vide sur la table en un bruit sourd. Je tendis le bras jusqu'à atteindre le courrier du bout des doigts pour le ramener jusqu'à moi.

Je reconnus l'adresse de mon notaire sur la première enveloppe. Je la déchirai sans ménagement pour atteindre le courrier à l'intérieur. 

Il était question du départ du locataire de la maison que j'occupais avant et qui appartenait à ma famille. Cela faisait plusieurs années que je n'y avais pas mis les pieds, je n'étais pas ravie de devoir à nouveau m'en occuper. J'allais devoir prendre rendez-vous avec le notaire, afin que nous trouvions de nouveaux locataires. Je détestais les tâches administratives de ce genre, j'aurais voulu me débarrasser de ce bien, mais je n'en avais pas le pouvoir, je n'étais pas propriétaire, seulement administratrice. 

Je soupirai, relisant une dernière fois la lettre pour m'assurer de n'avoir rien oublié puis la fis glisser à nouveau jusqu'à l'autre bout de la table. J'allais devoir m'occuper de cela, le plus rapidement serait le mieux, afin de me débarrasser de cette tâche.

Je déglutis péniblement en prenant entre mes doigts tremblant la deuxième enveloppe. Mes yeux passèrent rapidement sur l'adresse du destinataire, comme si la lecture de ces mots allait m'endommager la rétine.  

"Centre de détention de Séoul"

J'ouvris l'enveloppe et en sorti le courrier. 

Je repliai le courrier en tentant de contrôler les tremblements de mes mains qui se répandaient pourtant petit à petit jusque dans mes bras, s'élançant vers ma cage thoracique qui était désormais prise de spasme tandis que j'essayais de contrôler ...

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Je repliai le courrier en tentant de contrôler les tremblements de mes mains qui se répandaient pourtant petit à petit jusque dans mes bras, s'élançant vers ma cage thoracique qui était désormais prise de spasme tandis que j'essayais de contrôler mes sanglots. Je me levai et me dirigeai précipitamment vers mon bureau, l'enveloppe en main. J'ouvris un des tiroirs et en sortis un petit coffre en bois, j'y déposai l'enveloppe, au milieu des dizaines d'autres qui s'y trouvaient déjà, et que j'avais toutes ignorées jusqu'à présent.

Avec le temps, elles étaient devenues plus rares. Cela faisait plusieurs mois que je n'en avais pas reçu dans ma boite aux lettres. Mais elles revenaient toujours, telle une malédiction, me rappelant sans cesse que je ne pourrais jamais fuir. C'était comme une ombre dont je ne pouvais me défaire, dans l'obscurité, elle était presque imperceptible, mais au moindre raie de lumière elle réapparaissait, s'accrochant à mes talons, refusant de me laisser partir.

Je refermai le petit coffre ainsi que le tiroir.

Je n'avais personne chez qui me confier, personne qui pourrait me prendre dans ses bras et me laisser pleurer sur son épaule en me promettant que tout irait bien. J'étais complètement seule.

Alors je fis ce que je faisais à chaque fois, j'attrapai mon téléphone portable et y composai un numéro que je connaissais par cœur. Puis je restai ainsi, immobile, roulée en boule sur le parquet froid les yeux fixant le cadrant du téléphone. Je n'appuyai pas sur la touche "entrée" afin de lancer l'appel, je n'en avais pas le courage, ni la force. Je me contentais de fixer les chiffres qui dansaient entre mes larmes et qui me rappelaient les souvenirs de ma vie d'avant.

Poison - Fanfiction Byun Baekyun [TERMINE]Where stories live. Discover now