Chapitre 4

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-Emporte donc ça ma chérie! insista Halmeonie en me tendant une multitude de contenants en plastique soigneusement empilés et maintenus ensembles par un tissus résistant.

J'attrapai poliment la nourriture:

-Il ne fallait pas Halmeonie! Tu te donnes trop de travail!

Elle insistait toujours pour me nourrir. D'ailleurs, sans ses préparations, mon alimentation aurait sans doute été bien limitée. Je me sentais terriblement reconnaissante envers elle, si bien que je faisais tout pour lui rendre la vie un peu moins difficile au quotidien. Elle ne voyait plus très bien, son dos la faisait souffrir et elle n'avait pas d'enfants, elle se retrouvait donc seule dans sa petite maison de la périphérie de Gwangju. 

-C'est important de manger à ton âge! Tu es toute maigrichonne! Et puis tu m'as acheté des pâtisseries hors de prix hier, ronchonna-t-elle en posant ses mains sur les miennes.

Je me contentai de m'incliner, me réjouissant déjà à l'idée de manger ses bonnes préparations. 

-Qu'est ce que je ferais sans toi Halmeonie! Tu as encore besoin de quelque chose? Je retourne à Séoul aujourd'hui.

-Ne t'inquiète pas pour moi! J'ai tout ce qu'il me faut! s'empressa-t-elle de répondre me poussant presque vers la porte.

Halmeonie avait beau ne pas avoir de descendance, elle était comme toutes les grand-mères: elle détestait avoir la sensation d'être un poids pour quiconque, et insistait pour tout faire toute seule. Elle ne se rendait pas compte que ce n'était pas une corvée pour moi de l'aider au quotidien. En réalité, elle était également ma seule compagnie.

Je quittai sa maison avec la ferme idée de ne pas rentrer les mains vides en déplaise à la vieille dame, j'avais remarqué que sa réserve de compléments au Ginseng s'amenuisait dangereusement et je ne manquerais pas de renflouer ses stocks. 

J'avais l'esprit assez embrumé depuis la veille, je n'avais pas réussi à fermer l'oeil de la nuit une angoisse inexpliquée m'avait maintenue éveillée. J'avais due éteindre mon téléphone portable et mon ordinateur, les notifications n'avaient pas arrêter de fuser, en provenance de l'application de lecture en ligne de l'agence. J'avais "bénéficié" d'un sacré coup de publicité, je devais bien l'admettre. 

Je connaissais Byun Baekhyun, je ne vivais pas à la capital mais j'avais tout de même internet. Je savais qu'il était une célébrité de renom dans le pays mais j'avais tout de même sous estimé l'effet qu'un simple live sur un réseau social pouvait engendrer. Les serveurs d'Idem agency avaient saturé, peu habitués à autant d'influence en un temps si courts. Mon recueil en format papier était sold out, les commentaires sur le format numérique ne s'arrêtaient pas. C'était beaucoup d'un coup. 

Pour calmer mes propres pensées j'avais décidé de tout éteindre, préférant me reclure dans mon petit appartement. Dans le silence. En sortant de mon lit ce matin je n'étais pas encore décidée quant à la position à adopter par rapport à la tournure récente des évènements. 

Une part de moi était évidemment reconnaissante car je n'avais désormais plus à m'inquiéter de l'écriture d'un nouveau livre, et je pouvais d'ailleurs même me réjouir d'un montant bien plus élevé sur mon prochain chèque, bien que ce dernier point me soit plutôt égal.

Une autre part de moi, toutefois, était amère. "Le bleu de la nuit" avait été pour moi le fruit d'une réflexion ardente, passionnelle, presque intime. L'offrir au grand public avait été ma décision, mais je savais que mes lecteurs étaient touchés par mon travail pour ce qu'il était réellement. Personne ne connaissait Ice, les retours sur mes poèmes n'étaient pas biaisés, chaque lecteur pouvait les lire sans a priori, se laissant bercer par les mots, et touchés par leur sens. Ou non d'ailleurs.

Poison - Fanfiction Byun Baekyun [TERMINE]Where stories live. Discover now