— C'est super calme, à cette heure-ci.

— Surtout le samedi, avec les départs les gens sont à fond dans le ménage.

— C'est vrai. Merde, tu te rends compte il nous reste que... trois semaines ?

Les mains dans les poches, je regarde dans le vide. Il a raison. Trois semaines à profiter des vacances ici, et après ce sera sans doute terminé. On sera à la fac, majeurs et en train de chercher un job d'été.

Mais il y a une chose qui ne sera pas terminée à la fin de l'été ; du moins je l'espère de tout mon cœur.

— Valentino ?

— Mmh ? Désolé. Trois semaines, ouais... Ça me fout le blase.

— Pareil. J'ai l'impression que c'est la fin d'une ère.

— C'est ça. Genre, c'est la fin de l'adolescence, on est des adultes, maintenant.

On se met soudain à rire, parce que ça semble tellement bizarre. Ça l'est d'autant plus quand on passe à côté de l'arbre dans lequel on a gravé un « W » sept ans plus tôt. Valerio effleure la gravure dans l'écorce, et je m'appuie contre le vieux chêne.

— On était des gamins à l'époque, commente-t-il. C'était le premier été ?

— Ouais. Le dernier jour.

Je m'en rappelle très bien, on était malheureux comme les pierres à l'idée de se séparer, après avoir passé chaque journée ensemble depuis l'arrivée de Valerio dans le bungalow d'en face. C'était la première fois que je me faisais un ami aussi vite, et avec qui je m'entendais aussi bien.

— On voulait pas se quitter, dit-il en souriant.

— Clairement pas.

Je baisse la tête en me pinçant les lèvres.

— Et sept ans plus tard, on est toujours là...

— Ouais.

Les bras croisés, toujours contre l'arbre, je finis par accrocher son regard, et je songe qu'à cette époque-là je n'aurais jamais pensé à ce que notre relation connaisse une telle évolution. Je reconnais que je n'ai toujours juré que par Valerio, mais je ne me suis jamais questionné sur la nature de mon attachement à lui. J'aimerais tant savoir ce qu'il y a dans sa tête.

— Est-ce que...

Je m'interromps, et il attend la suite, haussant un sourcil.

— Non, laisse tomber.

Je secoue la tête, préférant ne pas terminer ma phase.

— Si, dis-moi !

Il s'approche, balayant les environs du regard. On est tous seuls sur le chemin.

— Non mais c'est une question bête.

— J'me moquerai pas, promis.

Il pose timidement ses mains sur mes hanches, et je décroise lentement mes bras.

— J'me demandais... Si tu pensais déjà à moi comme ça, cet été-là.

— Non. Enfin, je t'aimais beaucoup, mais... J'avais pas encore envie de t'embrasser.

Ce qu'il fait maintenant. Je ferme les yeux, et enroule mes doigts autour de ses coudes tandis qu'il me tient contre lui. C'est vraiment incroyable, d'être embrassé par Valerio.

— Valentino.

J'ouvre les yeux, et son regard se fait scrutateur par-dessus mon épaule.

— Quoi ? demandé-je, paniqué.

W [EN PAUSE] Where stories live. Discover now