En plus, Valerio pourrait m'entendre, puisqu'il pionce à quelques mètres de nous.

— Je savais bien qu'il y avait un garçon réfléchi, sous cette tête brûlée que m'a donné ton père.

Je souris, accueillant cette petite pique comme un compliment.

— Tu sais, en tant que parents, on peut aussi réfléchir avec toi, parfois...

— Mmh mmh.

OK, ça commence à devenir gênant.

— Je dois y aller, dis-je la bouche pleine en ramassant mon bol. Edouard va m'attendre.

— Va, mon chéri. Je suis si fière que tu marches dans nos pas, tu sais.

Elle met la main sur son cœur en exagérant son ton, et je secoue la tête en souriant.

— Vu que c'est mon élève, tu crois que je peux réclamer de l'argent à ses parents ? plaisanté-je.

— Oust, chenapan !

Je rigole franchement, et trottine jusqu'au terrain de foot après être passé à la salle de bain et avoir retourné tous mes placards à la recherche d'une tenue propre, en vain. Edouard m'attend près d'un but, s'entraînant au dribble, et je lui tape dans la main en arrivant à sa hauteur.

— Bah t'as pas de maillot, aujourd'hui ? me demande-t-il.

— Nan, ils sont tous au sale. Sauf celui de Liverpool, il est porté disparu.

— T'as perdu Beckham ? s'exclame-t-il en portant les mains à ses joues.

— Je sais pas. J'espère que non, ma mère va me tuer sinon.

Il rigole.

— Moi je crois que je sais où il est.

Avec un air goguenard – je crois que c'est le bon mot – il recommence à s'essayer au dribble. Je croise les bras et fronce les sourcils.

— Ah oui ?

— Ouais, glousse-t-il.

— C'est toi qui l'as ?

— Non.

Il continue de rire, et j'intercepte son ballon.

— C'est qui alors ?

— Je crois que c'est ton amoureuuux...

Je pique un fard. Bordel, mais oui ! Il l'avait pour l'entraînement de mardi, et il ne me l'a pas rendu.

— C'est pas mon amoureux, j't'ai dit. Bon, allez, on joue !

— Bah en tout cas, moi je crois que toi, t'es son amoureux.

Il ricane derrière sa main, et je lui renvoie la balle.

— Allez joue, petit génie, puisque t'es si malin.

— Ouais !

Je secoue la tête en souriant. Peut-être que j'accorde plus de valeur à ses paroles qu'elles en ont, mais entendre de la bouche de quelqu'un – même d'un gamin qui le connaît à peine – que Valerio m'aime, ça me donne envie de le prendre comme une vérité absolue.

Amore.

Peut-être bien que c'est plus qu'un jeu, après tout. Si tant est que ça en a un jour été un.

***

Deux heures plus tard, sur le chemin du retour, je découvre six messages non lus, en plus de celui que vient de m'envoyer Valerio. Je ne sais pas ce que ma mère a bouiné avec mon téléphone ce matin, mais le réveil a dû masquer mes notifications.

W [EN PAUSE] Opowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz