Dernier combat III

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Armin s'avança au bord du toit comme sur le devant d'une scène et se métamorphosa en wendigo en attrapant Alexandre par le bras. L'assemblée retint un hoquet de surprise et il réapparut aussi simplement sous sa forme humaine.

— Voyez comme il est aisé de redevenir vous-mêmes ! Ne désireriez-vous pas devenir plus forts ? Une espèce plus résistante, plus rapide. Supérieure. N'en avez-vous jamais rêvé ? Ensemble, nous pourrions prendre le contrôle de toutes les villes du monde !

Des murmures choqués, incrédules, d'autres séduits, survolèrent la foule. L'offre d'Armin sonnait une nouvelle fois comme leur unique chance de vivre.

— Il vous ment ! s'époumona Mandréline qui avait perdu foi en ses propres revendications.

— Mandréline, chuchota Liam en tirant sur son vêtement.

— Quoi ? demanda-t-elle sans pouvoir quitter les gens des yeux.

— Ça recommence... il faut partir...

Au creux de la Louve blanche, Caleb ouvrait enfin les yeux. Ses traits tirés témoignaient de la souffrance qui persistait.

— Caleb, murmura Mandréline.

Mille questions se bousculaient dans sa tête, la première étant de savoir comment il se sentait, ce qui était la plus stupide de toutes.

— Mandarine ? répondit-il, toujours sonné.

L'air désolé, le regard volant de la blessure au visage maladif, elle lui chuchota :

— J'ai fait une bêtise, Caleb.

— On va devoir courir, développa Liam. Genre, très, très vite.

Ils devaient s'enfuir tant qu'Armin était distrait par son assemblée de partisans. Et avant qu'il ne se décide à les transformer.

Tout à coup, la tôle se rompit sous eux. Le feu avait copieusement entamé le bâtiment, sans qu'Armin ne s'en inquiète, trop occupé à rassembler les foules. Ils atterrirent tous deux mètres plus bas dans un fracas assourdissant.

Liam et Mandréline se redressèrent avec difficulté puis aidèrent la Louve à relever Caleb. Le feu provoquait de plus en plus de craquements dans les fondations et la chaleur devenait étouffante malgré le froid hivernal. La fumée, qui s'ajoutait à l'odeur de brûlé, rendait difficile l'apport en oxygène. Les habitués de la boucherie continuaient de les insulter et de les agresser à coups de tout ce qu'ils trouvaient, enhardis par les talents d'orateur d'Armin qui, toujours à moitié humain et Alexandre sous le bras, avait quitté l'estrade déchue pour commencer à les mordre.

— C'est pas vrai, rageait Mandréline. Alexandre, cria-t-elle pour lui signifier qu'il devait essayer de les rejoindre et paniquant à l'idée de ne pas pouvoir quitter l'usine tous ensemble, quand un klaxon en continu retentit au loin.

— Qu'est-ce que... ? fit Liam, la bouche béante.

— Qu'est-ce qu'il fait ici ? s'étonna Mandréline en écarquillant les yeux.

L'effarement de Liam se changea en un sourire qui s'étendit jusqu'à ses oreilles.

— Je n'en ai aucune idée. Mais on dirait que la police prend enfin les choses en main !

Il n'avait jamais été plus heureux de voir la voiture de son père. Le véhicule, gyrophares allumés, fonçait vers eux à toute allure, mais était encore loin. Et Armin, qui les avait momentanément oubliés, leur réaccorda son attention. Abandonnant ses nouveau-nés tellement désorientés qu'ils s'attaquaient aux autres clients, il s'avança avec Alexandre, laissant ses membres s'allonger, sa colonne s'étirer. Ses dents poussèrent et s'aiguisèrent, ses ongles jaunirent. Sa figure perdit de sa superbe, son regard de glace se changeant en un regard de sang.

Les enfants de Bellegardane - T. 1 : Mandrélineजहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें