Les enfants de Bellegardane - T. 1 : Mandréline

La Commandante IV

Il était presque midi lorsque toute la maisonnée fut debout. Ils s'étaient réunis autour d'un brunch signé Liam Jensen, composé de biscottes, de thon et de fruits en conserves. Les stocks se raréfiaient et les possibilités gustatives se faisaient de moins en moins séduisantes. Mais ils avaient de quoi manger, ce qui les rendait plus fortunés que la majorité des habitants de Vrennes, qui n'avaient comme alternative que de se nourrir de leurs voisins en pensant manger du porc. Aussi, chacun savourait ses biscottes.

— Alors, vous avez trouvé Jura ? demanda Liam qui ne tenait plus en place après une si longue attente.

Il était toujours le premier éveillé, et le mystère devenait insoutenable. Il ne savait cependant pas quelle réponse il attendait. Trouver les Chasseurs les aiderait à vaincre les créatures mangeuses d'Hommes, toutefois cette communauté n'avait pas l'air des plus fréquentables, sans parler du fait que le garçon n'avait que peu envie de se jeter dans une bataille dont il risquait fort de ne pas ressortir vivant. Tout ça ne lui disait vraiment rien qui vaille.

— Oui, répondit Mandréline. Son appartement était vide, mais on a trouvé un mouchoir en tissu avec l'emblème de sa famille.

Matthieu se chargea de la suite des explications, excité de raconter la trappe secrète, les galeries souterraines et tout ce qui s'en suivît. Puis Mandréline reprit la parole après avoir jeté un œil par la fenêtre. La dernière chose dont ils avaient besoin était qu'une oreille indiscrète surprenne cette conversation.

— On a rencontré leur Commandante. Elle nous a proposé de vous conduire à leur repère pour nous entraîner ensemble contre les wendigos.

— Elle a quand même obligé Caleb à se foutre à poil avant de préciser « ceux qui n'ont pas peur de mourir », stipula Olive qui trouvait le résumé de Mandréline un rien enjolivé.

— Alors, qui est prêt à se battre avec nous ? demanda Matthieu en frappant dans ses mains, trop enthousiaste au vu de la situation.

Contre toute attente, Massimiliano se dévoua le premier.

— Papa, voyons, avec ton cœur ? réagit tout de suite Chiara.

L'homme grisonnant lui sourit tendrement.

— Tu veux y aller ?

— Bien sûr, je ne vais pas rester sans rien faire. Mais...

— Alors, je viens également.

Son ton doux comme le miel n'autorisait aucune négociation. Comme personne n'ajoutait quoi que ce soit, Mandréline réitéra la question.

— Tout le monde en est ? répéta Matthieu à son tour.

Au milieu des mines devenues graves et des mains qui se dressaient une à une, Liam grimaça avant d'accepter le dernier. Peut-être aurait-il mieux fait de rentrer à Verdiviers. Ils étaient tous complètement fous.

— On ne rentrera jamais tous dans le 4x4, intervint Olive. Va falloir faire des allers-retours avec le risque de se faire cramer.

— Je m'en charge, répondit Katharina avant de claquer des mains pour clore la conversation. OK ! Rangez vos affaires, je veux que la maison soit dans un état irréprochable avant notre départ.

Tous s'activèrent, disparaissant chacun dans un coin de l'impressionnante demeure.

— Pourquoi tu viens, Kat ? l'interpela Caleb.

— J'ai mes raisons.

Il ne cilla pas.

— Ne t'inquiète pas, railla-t-elle, ce n'est pas pour toi.