Recueil d'OS Sherlock Holmes

#13 Tout laisser derrière

Fandom: ACD Holmes

TW: Mort de personnages principaux. Ou est-ce bien le cas? Reinchenbach n'est pas un lieu de mort très efficace.

🌫️

Deux hommes gravissent le petit chemin de montagne. L'un a le cœur léger et le sourire aux lèvres. C'est le Docteur Watson, et il ignore qu'il a emprunté avec son ami un chemin funeste.

En tête, Sherlock Holmes affiche une mine grave. Il ne peut ignorer son destin, il ne commettra pas le pêché d'orgueil de tenter de s'y soustraire. Mais il n'est qu'un homme de chair et de sang, bien que ses actes parfois tendent à persuader les autres du contraire, et il veut éviter d'entrainer Watson, son Watson, dans sa chute.

Son esprit est si troublé qu'il ne participe pas à la conversation. Watson ne s'en formalise pas. Il a vécu presque dix ans avec Holmes avant de se marier, et ces années sont remplies de ses conversations à sens unique. Pourquoi continue-t-il? eh bien, il a tendance à penser que sa voix apaise le détective, ou peut-être est-ce parce qu'il ne supporte pas le silence.

Il en profites souvent pour décharger ce qu'il a sur le cœur. Aujourd'hui, il s'agit de son désarroi à propos de sa (toute nouvelle) vie conjugale. Il a sans doute choisi Mary parce qu'elle était tout ce que Holmes n'était pas : Amicale, douce, sociable, au caractère affirmé mais facile à gérer. C'était une femme, aussi.

Mais la passion n'était pas là, juste le confort.

"Et je lui dit que les mariages les plus durables sont ceux qui sont basés sur un partenariat confortable plutôt que sur la passion. J'ignore pourquoi elle s'est vexé ainsi, et la prochaine chose que je savais, c'est qu'elle partait visiter une tante dont je n'avais jamais entendu parler et..."

Devant lui, Holmes se figea sur le chemin, et Watson failli lui rentrer dedans. Relevant la tête, il vit ce qui avait stoppé son ami. Un jeune garçon montait la pente sans passer par le chemin et faisaient des grands signes aux promeneurs. Ils décidèrent donc de l'attendre sur place.

Le détective se retourna.

"Mais je pensais que Mary n'avait plus de famille?
-Vous écoutiez? eh bien, je le pensais aussi.
-Bien sûr que je vous écoute, Watson. Je suis toujours heureux de vous écouter, je n'ai juste parfois pas la force de faire la conversation."

Ils échangèrent un sourire complice. Parfois, le docteur pensais que le partenariat de vie le plus satisfaisant qu'il ai jamais eu était avec cet homme, mais c'est le genre de pensée qu'il préférait enfermer dans une petite boite. S'il pouvait, il en jetterait même la clé, pour être certain que cela ne viendrait plus le tourmenter.

"Que pensez-vous de cela, Holmes?
-Je pense que vous vous êtes mariés un peu précipitamment, mais à chaque fois que nous avons cette conversation, cela fini mal. Néanmoins, je crois que vous devriez ne pas tenir rigueur à Miss... à Mary. Je suis sûr qu'elle a ses raisons. Allons, n'en discutons pas plus. Voilà le garçon."

Le petit berger arriva près des deux hommes. Il parlait français avec un accent suisse, mais Holmes était capable de le comprendre.

"Il semblerait qu'on vous demande à l'auberge, mon ami. Il y a une anglaise qui est souffrante.
-Ne peut-elle pas voir un médecin du village?
-Elle a insisté à voir un médecin anglais. Elle est dans une état critique, selon le garçon. Allez-y, mon ami, vous me rejoindrez à Meiringen plus tard dans la journée."

Holmes sortit de sa poche quelques francs, qu'il confia au jeune garçon.

"Merci pour la course," dit-il en français. "Vous avez de sacrées jambes. Allez annoncer en bas que le Docteur est en route."