#11 Ta peau (ce n'est que du bois)

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Fandom: ACD Holmes, mais plus particulièrement la série soviétique avec Livanov (Holmes) et Solomin (Watson). Pas franchement besoin de l'avoir vu pour apprécier, mais le contexte est celui-là.

TW: deuil, période de Hiatus Post-Reinchenbach.

🎻

A quoi ressemblez-vous, maintenant? je sais à quoi ressemble les noyés, j'en ai déjà vu, mais je n'arrive pas à me représenter votre corps dans un tel état. Dans un sens, c'est presque une bénédiction que l'on ne vous ai pas retrouvé. L'image que je garde de vous est intacte.

Le moindre bruit d'eau qui coule me rends malade. Je dois sortir lorsque Mrs. Hudson me fait couler un bain, et je ne m'y plonge que par nécessité. La pluie me rends nerveux. Un robinet peut me faire déclencher une crise de tétanie.

Je n'aurais pas du revenir ici, là ou nous vivions ensemble, mais ou aurais-je été? Votre frère a offert de payer quelques mois de loyer pour compenser votre disparition, mais il faudra bien que je parte. Je me souviens de la manière dont vous m'avez aidé à déballer mes affaires. Avant, je gardait toute mes possessions dans ma chambre, mais j'ai fini par envahir l'appartement, et nos affaires se sont entremellées inextricablement.

Les derniers temps, mes effets personnels apparaissaient dans votre chambre, et vice-versa. Je n'ai pas encore osé m'y rendre. Pourtant, j'ai presque fini de tout rassembler, et si je trouve un logement plus petit, je serais partis avant la fin du mois. Je laisse le soin à votre frère de trier vos affaires, mais je cherche un souvenir de vous à emporter... rien de précieux quelque chose d'insignifiant, juste, un petit morceau de vous à garder contre mon coeur. J'aurais aimé que nous allions tirer nos portraits chez un photographe, mais c'est trop tard.

La porte de la chambre juste en face de la mienne ne grince pas. Vous veillez toujours à bien la huiler, pour ne pas me réveiller la nuit quand vous étiez sortit pour enquêter. Vous faisiez attention à l'escalier de bois sombre, aussi... la troisième marche grince. Quand vous descendiez, elle ne grincait jamais.

J'ai toujours trouvé mystifiant votre manière de bouger, comme si vous ne pesiez rien, comme si vous flottiez au dessus du sol! Si seulement vous vous étiez juste envolé, la-haut au dessus des chutes... Vous auriez jeté cet infâme Moriarty dans le gouffre avant d'atterrir gracieusement sur l'herbe. J'aurais applaudit, et votre rire clair se serait élevé, ce rire que j'aimais plus que tout au monde.

Il fait sombre. Notre appartement l'a toujours été, mais tant que vous y étiez, c'était comme si la lumière provenait de l'intérieur et éclairait ma vie à chaque instant. Je me suis vu dans le miroir de l'entrée, tout à l'heure: Ma pâleur rivalise avec celle des cadavres, et mêmes mes cheveux roux ont ternis. Je dois ressembler à un spectre, en entrant dans votre chambre. Si j'ai assez d'imagination, peut-être que votre fantôme viendra me dire un dernier adieu, et me serrera une dernière fois.

J'observe les alentours. Je reconnais un briquet qui m'appartient, un peigne à moustache, une cravate abandonnée un soir, du temps ou le bonheur semblait si simple.

Ma main trouve une paire de boutons de manchette qui vous appartiens, et j'hésite. Ils sont beaux, je pourrais les porter et vous garder ainsi avec moi, mais cela me semble trop précieux pour être volé sans scrupules. J'ouvre un tiroir, et découvre des mouchoirs brodés de vos initiales. Ils ont votre odeur, et je respire à fond pour que mes narines s'en imprègnent. Je les laisses, car l'odeur finira par disparaître, et cela me causera un nouveau chagrin.

Mon regard se pose sur votre violon. Il est simplement posé sur un fauteuil, comme s'il avait été abandonné à la hâte, comme si vous alliez apparaître dans quelques instant et le saisir pour me jouer un lieder, tel que je les aime.

Mais comme vous ne viendrez pas, je me permet de le prendre en main. Le bois a le grain le plus fin, et je pose mes doigts ou se tenaient les vôtres autrefois. C'est intime, comme la réminiscence de nos doigts qui s'entrelacent.

Je ne suis pas musicien, mais l'instrument est assez bon pour me laisser tirer quelques notes. J'entends au loin votre voix, mais je n'en distingue pas les mots.

Peut-être que des larmes coulent sur mon visage. Une fenêtre doit être ouverte quelque part, car le vent vient sécher mes joues humides. Vous me reprocheriez mon romantisme si je disais que c'est votre souffle qui les a effacées.

Revenez, Holmes. Ne me laissez pas seul au pays des vivants.

🎻

[note de l'auteure] comme je le disais en avant-propos, ce très court texte est inspiré par la série soviétique. Il y a une scène vraiment intense ou Watson revient à Baker Street après les chutes de Reinchenbach, et cela s'attarde énormément sur son chagrin.

Si le hiatus n'avait pas été aussi court dans cette série (Holmes ne disparait que pendant quelques mois!), ce Watson-là aurait véritablement sombré dans le désespoir.

Il y a peu j'ai fait un dessin dans lequel je voulais représenter un Watson *vraiment* triste et avant que je m'en rende compte, c'est l'allure Vitaly Solomin (le Watson russe) qui s'est imposé. Le voila.

Nous avons lancé un discord dédié à Sherlock Holmes (toutes adaptations, pas orienté uniquement BBC), n'hésitez pas à me MP pour un lien!

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Recueil d'OS Sherlock HolmesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant