Chapitre 36

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La nuit était tombée depuis bien longtemps maintenant. Johnny regardait par la fenêtre, la lune brillait dans le ciel, sans que le blond ne puisse la trouver belle. Il était bien trop perdu dans son monde, dans ses sentiments.

Sa vie était redevenue normale, comme avant. Avant qu'il ne devienne allié avec le 127 squad. Avant qu'il ne rencontre Ten.

Ten.

Il n'avait plus eu de nouvelles de lui depuis ce fameux soir où Taeyong l'avait déposé chez lui. Le Thaillandais était mourant et Johnny avait fait son possible pour le soigner. Il avait essayé de lui soutirer des informations, de savoir pourquoi Doyoung lui avait tiré une balle dans la jambe. Mais Ten n'avait rien dit, se contentant de retenir des grognements de douleurs. Alors Johnny avait usé des sentiments évident de Ten à son égard pour savoir. Et Ten avait parlé. Il lui avait dit qu'il avait voulu et failli tuer Taeil, pour ne plus avoir de concurrence, pour ne plus voir la douleur dans son regard. Johnny avait été furieux d'apprendre cela, mais il n'avait rien dit. Parce que bien que sa colère soit tourné vers Ten, pour avoir presque tué la personne qui avait partagé sa vie un temps, il était surtout en colère contre lui pour avoir risqué sa vie, inutilement. Puis Ten lui avait raconté que doyoung était intervenu pour sauver Taeil, Johnny ne lui avait pas demandé pourquoi. Il avait compris. Doyoung était le chanceux, le fameux garçon qui avait su trouver sa place dans le cœur de Taeil. Pourtant, Johnny n'avait pas aussi mal qu'il ne l'aurait cru. Il aurait dû envier Doyoung d'être aimé d'une personne aussi pure que Taeil. Car même si Johnny se doutait que Taeil ne tolérerait pas les activités de Doyoung, il savait aussi que lorsque Taeil aimait, il ne faisait pas semblant. Malgré tout l'amour qu'il avait eu pour Taeil, Johnny n'était pas jaloux.

Son regard s'était posé sur Ten.

Sur Ten qui, malgré ses airs de charmeur, n'attendait que de trouver l'amour, le vrai.

Ten qui, derrière sa folie et sa cruauté, était prêt à tout pour sauver les siens, ceux qui comptaient pour lui.

Ten qui, bien que rejeté plus d'une fois, était toujours accroché à lui, l'aimant sans rien attendre en retour.

Johnny avait bien plus de chance que Doyoung, parce que même s'il ne doutait pas de l'amour que Taeil lui portait, le rouge était trop droit dans ses bottes pour supporter ou tolérer ses choix de vie. Alors que Ten s'en fichait. Ten l'aimait lui, pour ce qu'il était, peu importe ce qu'il faisait, peu importe ce qu'il disait, Ten l'aimait.

Johnny se sentait indigne de cet amour. Cet amour que certains qualifieraient de folie, que d'autres considérait comme toxique, mais qui restait de l'amour malgré tout. Et Johnny le trouvait beau, cet amour. Il le trouvait pur, bien plus pur que lui, bien plus pur que Ten.

La société lui aurait dit de se protéger de Ten et de son amour destructeur, de son amour qui avait presque coûté la vie à un homme. Elle lui aurait dit de fuir avant que ce ne soit trop tard, de ne jamais céder, de ne jamais tomber dans les filets de ce monstre. Mais Johnny savait. Il savait que celui à protéger, ce n'était pas lui, mais Ten. Ten qui n'était qu'un petit garçon traumatisé, Ten qui était devenu un adulte en manque d'amour, Ten qui vivait passionnément, Ten qui avait besoin de solidité, Ten qui se cachait derrière une carapace pour cacher la fragilité que personne n'avait su voir, qui personne n'avait su réparer.

Et Johnny avait peur.

Pas de Ten.

Non.

Il savait que Ten ne lui ferait jamais aucun mal.

Mais il n'était pas sûr de pouvoir en dire autant.

Il n'était pas sûr de ne pas blesser Ten.

Alors il le regardait, sans rien dire, sans s'énerver contre lui, malgré toute la colère et la peur qu'il avait ressenti en entendant le récit du plus jeune. Il le regardait et pour la première fois, il le voyait vraiment. Il le voyait tel qu'il était.

Et pour la première fois, Ten se sentait vivant. Il se sentait réel. Il se sentait lui-même.

Jamais personne ne l'avait regardé comme ça, comme s'il avait de l'importance.

Sa mère l'avait regardé avait du dégoût, de la rage, comme s'il n'était qu'un parasite.

Ses parents adoptifs l'avaient regardé les yeux pleins d'espoir, l'espoir d'enfin pouvoir fonder une famille, comme une chance.

Les gamins de son école l'avaient regardé, les yeux pleins de questions, comme s'il était un extraterrestre, une bête de foire.

Le psy qui ne voyait en lui qu'un patient, qu'un malade, qu'un fou à soigner.

Les adolescents du lycée, en admiration devant son physique, voulant tous côtoyer le beau thaïlandais.

Puis il avait rencontré Taeyong, qui lui avait permis de se découvrir, de s'aimer tel qu'il était. De reprendre goût à la vie, de trouver une famille.

Mais celui qui l'avait fait revivre, c'était Johnny. C'était lui qui l'avait fait aimer.

Rien que pour ça, Ten était reconnaissant. Mais il avait aussi peur. Il ne l'avouerait jamais, mais il avait terriblement peur que Johnny l'abandonne, comme sa mère, comme le psy, comme tout le monde avant lui. Il avait peur de tout faire foirer une énième fois, il avait peur de blesser Johnny, d'être la cause de son malheur.

Alors Ten prit une décision. Probablement la décision la plus dure de sa vie. Mais il le fallait, il le savait.

Alors sans dire un mot, sous le regard de Johnny, Ten s'était levé, l'avait embrassé, une fois, une unique fois, lui transmettant tout l'amour qu'il avait toujours voulu lui donner, puis il était parti.

Il avait renoncé à Johnny.

Et à présent, Johnny se rendait compte d'à quel point il le regrettait.

Il avait perdu la seule personne l'aimant réellement, pour ce qu'il était.

Et qu'il aimait aussi.

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C'est le premier chapitre que j'écris depuis un petit moment, j'espère que j'ai réussi à faire passer toutes les émotions que je voulais. J'avoue que le personnage de Ten est vraiment l'un de mes préférés. Vos avis ? :)

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