Chapitre 18

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Il sortait de la douche, une simple serviette couvrant ses hanches. Il se regarda dans le miroir, un sourire appréciateur aux lèvres. Il avait tout pour plaire. Surtout à sa cible. Il était son type, il le savait. Pourtant, il se faisait systématiquement rejeter.

Son égo lui hurlait de laisser tomber, de choisir une autre personne à draguer. Mais non, il ne pouvait pas. Il avait une obsession pour le barman. Il n'était pourtant pas si beau que ça. Mais le thaïlandais voyait en lui un réel potentiel. Et puis, il avait trop de fierté pour accepter cet échec. Il ferait tomber le blond pour lui.

Il enfila des vêtements mettant en valeur sa silhouette et se maquilla légèrement. Il avait décidé que ce soir, ce serait le moment où il ferait tomber Johnny tout droit dans son lit. Mais il ne voulait pas simplement coucher avec lui, il voulait qu'il soit sien.

Il avait toujours fait ça, il choisissait une cible, la draguait, la faisait succomber à ses charmes, en profitait, se rendait indispensable, puis se lassait et passait à autre chose. Mais Johnny avait quelque chose de différent. Il était le seul à ne pas céder à ses charmes. Mais ce soir, tout serait différent, il se l'était promis.

Ce qui plaisait le plus au thaïlandais chez Johnny, c'était le fait qu'il sache pour le 127 squad. Il pouvait être égal à lui-même, sans devoir se cacher derrière des excuses. Pas qu'il ne sache pas mentir, loin de là, mais il devait déjà passer une trop longue partie de ses journées à faire attention à la moindre parole qu'il prononçait, pour ne pas risquer de révéler une information compromettante, alors il aimait pouvoir être totalement naturel quand il était avec le plus vieux.

Johnny avait découvert le gang par hasard. Il y avait de cela un an, il avait décidé d'ouvrir un café et avait donc dû choisir un bâtiment pour l'installer, mais le bâtiment qu'il avait choisi était très vieux et délabré. Il ignorait, à l'époque, que ce qui deviendrait son café servait de repère aux membres du 127 squad. Quelle ne fut pas sa surprise de trouver un jeune thaïlandais, allongé sur le bois vieillis qui servait de parquet, entre poussière et décombre, se vidant de son sang. Il avait soigné ce magnifique jeune homme du mieux qu'il avait pu, mais celui-ci, à peine fut-il réveillé, envoya son poing tout droit dans le faciès de l'américain. Johnny avait alors le nez en sang, le blessé en profita pour partir précipitamment. Il était revenu le lendemain, accompagné de son Boss et ils avaient attaqué le pauvre américain, lui demandant d'où il venait, de quel gang il venait et pourquoi il se trouvait ici. Sans paniquer, Johnny leur avait répondu qu'il était barman et qu'il comptait bien ouvrir son café dans ce lieu. Ce fut à cet instant que le thailandais l'avait choisi pour cible. Voir les yeux du blond pleins d'étoiles l'avait séduit. Mais à l'époque, il couchait avec Taeyong, qui n'avait jamais pu se remettre de sa rupture avec son ex, un an auparavant. Le brun ne savait rien de ce fameux ex. Il était le meilleur ami de Taeyong depuis des années, mais le plus vieux avait gardé le secret sur cette relation, sans jamais dire à son ami pourquoi. Le thaïlandais s'était posé beaucoup de questions, mais lorsque Taeyong était arrivé chez lui, en larmes, brisé par le chagrin, il avait simplement joué son rôle de meilleur ami et l'avait réconforté, à sa manière. Mais le soir de leur rencontre avec Johnny, le jeune homme avait arrêté cette relation avec Taeyong, qui avait compris et lui avait souhaité bonne chance. Mais il n'avait pas besoin de chance, il avait besoin de sex appeal et il en avait. Depuis ce jour-là, Johnny était leur associé et Ten essayait de le séduire.

Il entra dans le bar, un sourire vainqueur aux lèvres et s'assit au comptoir. Johnny arriva et lui rendit son sourire.

-Bonsoir Ten, je vois que tu t'es mit sur ton trente et un.

Ten lui accentua son sourire, dévoilant ses dents blanches.

-Je vois que ça te plaît.

-Tu es un homme très charmant et tu le sais.

Ten eut une moue ennuyée sur le visage.

-Alors pourquoi continues-tu à me résister ?

Johnny rit sous le regard appréciateur du plus jeune.

-Je te l'ai déjà dit, Ten, tu es quelqu'un de bien, tu pourrais trouver une personne adaptée pour toi en peu de temps. Moi je n'arrive pas a oublier mon ex...

Ten leva les yeux au ciel, il était bien mieux que ce petit flic niais et stupide.

-Tu y perds, Johnny, je suis mille fois plus intéressant que ce flic.

Johnny fronça les sourcils.

-Comment tu sais que c'est un flic ?

Ten fit un petit sourire en coin.

-Je sais tout, tu le sais bien.

Johnny soupira, amusé. Il oubliait souvent que Ten était un gamin spécial. Il pouvait être très gentil comme vraiment cruel. Il avait ce côté enfantin lorsqu'il riait sincèrement qui plaisait à Johnny. Il aurait été homme heureux de céder à ses avances, mais il ne voulait pas faire souffrir le thaïlandais. Contrairement à ce que Ten aimait faire croire, il n'était pas un être sans cœur et sans morale. Il avait simplement un traumatisme lié à son enfance. Lors de longues soirées où Ten avait aidé Johnny a retaper le bâtiment pour en faire ce magnifique café, Ten avait raconté à Johnny que lorsqu'il avait dix ans et qu'il vivait encore en Thaïlande, sa mère l'avait abandonné dans un parc d'attraction parce qu'il coûtait trop cher à entretenir, selon les propres propos de sa génitrice. Mais le petit Ten était très débrouillard malgré son jeune âge et il était rentré à pied chez lui. Il avait mis deux heures, mais était finalement arrivé chez lui, le sourire aux lèvres, face à la mine horrifiée de sa mère, qui l'avait laissé dehors, espérant qu'il parte. Pendant plusieurs jours, il avait dormi dans la niche du chien, avait bu à la gamelle et avait mangé de la terre. Les services sociaux l'avait trouvé là, allongé par terre, grelottant de froid et l'avait envoyé dans un orphelinat où il passa deux ans avant qu'un jeune couple étranger vienne l'adopter.

Ils avaient ramené Ten en Corée, espérant pouvoir cicatriser les plaies de l'enfant, mais c'était déjà trop tard. Ten avait un manque affectif à combler et il essayait tant bien que mal. Il ne lâchait pas sa mère adoptive d'une semelle, refusant de parler à quelqu'un d'autre ou de se séparer d'elle. Lorsqu'il allait au collège, il choisissait un enfant au hasard et le harcelait jusqu'à ce qu'il décide de devenir son ami. Mais il n'arrivait jamais à combler le trou béant qui entachait sa poitrine alors il changeait très vite d'amis, le faisant passer pour le gamin bizarre du quartier.

Ses parents adoptifs l'avaient envoyé voir un psy, qui avait permis à Ten de se comporter un peu plus normalement, mais le problème n'avait été réglé qu'en surface. Il se sentait toujours délaissé.

Les années ont passé, il était devenu un très beau jeune homme, intelligent, confiant. Son entrée au lycée lui avait permis de devenir le Ten qu'il était, arrogant, fier et surtout froid. Tout le monde voulait l'approcher, être amis avec le magnifique thaïlandais, mais Ten jouait avec chacun d'entre eux. jusqu'à ce qu'il rencontre Taeyong. Johnny ignorait comment ni pourquoi, mais Taeyong avait su se faire une place dans la vie de Ten et y rester.

C'était pour cette raison que Johnny ne voulait pas repousser définitivement le plus jeune. Parce qu'il n'était pas un séducteur, il était juste à la recherche de quelqu'un pouvant combler ses blessures.

-Johnny, je ne comprend pas pourquoi tu continues à me repousser alors que ton regard me cris de t'embrasser.

Johnny déglutit. Ten s'était rapproché bien trop près de lui, un sourire aux lèvres. Il posa sa main sur la sienne.

-Ten... Arrête...

Johnny s'éloigna de lui et soupira. Ils étaient seuls dans le café, Johnny devait fermer. Il sortit de derrière le comptoir et se rapprocha de Ten.

-Tu mérites quelqu'un qui n'a que toi en tête et je serai enchanté d'être cette personne, quand j'aurai réussi à faire disparaître Taeil de mon esprit.

Johnny déposa un chaste baiser sur le front du thailandais et disparut dans la réserve pour faire du rangement, sans voir passer dans les yeux de ten cet éclair de folie qui n'annonçait rien de bon. 

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Je suis fière de ce chapitre !

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