Chapitre 38 - Un dîner presque parfait

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-  Vous n'auriez jamais dû venir. En réalité, la seule personne légitime à cette table, mise à part William, c'est Bloom. Elle, elle a ses parents à côté mais vous, vous avez qui à venir voir ?

Leur attitude était détestable et je répondais à leur hauteur, ni plus ni moins.

- On est pas là pour te prendre la tête, Cassie, intervint Beatrix.

- On est juste venu voir comment tu allais, considérant ton passif, dit Musa.

- On devrait s'excuser pour prendre des nouvelles maintenant ? Etant donné que tu as trouvé un nouveau meilleur ami, nous, on compte pour du beurre ? ajouta Riven.

Sous la table, je serrais les poings, j'étais en colère contre eux depuis le jour où j'avais quitté Alféa pour rejoindre Lord Darkar et cette colère, elle refusait de partir, j'avais désespérément tenté de l'apaiser mais rien n'y faisait. William attrapa ma main, tentant tant bien que mal de me faire redescendre.

- Si je suis partie, c'est à cause de votre incapacité à tenir votre parole, dis-je sèchement. N'oubliez jamais ça.

Sky tapa son poing sur la table, il fulminait de colère, cela tombait bien, on était deux.

- Tu nous as forcé à promettre une chose dont nous n'étions même pas capable de réussir !

- Je pense qu'il faudrait mieux que.. commença Willi.

- Toi, la fermes, on t'a pas sonné, le coupa Riven.

- Tout le monde se calme !

Bloom s'était levée pour prendre parole, je fis de même, les garçons aussi ; les esprits étaient bien trop échauffés pour qu'on puisse dîner en paix. Au même moment, Farah arriva, gratin à la main, elle s'arrêta net, comprenant rapidement la situation catastrophique qu'elle avait créée en les invitant tous. La pièce était silencieuse, elle déposa le plateau chaud sur la table avant de se tourner vers moi, sa misérable fille qu'elle avait abandonnée par deux fois.

- Vous avez sûrement un tas de choses à vous dire mais ce n'est pas en vous battant que cela va arranger les choses.

Maman s'installa en bout de table, nous invitant à nous asseoir à notre tour.

- Je peux vous proposer un jeu, celui qui a quelque chose à dire, le dit calmement, sans hausser le ton. Le premier qui se met à crier, sort de table et va se coucher.

Elle nous regarda tous un à un, on était d'accord avec elle. Terra leva timidement la main, Farah lui donna la parole.

- Ta colère est justifiée Cassie, si on prend en compte l'équation globale. Mais malgré tout ce que tu as fais pour nous, on a fait de notre mieux pour t'aider, sincèrement.

Je levais les yeux au ciel, William tourna sa tête vers moi, il ne comprenait rien. Je lui envoya discrètement un sms, sous la table.

Je t'expliquerai plus tard.

Il hocha la tête, je reportai mon attention sur Terra, levant la main à mon tour pour prendre parole.

- Venir ici était une mauvaise idée. Vous le savez tous mais vous êtes tellement égoïstes que vous êtes là, à essayer perpétuellement que je vous pardonne mais ça n'arrivera pas. Si j'ai ignoré vos pokes, vos messages et tous vos tweets, c'est pour tourner la page mais vous me forcez à ne pas oublier ce que vous tous, y compris toi maman, m'avait forcé à subir.

Je me levais de table, je n'avais pas envie de continuer cette conversation, rester ici serait me souvenir du passé et c'était tout ce dont je ne voulais pas. Il me rappelait tous Lord Darkar, l'attaque, Rosalind et sa façon de travailler ignoble. Tout. Et je n'étais sûrement pas prête à ré-ouvrir mes cicatrices du passé.

- Cassiopée. S'il te plaît, reste.

- On ne va pas jouer à la famille parfaite ce soir, maman, profitez de votre soirée mais demain, vous êtes tous partis. Viens Will, on se tire d'ici, ça craint.

L'homme se levait, j'attrapais sa main et on sortit de la maison, une fois à l'extérieur, je pris une grande bouffée d'air frais. Ils avaient réussi à rendre ma maison, mon foyer anxiogène par leur présence.

- Wow. C'était quoi, ce bordel à l'intérieur, tu m'expliques ?

- Si je te le dis, tu ne me croirais pas.

- Si je crois en l'astrologie Cassie, je peux croire à tout.

Mon téléphone sonna, ma mère m'appelait, j'ignorais l'appel, préférant éteindre mon téléphone pour ne pas être dérangé.

- C'est compliqué, on est tous liés.

L'air frais du début de soirée me fit un bien fou ; la faible lumière des réverbères nous éclairaient, je m'arrêtai sous l'un d'entre eux, me tournant vers Will, c'est alors que je fis ce qui me semblait pour le moins judicieux, j'embrassai l'homme.

- Si jamais je dois repartir avec eux un jour, ne me laisse pas quitter San Francisco. Ce que je veux vraiment, c'est rester ici, avec toi.

Pour simple réponse, l'homme me rendit à son tour, ces simples baisers firent disparaître toute la toxicité du dîner. Pourquoi ma vie ne pouvait-elle pas être aussi simple qu'une brise d'été ? J'aurais aimé naître dans le premier monde, être aussi insouciante, les seules choses qui auraient pu me causer de l'anxiété dans ce monde, c'est les attentes des simples communs des mortels, pas celle des monstres cachés sous nos lits.

Eux, dans mon monde, existait bien, ils sévissaient dans l'indifférence générale, ils avaient sévis huit long mois avant qu'on ne vienne sauver l'enfant en détresse. Et ces pseudos-héros venaient se pointer à ma table, un soir d'été, comme si je n'avais pas eu assez de tracas pour les dix années à venir, non, ils venaient en rajouter une couche.

Le Destin de Cassie - Tome 1 - TERMINEEWhere stories live. Discover now