Indéchiffrable Cléandre

By Carazachiel

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"Quand secrets et curiosité rongent la passion" Nathéo craque complètement pour Sarah, une étudiante de sa pr... More

Preface
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Fan-Art de Cléandre by Cwildh
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36 1/2
Chapitre 36 2/2
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 77
Chapitre 78
Chapitre 79
Chapitre 80
Chapitre 81.1
Chapitre 81.2 / FIN
Remerciements
Nathéo et Cléandre
Date ❤
Du même auteur
Quelques news !
17 mai, IDAHO

Chapitre 33

319 60 14
By Carazachiel

Le silence de l'habitacle me pèse sur le cœur.  Depuis que Cléandre a démarré, seules quelques politesses ont été échangées. J'ai besoin de m'isoler, de fuir un peu, je ne supporterai jamais une heure entière comme ça ! Alors, dès que j'avise un panneau bleu qu'orne un P blanc, je prie Cléandre de se garer et prétexte une envie pressante. Mensonge, bien sûr, mais je n'ai rien trouvé d'autre pour le forcer à s'arrêter. 

Ma mère me comprend d'un regard, et, après m'avoir tendu les béquilles — elle les a gardés à l'arrière pour me libérer de l'espace à l'avant, même si les avoir entre Cléandre et moi ne m'aurait pas dérangé —, s'enfonce dans son siège, la tête néanmoins droite afin de ne pas se décoiffer. Sitôt dehors, je respire un peu mieux. Pendant quelques secondes, je reste immobile avant de claudiquer vers les toilettes publiques. L'endroit n'a rien d'engageant, mais je dois donner le change. 

Au moment où je jongle avec mes béquilles pour ouvrir la porte, une main se pose sur le battant et m'empêche de l'ouvrir.

– Tu n'as pas besoin d'aller jusque-là, ça pue la mort là-dedans.

Un frisson naît au creux de mon ventre, et la vague d'adrénaline provoquée par la voix basse me remonte dans la gorge pour y former une boule. Je déglutis. Cléandre. 

– Si tu ne veux pas que je me pisse dessus, bouge. Et je n'ai pas besoin d'aide, merci...

– Je me doute, sinon ta mère t'aurait accompagné. Pourquoi tu m'évites ?

– Je ne t'évite pas !

– Tu ne m'as pas embrassé quand je suis arrivé, tu fais tout pour ne pas croiser mon regard, tu ne parles pas. Et là, tu prétends avoir envie de pisser alors que c'est faux. 

Dents serrées, je me tourne face à lui. Sa perspicacité m'énerve.

– Puisque tu es si malin et que tu devines tout, tu devrais savoir pourquoi je t'évite, non ?

Sa main quitte la porte. Il l'essuie sur son jean avant de me caresser la joue du bout des doigts. Alors que nous sommes dans un endroit public. J'en oublierais presque les secrets qui l'entourent...

– Je ne suis pas devin, Nathéo, chuchote-t-il. Mon intuition me sert beaucoup avec toi, mais je ne suis pas devin. Je sens que tu m'évites, que quelque chose te contrarie, te fait peur même, mais je ne sais pas quoi.

– Mais comment tu sais ça ! C'est horripilant !

– C'est comme la chanson. Un truc de... famille. 

– Dont tu ne peux pas me parler.

– Dont je ne peux pas te parler.

La rage remplace l'énervement : je n'en peux plus de ses secrets !

– Ça va être comme ça toute la soirée ? Des mystères, des secrets, des non-dits ? Ta famille et toi allez nous donner l'impression de ne pas être à notre place ? 

Ses yeux me sondent, envahis par cette intense tristesse que je ne connais que trop et qui me culpabilise aussitôt. Pendant de longues secondes, il ne répond pas, puis ses doigts cueillent les miens, les caressent avec douceur. 

– Et si tu me disais ce qui te contrarie vraiment ? Qu'est-ce qu'il s'est passé à la soirée de Jared pour que tu sembles me... détester depuis ? 

Il est redoutable. 

– Tu crois que c'est le moment d'en parler ? On va pas se fâcher maintenant.

– Je suis sur le point de te présenter à toute ma famille, donc je pense que oui, c'est le moment d'en parler. 

Buté, je secoue la tête. C'est compter sans sa propre obstination. Il refuse de retourner vers la voiture et de repartir avant que nous n'ayons parlé. Il menace même de s'asseoir à même le dallage crasseux que des tâches suspectes colorent par endroit. Et malgré tout, il reste d'une prévenance touchante : lorsque le fond encore frais de l'air me fait frissonner, il me prend les béquilles des mains, ôte son pull et, tout en douceur, m'aide à le passer avant de me parer de la capuche avec tendresse. Je ne peux m'empêcher de renifler le tissu : il a son odeur. 

Je ne peux m'empêcher également de regarder à droite, puis à gauche, histoire de voir le monde comme lui.

– Alors c'est comme ça, la vue depuis la Capuche. 

– Une vue splendide... qui ne te tirera pas d'affaire. Qu'est-ce qui te tracasse ?

Mon cœur se serre. J'ignore ce qui m'effraie le plus. Découvrir si cette fille a menti en le qualifiant de meurtrier, ou découvrir la réaction de Cléandre lorsqu'il découvrira que Jared et moi enquêtons en secret sur son ex décédé. 

Lui patiente toujours. D'un coup d'œil, je constate que mes parents nous observent depuis la voiture. Ceux de mon amoureux ne tarderont pas à nous attendre également si je ne me décide pas très vite. Avec l'impression d'aller à l'échafaud, je finis par lui lâcher l'atroce vérité du bout des lèvres : Jared a invité la sœur de Kaname à son anniversaire.

Pendant quelques secondes, il ne réagit pas. Ne bouge pas. Ne parle pas. Comme si son corps s'était figé dans le temps. Puis il s'ébroue, se racle la gorge et me prie de répéter ; il n'est pas certain d'avoir bien compris ce que je lui disais. 

Mes yeux s'obstinent à suivre les bords irréguliers des dalles recouvertes de minuscules galets pendant que ma bouche, qui me semble soudain pâteuse, répète les mots maudits un peu plus fort. Je sens la tension l'envahir aussi subitement qu'un orage d'été éclate. Tout son corps n'est plus que crispation tandis qu'entre ses dents, il me demande si c'est une blague ou si je suis sérieux. Incapable de l'affronter, je me contente de hocher la tête. Et nous restons là, immobiles devant ces toilettes insalubres et odorantes. Un vent frais nous enveloppe par moment, je suis bien au chaud dans son pull, lui frémit à chaque bourrasque. 

Et le silence perdure. J'aimerais qu'il se passe quelque chose, que ces nuages amoncelés au-dessus de nos têtes explosent et nous déversent des litres d'eau sur le crâne, par exemple. Mais ça n'arrive que dans les films... j'ai beau espérer, il ne se passe rien. Pendant un instant, je m'imagine retourner à la voiture et faire comme si de rien n'était. Sauf que mes béquilles reposent contre la porte, derrière lui. Je n'ai qu'une issue pour décanter la situation : lui parler. 

– Dis quelque chose, c'est stressant, là !

– J'attends la suite.

– Pardon ?

– Tu fais la gueule, tu l'évoques. Je ne vais pas te supplier de m'expliquer le lien. Si tu ne veux pas parler, je ne te forcerai pas, mais...

– Tu viens de dire le contraire !

Un grognement lui échappe, puis il prend une profonde inspiration.

– Laisse-moi finir ma phrase. Je ne te forcerai pas, mais je ne te présenterai pas à mes parents. Et avant que tu ne te montes encore la tête, ce n'est pas du chantage, c'est de la logique. Je n'ai présenté personne à mes parents depuis... Kaname. 

– Attends, tes parents le connaissaient ?

– Évidemment. Je suis quasiment sûr de te l'avoir déjà dit. 

Maintenant qu'il me le fait remarquer, ça me rappelle quelque chose...

– Ils savent que je suis homosexuel, je n'avais aucune raison de ne pas leur présenter mon copain. 

Cette fois, je relève les yeux vers lui ; c'est bien la première fois qu'il me parle de sa sexualité dans un lieu public. Une pointe de tristesse m'enserre le cœur lorsque je constate que lui évite soigneusement de croiser mon regard, absorbé par le paysage sur notre gauche. Il n'y a pourtant rien d'autre que des rangées de voitures garées et quelques poids lourds. 

C'est le moment où jamais de poser la question qui me torture depuis l'anniversaire de Jared.

– Et ils savent comment Kaname est mort ?

Avec une lenteur insoutenable, il se tourne vers moi. Ses iris lavande s'embuent, ses joues s'affaissent. L'abattement le vieillit. 

– Oui.

– Et comment est-il mort ? Il était jeune, non ?

Son nez se fronce. Nerveux, il replace une mèche de cheveux derrière son oreille avant de me lancer d'une voix sèche que je ne le connais pas. 

– Il avait 20 ans. Pose ta vraie question.

Maintenant que je suis au pied du mur, j'hésite. Le Cléandre face à moi m'est inconnu. Froid, distant. Non, il ne m'est pas inconnu, il me fait au contraire penser à Capuche, ce garçon que je détestais, qui se cachait sous ses pulls, qui s'était retranché de tout. 

– C'est...

Et si mon comportement poussait mon amoureux à se renfermer davantage ?

– Je connais très bien Akane, c'était ma meilleure amie. Pendant des années, m'annonce-t-il en frissonnant.

Son visage pâlit, ou bien la nuit tombante lui donne-t-elle cette teinte blafarde ? Il frissonne aussi, de plus en plus souvent. Nous devons achever cette conversation au plus vite avant qu'il ne tombe malade. Malgré moi, je me blottis dans son pull ; paradoxalement, son odeur me rassure.

– Elle a dit que tu as tué Kaname. 

– Et tu l'as cru. C'est ça qui te bouffe, n'est-ce pas ? 

– Je sais pas si je la crois ! Tu veux pas me parler de ce mec, je peux juste m'imaginer les choses, c'est horrible !

– Tu aurais pu patienter, aussi, me répond-il du tac au tac. 

Au fond, la petite voix de ma sagesse me met en garde, cependant, je la muselle. Je ne devrais pas, je le sais, mais c'est plus fort que moi : la colère l'emporte sur la raison. 

– Je ne sais rien de toi, rien ! Tu pourrais tout aussi bien être un psychopathe qui cherche à me tuer ! L'autre pourrait être ta première victime, moi la suivante et...

Sa main claque contre la porte métallique. Celle-ci vibre tant qu'une de mes béquilles choie. 

– Et il faut que tu la fermes, maintenant.

Stupéfait, je reste muet pendant quelques secondes avant de reprendre mes esprits.

– Pardon ?

Cette fois, je trouve mon Cléandre méconnaissable tant la peine ravage son beau visage. 

– Il y a des limites à ce que je peux tolérer, même venant de toi, même en comprenant que mon silence te bouffe. Même en sachant que cette garce d'Akane t'a monté la tête. Elle fait pas la part des choses, elle me déteste et me tient pour responsable de la mort de son frère, mais toi...

– Elle dit pas que tu es responsable, elle dit que tu l'as tué ! Que tu es un meurtrier !

– Sauf que c'est là qu'est toute la nuance, Nathéo. 

Sa voix se brise.

– Je suis bien responsable de sa mort... mais je ne l'ai pas tué.

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