Quand les loups se mangent en...

By StephCMarkus

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1854 Les jumeaux Cassandre et Arcas sont des meneurs de loups. Une hérédité dont ils se seraient bien passé... More

Chapitre 1 - Cette nuit tout commence (Partie 1)
Chapitre 1 - Ce qui rôde (Partie 2)
Chapitre 2 - Retrouver ses racines
Chapitre 3 - Un soir de demi-brume à Londres
Chapitre 4 - La proposition
Chapitre 5 - Il y a toujours une commère
Chapitre 6 - Une ligne droite avant un premier regard
Chapitre 7 - Une nuit de noces...
Chapitre 8 - La femme qui tombe à pic
Chapitre 9 - L'Art du pistage
Chapitre 10 - Le château entre chiens et loups
Chapitre 11 - Une visite matinale
Chapitre 12 - Cauchemars et meneurs de loups
Chapitre 13 - Un mot de Crimée
Chapitre 14 - La famille Blake
Chapitre 15 - Départ pour la Crimée
Chapitre 16 - Un rollier parmi les pigeons
Chapitre 17 - Diana Cabell
Chapitre 18 - Le 18 Theobald's Road
Chapitre 19- La fortune de Mister Brogan
Chapitre 20 - L'atelier de Monsieur Claudet
Chapitre 21 - Le plan d'action
Chapitre 22 - Blake House
Chapitre 23 - Hécate
Chapitre 24 - Sortilège
Chapitre 25 - Le Grimoire des Blake
Chapitre 26 - La porte
Chapitre 27
Chapitre 28 - Le bureau de poste de Cattown
Chapitre 29 - Le Lien
Chapitre 30 - Vague d'évanouissement
Chapitre 31 - Va pour Hadès !
Chapitre 32 - À bord du HMS Menelas
Chapitre 33 - Le concours
Chapitre 34
Chapitre 35 - Aidan avait raison
Chapitre 36 - Chez Madame Bailey
Chapitre 37
Chapitre 38 - Le commissaire Hector Devereux
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41 - Ring
Chapitre 42
Chapitre 43 - Dans la grande galerie
Chapitre 44 - La fresque
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47 - Que de soucis pour une camériste !
Chapitre 48 - Ouroboros
Chapitre 49 - Une lettre d'Arcas
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52 (Partie 1) - Les fâcheux
Chapitre 52 (Partie 2)
Chapitre 52 (Partie 3)
Chapitre 53 (Partie 1) - Garden Party
Chapitre 53 (Partie 2) Garden Party
Chapitre 54 (Partie 1)
Chapitre 54 (Partie 2)
Chapitre 54 (Partie 3)
Chapitre 55 - Scutari
Chapitre 56 - la bataille de Balaklava (partie1)
Chapitre 56 -la bataille de Balaklava (partie 2)
Chapitre 56 -la bataille de Balaklava (partie 3)
Chapitre 56 - La bataille de Balaklava (partie 4)
Chapitre 57 - Une nuit à Scutari
Chapitre 58 - Émergence (partie 1)
Chapitre 58(partie 2)
Chapitre 58 (partie 3)
Chapitre 58 (Partie 4)
Chapitre 58 (Partie 5)
Chapitre 59 - Churbedley (Partie 1)
Chapitre 59 (Partie 2)
Chapitre 59 (Partie 3)
Chapitre 59 (Partie 4)
Chapitre 60 - To London
Chapitre 61 (Partie 1)
Chapitre 61 (Partie 2)
Chapitre 62
Chapitre 63 (Partie 1) Jour de perm en Crimée
Chapitre 63 (Partie 2)
Chapitre 64 (Partie 1) Constantinople
Chapitre 64 (Partie 2)
Chapitre 64 (Partie 3)
Chapitre 64 (Partie 4)
Chapitre 65
Chapitre 66 (partie 1) No man's Land
Chapitre 66 (Partie 2)
Chapitre 67 (Partie 1) Suivre une autre piste
Chapitre 67 (partie 2)
Chapitre 67 (Partie 3)
Chapitre 67 (partie 4)
Chapitre 68 (Partie 1)
Chapitre 68 (partie 2)
Chapitre 68 (partie 3)
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71 - Sur le départ
Chapitre 72 - L'hiver en Crimée (Partie 1)
Chapitre 72 (Partie 2)
Chapitre 73 - Constantinople
Chapitre 74 (Partie 1)
Chapitre 74 (Partie 2) Balaklava
Chapitre 74 (Partie 3) Diana et Arcas
Chapitre 75 (Partie 1)
Chapitre 75 (Partie 2)
Chapitre 75 (Partie 3)
Chapitre 75 (Partie 4)
Chapitre 75 (Partie 5)
Chapitre 75 (Partie 6)
Chapitre 76 (Partie 1) - À bord de l'Insubmersible
Chapitre 76 (Partie 2) - Les résurrectionnistes d'Édimbourg
Chapitre 76 (Partie 3) - Vers Eyemouth
Chapitre 76 (Partie 4) - Aux origines des Shaw
Chapitre 76 (Partie 5) Gabriel
Chapitre 76 (Partie 6)
Chapitre 76 (Partie 7)
Chapitre 77 (Partie 1) Le club de boxe
Chapitre 77 (Partie 2)
Chapitre 78 (Partie 1) -Devereux
Chapitre 78 (partie 2)
Chapitre 78 (Partie 3)
Chapitre 78 (Partie 4)
Chapitre 78 (Partie 5)
Chapitre 78 (Partie 6)
Chapitre 78 (Partie 7)
Chapitre 78 (Partie 8)
Chapitre 78 (Partie 9)
Chapitre 78 (Partie 10)
Chapitre 78 (partie 11)
Chapitre 79 (Partie 1) - Crimée
Chapitre 79 (Partie 2)
Chapitre 79 (Partie 3 )
Chapitre 79 (Partie 4)
Chapitre 79 (partie 5)
Des Nouvelles
Chapitre 79 (Partie 6)
Chapitre 79 (Partie 7)
Chapitre 79 (partie 8)
Chapitre 79 (partie 9)
Chapitre 80 (Partie 1)
Chapitre 80 (Partie2)
Chapitre 80 (Partie 3)
Chapitre 80 (Partie 4)

Chapitre 77 (Partie 3)

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By StephCMarkus

– Enlevez votre chemise, lui ordonna-t-elle alors qu'elle cherchait un pot d'onguent dans sa coiffeuse.

Joshua la regarda, interdit.

– Allez, dépêchez-vous, j'ai des tas de choses à faire aujourd'hui.

– Je ne veux pas, se contenta-t-il de répondre.

Elle se tourna vers lui et lui vit cette expression butée qu'elle commençait à bien connaître.

– J'ai déjà aperçu votre dos. Et vous avez suffisamment râler ce jour-là pour ne pas l'avoir déjà oublié.

– C'était différent les rideaux étaient tirés, il faisait noir dans ma chambre.

– Vous êtes au courant que je vois mieux que la plupart des gens dans l'obscurité.

Elle le vit déglutir.

Il se mit à reculer jusqu'à ce qu'un mur l'empêchât d'aller plus loin. Il plaqua son dos contre les boiseries et s'y accrocha comme pour se retenir de sombrer dans un gouffre béant.

– Je ne suis pas prêt.

– Quand est-ce que vous le serez ? Lui demanda-t-elle très doucement.

– N'utilisez pas vôtre don sur moi à nouveau.

– Ce n'est pas ce que je suis en train de faire.

Elle posa simplement sur lui un regard si bienveillant et si lumineux qu'il en fut désarmé.

Elle était différente des autres.

Il devait cesser ces enfantillages. Il ne pouvait pas continuer ainsi, pas avec elle, ou il finirait par la perdre avant même qu'elle n'ait été à lui. Il abdiqua, les doigts gourds, il dénoua sa cravate et commença à déboutonner sa veste.

– Je vais avoir besoin d'aide pour la retirer, elle est très ajustée.

Effectivement le tissu était tendu sur ses épaules comme une seconde peau. C'était quasiment marqueur social, les meilleurs tailleurs, les plus chers, cousaient des vestes qui nécessitaient forcement l'emploi d'un valet.

Cassandre déboutonna ensuite son gilet, elle sentait ses muscles se contracter sous ses doigts. Quand il saisit son bras alors qu'elle écartait les pans de soie verte, elle vit dans ses yeux jaunes la peur irraisonnée contre laquelle il luttait. Il n'était plus tout à fait là, il était retourné dans les caves humides de Churbedley. Il serrait sa main gauche à lui faire mal, son alliance mordait la chair de son annulaire tordu. Il lui vint une idée.

– Joshua, nous avons tous nos vieilles blessures, souffla-t-elle.

Il se pencha vers elle, la dominant de toute sa taille, elle sentait la chaleur qui se dégageait de son corps, mais il paraissait si loin.

– Si vous me laissez passer cette crème sur votre dos, je vous raconterai comment je me suis cassée les doigts. Est-ce que cela vous intéresse ?

Il semblait reprendre pied avec son époque et en silence hocha la tête. Il laissa tomber son gilet au sol et fit passer sa chemise au-dessus de sa tête. Cassandre inspira une longue goulée d'air chargée de son odeur. Du bois de cèdre, du vétiver et un parfum bien à lui légèrement épicé.

À la lumière crue de cet après-midi déclinant, son torse ressemblait à du bronze poli. Elle ne put retenir un petit grognement, qui n'avait rien de féminin.

La main sur son ventre plat, elle l'incita tranquillement à s'asseoir sur le tapis devant la cheminée où le feu avait été entretenu et tenait éloigné le froid de l'hiver, Cassandre aurait voulu qu'il réussisse aussi bien à tenir distance les mauvais souvenirs, mais seuls des enfants seraient assez naïfs pour y croire.

Enfin il lui montra son dos. Effectivement, ce n'était pas très beau à voir, si la plupart des cicatrices offraient aujourd'hui le spectacle d'une toile d'araignée blanchâtre sur sa peau cuivrée, d'autres formaient d'épaisses boursouflures et certaines ressemblaient toujours à des entailles à vif. Cassandre en suivit une du doigt, profonde de presque deux centimètres, sous l'omoplate gauche. La plaie avait dû aller jusqu'à l'os lorsqu'il était enfant. Il frémit.

– C'est toujours sensible, c'est comme recevoir une décharge électrique, murmura-t-il.

– Ce n'est guère étonnant, les nerfs ont dû être sectionnés à cet endroit.

Par-dessus de son épaule, il l'examinait. À quoi s'attendait-il ? À du dégoût sans doute. Tout ce qu'il voyait, c'était de la curiosité. Avec de plus en plus d'assurance, elle laissa glisser ses paumes sur sa peau. Il vit même ses joues rosir joliment. Quelle étrange créature avait-il épousée ? Avec un soupir de regret, elle finit par prendre le pot de crème.

– Ce Mike ne vous a pas raté. Vous êtes déjà violet.

Elle appliqua la pommade et se mit doucement à le masser, d'abord l'hématome puis tout son dos, pour dénouer des tensions qui étaient là depuis si longtemps qu'il n'en avait même plus conscience. Ce n'était pas désagréable. La peau de sa femme était douce et tendre, mais il sentait sa force. Elle ne le massait pas avec des mains de demoiselles ne faisant rien dans la vie de plus sauvage que des travaux d'aiguilles. Il aurait presque été tenté de s'endormir, mais ils avaient passé un accord. Quand il lui demanda de lui raconter l'histoire de ses doigts cassés, elle suspendit son geste un instant. Elle soupira. Quand il se demanda s'il devait insister, elle commença.

– Lorsque mon arrière-grand-père était en vie, la forêt autour d'Arlon était toute à nous. Personne n'y mettait jamais les pieds. Les rares visiteurs qui se rendaient chez nous, restaient prudemment sur la route et ne prenaient jamais le risque de s'en écarter. Mon frère et moi pouvions jouer sans réel danger. Enfin nous aurions pu nous rompre le cou en tombant d'une falaise je suppose, mais les bois étaient la continuation de notre maison. Quand Horos est mort, les choses ont commencé à changer, ses énormes chiens ne parcouraient plus nos terres et certains téméraires y virent comme une autorisation tacite de s'approcher petit à petit du château, pour ramasser des champignons, pour braconner ou juste pour prouver qu'ils étaient capables de défier leurs peurs. C'était très anecdotique, sans importance, cela n'inquiétait personne. Arcas et moi n'y prêtions pas grande attention et mon père s'en moquait. Il était souvent à Paris à cette époque si je me souviens bien, en tout cas, c'est là qu'il se trouvait quand mon frère, à douze ans, a dû rejoindre son école militaire. Moi, je restais dans le Lot, seule avec ma mère qui voulait absolument faire de moi une bonne petite jeune fille qui deviendrait une bonne petite épouse pour son bon petit mari anglais. Elle sentit ses épaules ressautées de rire. Pour le punir elle appuya sur son hématome.

– Ce n'est pas ce que font les bonnes petites épouses ! S'amusa-t-il, mais l'expression triste du visage de sa femme lui fit reprendre son sérieux. Continuez ma douce, l'exhorta-t-il.

– Eh bien, dès que j'en avais l'occasion et que j'en avais assez du point de croix ou de marcher avec un dictionnaire sur la tête, j'en profitais pour m'enfuir seule dans la forêt. Je m'y sentais plus à ma place peut-être. Je prenais un livre, une pomme et j'y passais la journée au grand désespoir de ma mère bien sûr. Un jour, j'ai été surprise de tomber sur Michel Desnos, le fils d'un des plus gros propriétaires de Puisac. Il avait dix-huit ans et mon frère et moi ne l'aimions pas beaucoup. C'était une petite brute, le genre de sale morveux qui martyrisait les faibles, les chiens errants. Il s'amusait à couper les ailes des oiseaux.

– Je vois le genre.

– Quand je l'ai rencontré là, je lui ai demandé ce qu'il fabriquait sur nos terres. Il m'a répondu qu'il s'y promenait. Je lui ai dit qu'il n'avait rien à y faire et qu'il ferait mieux de rentrer chez lui. Ça l'a beaucoup fait rire, c'était un garçon très souriant. Il m'a dit que cela lui ferait mal de se laisser dicter sa conduite par une petite merdeuse comme moi, et... et ensuite son attitude à changer. Il m'a affirmé que j'étais quand même devenue bien jolie, ces derniers temps...

Joshua sentit son cœur se serrer.

– ...que j'étais déjà une femme. Je ne comprenais pas pourquoi il me disait cela. J'étais très bête. Très protégée aussi. Je ne connaissais presque rien du monde en dehors d'Arlon mais j'ai fini par prendre peur. L'instinct de conservation sans doute. J'ai voulu m'éloigner mais il m'a attrapée et jetée au sol. Je me suis cognée la tête contre une pierre, j'étais sonnée mais j'ai quand même voulu prendre mon couteau qui était dans ma besace. Il a surpris mon geste et il a écrasé ma main avec son pied. J'ai eu si mal que j'ai failli m'évanouir. Il s'est laissé tomber sur moi et je n'arrivais plus à bouger. Il tentait de m'embrasser et a commencé à vouloir arracher mes vêtements, alors j'ai hurlé.

C'était mon premier hurlement de meneur.

Il m'a frappée pour que je me taise et il allait recommencer quand Artie est arrivée. Elle était toute petite, mais elle lui a sauté à la gorge. J'ai pu me libérer en profitant de la diversion. Je me suis relevée et j'ai frappé de toutes mes forces Desnos. À coups de talon, je lui ai brisé les dents et je l'ai poussé dans le ravin tout proche avant qu'il ne se relève.

Joshua, sans se retourner, attrapa sa main qui tremblait un peu et la posa sur son cœur. Cassandre, se sentit brusquement épuisée et se laissa aller à poser sa joue sur son épaule couturée, bercée par sa respiration lente et profonde.

– Quand je suis rentrée à la maison, ma mère m'a vue. Elle n'a pas voulu appeler le médecin parce qu'il aurait fallu donner des explications et dire que j'avais jeté cette ordure dans le vide. Sans soins adéquats mes doigts se sont ressoudés de travers. Tant de précautions pour pas grand-chose, car il s'est trouvé que je n'avais pas tué Desnos. Il est toujours en vie aujourd'hui, à s'employer à monter toute la région contre les Harispe.

– C'est bien. Je suis bien content qu'il soit encore vivant.

– Vous n'aimeriez pas être marié à une meurtrière ?

– Je vais pouvoir m'occuper de lui. On va voir ce qu'il vaut contre quelqu'un d'un peu plus grand qu'une petite fille.

Il la sentit sourire contre sa peau.

– Si j'avais été plus prudente...

– Je vous interdis de dire cela, et vous n'étiez pas bête, vous étiez une enfant. Comme moi quand ma mère m'a demandé de faire revenir ma sœur. Et vous m'avez dit que je n'étais pas responsable de ce qui s'est passé alors. Ma douce, dans votre cas vous l'étiez encore moins. Vous n'êtes coupable de rien. Et quand j'aurais envoyé ce Desnos en enfer, tout ira beaucoup mieux vous verrez.

– Cela me paraissait si insurmontable à l'époque, la peur, les cauchemars, ce sentiment de ne plus rien contrôler et il m'a dépossédé d'une partie... de mon chez moi. La forêt était un endroit sûr, après ça elle ne l'était plus. Le château était un endroit sûr, les Flambeaux sont arrivés et il ne l'a plus été non plus. J'ai presque peur de me sentir à l'abri à nouveau.

Il la sentit tourner son visage de droite à gauche, laissant distraitement ses lèvres frôler ses cicatrices.

Après un silence apaisé qui s'éternisa, il se tourna vers elle et posa un baiser tendre sur sa bouche, elle lui rendit, mais devint rapidement plus exigeante. Elle avait semble-t-il dans l'idée de reprendre leur intermède du début d'après-midi et cette fois sans témoin et il n'allait pas s'en plaindre.

Était-ce la pleine lune qui approchait ? Ou seulement la présence de Joshua qui la grisait ? Elle n'aurait su le dire. Oubliées toutes ses stratégies pour le punir de s'être comporter comme un imbécile durant des mois. Et anéanties au passage toutes ses ultimes inhibitions. Son sang bouillonnait dans ses veines, elle pouvait entendre les battements de son propre cœur battant follement dans sa poitrine. Tambourinant au même rythme que celui de Blake qu'elle sentait sous la paume de sa main, alors qu'elle s'abandonnait au plaisir de la caresse de sa langue qui douce et soyeuse menait la sienne dans un ballet dont elle ne voulait pas connaître la fin. Trop occupée à savourer cette valse, c'est à peine si elle se rendit compte qu'il l'allongeait sur le tapis.

Les lèvres de Joshua s'aventurèrent le long de sa gorge, goûtant sa peau parfumée. Mais bientôt, il se retrouva en face d'un obstacle.

Le si délicieusement révélateur chemisier de dentelle qu'il en était venu à adorer, était à présent en passe de devenir son ennemi mortel. Il aida la jeune femme à retirer sans trop de mal son boléro de velours tout en l'embrassant, mais ce corsage avait été conçu par de dangereux malades. Des dizaines de boutons de nacres minuscules l'empêchaient d'accéder au paradis. Tout ce qu'il allait réussir à faire, ce serait de déchirer le délicat ouvrage. Il avait devant lui la version moderne de la ceinture de chasteté. De fil en aiguille, cette pensée éveilla sa curiosité : quel genre de sous-vêtements portait-elle ? Il ne l'avait évidemment pas emmenée chez Madame Lorette et son temple de la lingerie fine, donc il pouvait craindre le pire. Alors qu'il mordillait le lobe de son oreille, il laissa une main vagabonde glisser le long de son corps. Malgré les épaisseurs de tissus et les baleines du corset, il la sentait merveilleusement avide de ses attentions puisqu'elle s'arc-boutait vers lui, ce qui lui échauffait le sang aussi sûrement qu'un verre de rhum. Il tenta de s'aventurer sous sa jupe, mais c'était comme tomber de Charybde en Scylla, car il dut lutter cette fois contre sa crinoline et un, deux, trois, non ! Quatre jupons !

La peste soit de la mode féminine ! Tout semblait avoir été conçu pour empêcher les étreintes subreptices.

En désespoir de cause, il finit par renverser l'ensemble vers le haut du corps de Cassandre qui se retrouva emprisonnée dans une cage de tissu et d'osier. Elle ressemblait à un parapluie retourné par une bourrasque. Elle tenta de s'en extraire. Alors qu'elle l'insultait copieusement. Il ne put s'empêcher de rire sous cape, ou plutôt sous jupe, mais il ne cessa pas pour autant ses investigations. Quand ses doigts frôlèrent le mollet de la jeune femme au-dessus de sa bottine, il la vit arrêter de se débattre un instant. Finalement, elle appuya carrément sur les cerceaux, l'un cassa. Il le vit voler comme un boomerang au travers de la pièce et manquer de peu de casser une vitre, ce qui cette fois déclencha chez lui un fou rire qui ne se calma que lorsqu'il croisât le regard furibond de sa femme qui déchira la ceinture et arracha les cordelettes qui maintenait l'engin de torture à sa taille.

– Cela vous amuse ? Lui demanda-t-elle.

Il pouffa une dernière fois ce qui fit tressauter ses boucles noires.

– Un peu, avoua-t-il. Mais voulez-vous que j'arrête de vous toucher ? Il avait stoppé sa main sous son genou.

Elle pencha la tête sur le côté et réfléchit trop longtemps pour qu'il se sente tout à fait serein.

– Continuez. Mais faites les choses sérieusement à partir de maintenant.

– À vos ordre mon général.

Ses lèvres s'ourlèrent d'un sourire plein de promesses.

Il s'empara de ce qui restait de la crinoline et la lança au loin avant de reprendre son exploration. Il était surpris de constater à quel point elle était musclée. Il n'avait jamais connu de femme ayant un physique pareil, mais pourquoi s'en étonner ? L'équitation, la marche, la course dans la forêt la nuit pour attraper un mystérieux espion. Il savoura le galbe et la fermeté de ses cuisses sous ses bas de soie jusqu'à rencontrer un nouvel obstacle.

– Hmm ! Vous vouliez que je sois sérieux, n'est-ce pas ? Alors je pense sérieusement vous interdire la dentelle.

Ce fut au tour de la jeune femme de rire tout en appuyant sur son amas de cotillons qui froufroutaient toujours avec une insolence coupable et en étirant son cou pour mieux voir ce qu'il faisait. Il la sentit tressaillir lorsqu'il s'attaqua au nœud de son caleçon aux multiples volants.

– Vous pourriez peut-être d'abord vous occuper de mes jupons ?

– Je ne pense pas. Je les trouve plutôt jolis, mais cette chose est affreuse, dit-il en faisant glisser le caleçon le long de ses jambes dévoilant un triangle de boucles dorées. Voilà qui est intéressant, siffla-t-il entre ses dents.

Elle essaya bien de se soustraire à sa vue mais des mètres de tissus l'entravaient.

– Mon général ? Tentez-vous de fuir le combat ? Quel manque de courage ! Joshua eut un petit claquement de langue désapprobateur avant de jeter la culotte bouffante dans la cheminée.

– Ne me faites pas croire que vous ne vous rendez pas compte que je suis dans une position absolument mortifiante. Je me sens ridicule ! Et je vous interdis de détruire mes affaires, je le trouvais mignon.

Elle se sentait si exposée ! Qu'était-elle censée faire ? Elle était bien tentée de ruer mais ce serait contre-productif, car une autre partie d'elle-même était curieuse de découvrir ce qui se passait ensuite et pourquoi on en faisait toute une histoire. Elle essaya d'au moins dégrafer sa jupe pour retrouver un peu de liberté de mouvement, mais elle eut beau se contorsionner, elle n'y arriva pas.

– J'aime bien voir vos jambes remuer comme ça. Vous savez que ça fait un moment que je les trouve fascinantes, feula le jeune homme. Depuis cette première nuit dans la bibliothèque de Churbedley. Vous portiez une chemise de nuit de lin si usée... que je pouvais deviner tout ce qu'elle aurait dû cacher.

Interdite, elle se figea comme une pauvre antilope ayant entendu un bruit inquiétant. Surtout ne pas bouger pensa-t-elle en croisant le regard de tigre affamé de Joshua qui se léchait déjà les babines. Visiblement il n'était plus d'humeur à rire mais prévoyait d'autres réjouissances.

– Vous êtes adorable, murmura-t-il en jouant avec les rubans de satin bleu de ses jarretières. Il empoigna ses jambes, savourant leur velouté au-dessus de ses bas de soie, lui arrachant des frissons incoercibles. Il la cajola, la rassura, lui susurrant à quel point il la trouvait désirable, embrassant la peau délicate. Tant et si bien qu'elle finit par oublier l'inconfort de sa position, les bottines, les jupons, le corset. Et quand il inséra une main ferme entre ses cuisses elle les écarta. Il posa les doigts sur son mont de Vénus, lui arrachant un hoquet. Puis il immisça son majeur entre les plis humides, effleurant son clitoris, sans lâcher son visage des yeux. Il voulait graver dans son esprit chaque instant, ses petits poings crispés sur les plis de ses jupes, ses lèvres entrouvertes encore gonflées et brillantes de ses baisers, ses joues rosies et ses yeux voilés de volupté tandis qu'il jouait impitoyablement et éveillait ses sens.

Elle gémit lorsqu'il introduisit le doigt en elle.

– Que dois-je faire ? Lui demanda-t-elle tandis qu'elle sentait son ventre se contracter.

– Ouvrez-vous pour moi ma douce, souffla-t-il en caressant les muscles intimes qui se serraient autour ses phalanges. Vous êtes si étroite ! S'inquiéta-t-il. Détendez-vous ! Laissez-vous juste aller au plaisir. Je suis là. Lui assura-t-il alors qu'il accentuait son rythme.

– Je m'en étais rendue compte. Merci.

– Impertinente créature. Ne vous ai-je pas dit de vous laisser aller ?

Elle grommela qu'elle l'y verrait bien...

Le reste de ses récriminations se perdirent dans un long gémissement.

Profitant de son trouble, il posa ses chevilles sur ses larges épaules et la maintint immobile tandis qu'il inclinait la tête vers son sexe. De ses pouces, il écarta ses replis comme si elle était un fruit mûr. Il y posa les lèvres pleines et fermes. De la pointe de la langue, il en suivit les méandres, dardant, suçant, léchant avec une sensualité que Cassandre n'aurait pas crue possible. Et toujours sans la quitter de son regard jaune hypnotique ce qu'elle trouvait tout à la fois gênant, troublant et inexplicablement excitant.

Tenant ses jupes d'une seule main, elle glissa l'autre dans les boucles folles de Joshua. Elles étaient soyeuses sous ses doigts et comme dotées d'une vie propre, elles s'enroulèrent, s'entortillèrent, et l'emprisonnèrent. Elle se cambra autant que son corset le lui permettait et l'attira aussi prêt qu'elle le pouvait. Et pour ne pas être privé de son contact enivrant, elle se mit à onduler sous sa bouche quand la langue de Blake se fit plus rapide. Suivant le même besoin primitif que sa femme, il agrippa ses fesses pour lui empêcher toute échappatoire alors qu'elle commençait à prendre peur du déferlement de sensations qui l'assaillait.

– C'est trop ! Se plaint-elle. Arrêtez ! Je vous en prie !

Implacable, il continuait. Il la devinait toute proche de la délivrance et il voulait la sentir contre sa bouche embrasser la petite mort. Elle accepta enfin de lâcher prise. Il la vit rejeter la tête en arrière dans un râle, secouée par des spasmes, cherchant de l'air tandis qu'il savourait son plaisir.

Une fois la dernière série de soubresauts passée. Ses muscles se relâchèrent, elle le libéra en laissant glisser ses cheveux entre ses doigts et elle s'alanguit lentement sur le tapis.

Joshua embrassa une dernière fois ses cuisses avant de se redresser. Il avait des airs de pacha satisfait à la lueur du feu.

– Vous avez aimé ?

Elle hocha la tête, elle n'avait pas encore la force de parler.

– Je suis désolé, mais votre pauvre chemisier ne va pas survivre à cette journée. Je vous veux nue, et clairement cette ravissante petite chose n'a pas été pensée pour les amants empressés. Je prévois d'arracher un à un vos vêtements et de vivre cloîtré ici avec vous les prochains jours dans le plus simple appareil.

– Oh ! Je me disais bien que ce n'était pas déjà fini.

Il prit sa main qu'il plaqua sur une érection qui en aurait effrayé plus d'une. Mais elle était sans doute trop innocente pour comprendre tout à fait la mesure de ce qui se passait, car ce contact provoqua chez elle d'abord un petit gloussement nerveux, puis des velléités d'exploratrice. Il se laissa faire, charmé de voir ses yeux s'arrondir de surprise quand elle sentit un soubresaut de son membre. Il remarqua alors un pli soucieux qui barra son front.

– Qu'y a-t-il Cassandre ?

– Ça me paraît plus grand que votre doigt.

– Je l'espère bien ! Mais je vous promets de...

Elle lui posa la main sur la bouche pour le faire taire.

Il vit son regard se perdre dans le vide.

– C'est John qui vient.

Effectivement on frappait à la porte de la chambre quelques secondes plus tard.

– Milord, Milady, vous avez un visiteur, annonça le majordome à travers la porte.

Joshua repoussa la main de Cassandre et lança :

– Dites que nous sommes absents.

– Mais il sait que vous êtes là.

– Eh bien dîtes lui d'aller se faire voir, rugit Joshua. Faites le travail pour lequel je vous paye grassement.

Il tenta d'allonger de nouveau Cassandre qui se tortillait pour échapper au cercle de ses bras.

– Pas suffisamment pour cela Milord. Il s'agit d'un commissaire de police.

– Lequel ? Couina Cassandre tout en donnant une tape sur la main de Blake qui tentait de l'introduire de nouveau sous ses jupes.

– Devereux, Milady.

Elle ne laissa pas à Joshua la possibilité de l'arrêter cette fois. Elle le repoussa avec force et il roula sur le tapis jusqu'à se cogner à la cheminée. Elle se releva d'un bond.

– John ? Reste-t-il une pièce présentable ?

– Je dirais que le petit salon pourpre a jusqu'à présent conservé ses fauteuils.

– Alors installez le là-bas et faites préparer du thé et une collation. J'arrive.

Elle récupéra les épingles à cheveux tombées au sol et remis de l'ordre dans sa coiffure. Elle tapota son visage encore moite avec la houppette de son petit pot de poudre de riz, puis arrangea sa jupe qui sans la crinoline manquait un peu de bouffant.

– Vous n'oubliez pas quelque chose ? La questionna alors Joshua qui toujours assis par terre et adossé à la cheminée affichait une mine renfrognée.

– C'est peut-être important ! Je pense qu'on peut attendre encore un peu. Notre nuit de noces est loin après tout, quelques heures n'y changeront rien.

– Je ne parlais pas de ça.

Il désigna d'un geste les restes calcinés de son caleçon qui finissait de se consumer dans les flammes.

– Qui saura ? Si vous ne dites rien, cela restera notre petit secret.

Elle s'approcha de lui, saisit son visage et lui donna un long baiser, avant de lui mordiller la lèvre inférieure.

– À plus tard Joshua.

– Lady Blake ! Quelle vilaine fille vous faites !

Elle lui fit un dernier clin d'œil avant de sortir.

Hadès glissa la tête à l'intérieur de la chambre et quand il vit le géant au sol, il jeta ses cent-quatre-vingts livres sur lui.

Cet humain voulait jouer c'est sûr ! Sinon pourquoi serait-il par terre ?

– Ta maîtresse va me rendre fou, sac à puce ! Déclara lord Blake en flattant sa grosse tête hirsute. Mais je crois bien que j'aime ça.


***

Salut les petits loups !!!

Et voilà un long chapitre et je suis plutôt fière de moi parce que vous ne pouvez pas savoir à quel point ce fut la galère pour moi cette semaine (Grève des transport en région parisienne oblige). 

Mais je peux compter sur mon petit couple pour me changer les idées. 

Cassandre et Joshua se livrent à quelques confidences et quelques coquineries 😉, mais il sera dit que leur mariage sera consommé si facilement n'est-ce pas ? Parce que je suis une sadique notoire. 

Bon ! Faites de belles lectures et à la semaine prochaine 😉

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