SOANE WILSON
Ma mère avait tenu à ce que je l'aide pour les préparatifs du diner de charité annuelle auquel nous participions depuis ma tendre enfance. J'étais chargée de finir de décorer la salle avec quelques employés mais j'étais constamment accrochée à mon téléphone, occupée à envoyer ses sms à celle qui décidait chaque jour un peu plus de se livrer à moi. Ysia. Depuis notre nuit qui, je pensais, n'aurait pas été assumée par celle-ci le lendemain, elle m'avait surprit en se montrant plus entreprenante. Plus attachée, aussi. Comme si elle avait eu besoin de ce pas pour ne plus avoir à se cacher derrière ses réponses à côté de la plaque.
J'avais hâte de la retrouver, de sentir ses mains presser mon corps contre le sien. J'avais vaguement parler à Adriel de notre idylle naissant et il avait l'air plutôt heureux pour moi. La blonde, en revanche, n'appréciait guère le fait que je continue à lui parler. Je l'avais déjà surprise, au lycée, me fusiller du regard alors que je riais avec lui. J'en avais juste conclu qu'elle était jalouse.
Adriel était mon meilleur ami, et il était évident que je ne pouvais me baser sur les uniques dires d'Ysia pour me méfier de lui. J'avais une entière confiance. Il n'avait jamais eu un seul faux pas envers moi. La blonde finirait par l'accepter, j'en étais sûre...
YSIA SCOTT
Je débarquai seule à ce stupide diner de charité qui se trouvait au casino de la ville. Je gravissai les marches bétonées décorées d'une moquette rouge pour atteindre l'immense porte d'entrée grande ouverte. Je voyais l'un de deux gardes me dévisager. Je portais une robe noir moulante, avec un décoletté dans le dos qui s'arrêtait juste au dessus de mes fesses, une bande noire transparente au niveau de mes hanches et dont la longueur ne dépassait pas mes mi-cuisses. Je n'aimais pas franchement les robes, préférant dissimuler mon corps sous un sweat, et j'aimais ceci car c'était un point commun avec Soane.
" Si Mademoiselle veut bien se donner la peine, lança doucement une voix masculine que je connaissais. "
Mes hauts talons rouges venaient de finir de grimper ce maudit escalier quand Caleb, l'ami de la belle, me proposa d'emmêler mon bras au sien. Je lui souris et acceptai. Une mèche de sa chevelure mi-longue était posée sur son visage, le reste étant coiffé à peu près correctement. Il affichait un visage fier, le menton relevé, le bras tenant fermement le mien en dessous de ses pectoraux que je dessinai facilement sous son costard foncé.
" Tu as vu Soane? demandais-je, inquiète.
- Non, elle n'est pas encore arrivée. "
Je remarquai qu'une odeur de tabac franchissait ses lèvres au même débit que ses paroles. Sa voix était posée, et il avait cette petite manie d'y glisser une touche amusée. Je riai intérieurement en le comparant à Damon, dans Vampire Diaries : ils avaient ce timbre de voix commun, et le même regard plein d'assurance.
" On va rejoindre les autres, annonça t-il en me conduisant à l'intérieur du bâtiment. "
Le décor était somptueux : il y avait cette grande salle boisée, éclairée chaleureusement par des lustres luxueux, avec ce parquet ciré à la perfection. C'était bondé de monde. Le plafond était haut d'une dizaine de mètres et un énorme lustre se trouvait au milieu de celui-ci. Au fond de la pièce, il y avait un escalier qui se séparait en deux chemins au niveau du bas. Ces deux chemins se rejoignaient au premier étage et formaient un palier où beaucoup de couples étaient accoudées, le regard voguant dans tout l'endroit. Il y avait des petites portes espacées de cinq mètres chacune sur tout le côté droit du casino, et les toilettes se trouvaient à gauche. Il y avait une masse de tables incroyable, où certains sirotaient leurs boissons pétillantes. Je me sentai minuscule.
" Ah, te voilà enfin ! m'interpella Livia. "
La rousse m'arracha du bras du brun pour me conduire à notre table où Tate s'amusait à lancer des gateaux apéritifs sur l'un de leurs amis, je suppose. Je ne le connaissais pas. Il était blond et avait une carrure assez importante.
" Yeven, je te présente Ysia, salua la jeune fille.
- Salut, lançai-je accompagné d'un petit signe du main.
- Enchanté, répondit-il avec un large sourire.
- Tu le connais sûrement, rajouta Tate. C'est le capitaine de l'équipe de football du lycée.
- Oh, euh, oui, mentais-je. "
En réalité, je ne m'étais jamais vraiment intéressée aux activités du lycée. J'étais toujours la dernière arrivée et la première partie. Je laissai la meilleure amie de Soane faire la conversation avec le blond et prenais place à côté du châtain qui avait cessé d'embêter son ami. Il se tourna légèrement vers moi et versa un peu de champagne dans ma coupe.
" Adriel n'est pas là ? interrogeais-je.
- Non, il est avec Soane.
- Quoi? Mes yeux devenaient plus gros.
- Sa mère est très proche de lui, alors elle l'a imposé à sa fille, expliqua t-il.
- La pauvre, putain, plaignais-je. "
Caleb posa son derrière sur une chaise près de nous. Dans la salle, un brouaha régnait : on entendait des bouts de conversation, des hommes en plein débat, des femmes se vanter de leurs parures, des verres s'entrechoquer. Je ne pouvais m'empêcher de penser à Soane. Et à son accompagnant. Je n'étais pas vraiment rassurée de le savoir à ses côtés. C'est moi qui aurait dû être à sa place, d'alleurs.
" Mesdames et messieurs, cria une voix féminine dans un micro, il est l'heure d'accueillir les Fondateurs de cette ville ! "
Un tonnerre d'applaudissements se fit entendre et je levai la tête. Il y avait une blonde qui présentait les différents personnages importants de la ville. Je tournai les yeux et vis que le brun n'était plus là.
" [...] Et enfin, Madame Wilson et sa fille ! acclama la femme. "
Je me figeai. Elle était là. Elle empêchait la Terre de tourner. Elle bloquait le temps. Plus rien n'était autorisé. Pas un geste, non, pas un geste, elle était là. Sa longue chevelure lilas était ondulée avec soin et seules deux petites mèches entouraient son visage regroupant toutes les merveilles du monde. Ses longs cils noirs battaient lentement, cachant ses yeux d'un bleu uniforme. Ses lèvres contractaient un sourire magnifique, ses lippes étant ornées d'un rouge à lèvres prune mâte. Et son corps était devenu mon attraction préférée : elle portait une longue robe noire, entièrement dentelée, laissant apparaître pas mal de surface de peau, cachant uniquement ses seins et son intimité. Tous les regards étaient sur elle. Certains sifflaient. Qu'ils la ferment, bordel, personne n'a le droit de la siffler, on ne siffle pas une oeuvre pareil. Elle était majestueuse.
" [...] Nous vous souhaitons une agréable soirée. [...] "
Elle était accrochée au bras d'Adriel, lui même scotché à Madame Wilson. Sa main manucurée caressa la rambarde et mon coeur perdit le sens de la gravité. Ses longs doigts décorés d'un vernis pourpre glissaient le long du fer forgé tandis que ses talons noirs claquaient contre les marches en marbre. Elle était tellement... femme. Femme fatale. Femme fatalement mienne. Quelle fatalité.
" Ysia, viens ! me pressaLivia en tirant sur mon bras. Je n'avais même pas remarquer sa présence.
- Pourquoi?
- On doit te présenter à sa mère, justifia t-elle.
- Quoi?
- Oui, tu dois faire comme si tu ne connaissais pas encore Soane. Ca vous permettra de vous isoler un peu, et de gagner la confiance de sa mère. Sinon, ne pense même pas que tu pourras l'approcher. "
Mon coeur rata un battement. J'étais angoissée de parler à sa mère. Elle était grande, mince, son visage était marqué par le temps et entouré d'une chevelure brune épaisse. Nous approchions d'elle et toute mon assurance m'avait abandonné. Soane était juste à côté et saluait quelques personnes qui venaient l'embrasser. Elle était magnifique.
" Madame Wilson ! hurla la rousse joyeusement.
- Livia ! s'exclama la mère en la prenant dans ses bras. Comment vas-tu?
- Vous êtes très en beauté, complimenta t-elle.
- Oh ce n'est rien, regarde donc Soane, vanta t-elle.
- Oh oui, ria t-elle. Je vous présente mon amie, Ysia, elle est dans le même lycée.
- Bonsoir, balbutiais-je.
- Oh, eh bien tu dois connaitre ma fille alors, souria t-elle.
- O...Non, je n'ai pas eu ce plaisir, faussais-je sous le regard insistant de Livia.
- Tiens, en parlant du loup, plaisanta t-elle. "
Ma jolie se tenait désormais devant nous, les mains jointes devant son ventre, droite, rigide. Transformée. Mon souffle était coupé : elle était si belle, mon dieu, que le monde la jalousait.
" Soane, voici Ysia, elle est dans ton lycée, apparemment, présenta sa mère.
- Enchantée, manifestais-je en baisant sa main.
- De même, souria t-elle, amusée.
- Eh bien, cette soirée est-elle un succès? questionna la dame âgée.
- Oui Madame, d'ailleurs j'ai pensé que vous seriez ravie de prendre un verre avec moi et mes parents, ils sont juste là-bas, montra la rousse pour faire diversion.
- Tu-es-ma-gi-que, mimais-je sans un mot, en usant seulement de mes lèvres, ce qui la fit rire.
- Oh magnifique idée ! s'empressa de répondre Soane.
- Je ne sais pas, je ne veux pas laisser ma fille seule...
- Oh, ça ne prendra que quelques minutes, et elle en profitera pour faire connaissance avec Ysia ! supplia Livia. "
La mère de mon amie soupira mais finit par accepter l'invitation de la rousse qui nous lança un clin d'oeil. Je lui souriais et me retournai pour reporter mon attention vers ma princesse. Adriel venait de se coller à elle, prenant à coeur son rôle de major d'homme, ce qui sembla l'énerver.
" Tu peux y aller Adriel, crachais-je.
- Je préfère être ici, m'assurer que tout est bon.
- Nous allons seulement aux waters nous remaquiller, soufflais-je.
- Alors je vous attendrais à la porte de ceux-ci. "
Soane laissa échapper un petit rire et me frôla pour se rendre aux toilettes. Je la suivais de très près, hypnotisée par ses hanches qui se balançaient avec lenteur au gré de sa démarchée assurée. Elle poussa la porte grise des sanitaires et je dus me dépêcher pour rentrer avant que celle-ci ne se referme : les waters étaient équipés d'un système ne laissant entrer qu'une seule et unique personne à la fois. L'intérieur était spacieux, propre. Il avait un large lavabo blanc et un WC au fond de la pièce. Le reste était vide et carrelé.
" Alors, tu trouves de l'amusement à cette soirée bourgeoise? ria t-elle. "
Pressée, je connectai nos lèvres assoiffées. Je saisissais ces hanches et ma langue entamait une danse enflammée avec la sienne au rythme de la musique lente qui venait de la salle principale. Elle me décoiffait en entremêlant ses doigts dans mes boucles dorées, mais bordel, j'aimais ça. Je la poussai contre le mur. Elle dépassait d'un petit centimètre et elle adorait ça, je le voyais.
" Je trouve surtout du plaisir à te dévorer des yeux, susurrais-je à son lobe, la faisant frissonner.
- Oh, vraiment? Ma robe est à ton goût? gloussa t-elle.
- Sais-tu au moins qu'il s'agit d'une robe qui est faite pour être enlevée? mordillais-je son cou.
- Et comment? haleta t-elle en entourant ma nuque de ses bras.
- Peut-être de cette façon, assurais-je en dessinant ses courbes à travers sa robe. "