Il n'y avait pas à dire, lorsqu'il rougissait, Noah était adorable. Ce dernier se leva et sans que le noiraud n'ait pu s'y préparer, les mains du peintre se posèrent sur son corps. Ses mains étaient brulantes. Morgan en frissonna, ce qui ne passa pas au travers de l'oeil expert de Noah, qui eut l'air de s'amuser de cette réaction. Le tacheté tourna Morgan à moitié de profil vers lui, il lui fit plier sa jambe en arrière, puis tendre celle de devant. Il positionna les bras du free runner le long de son corps, puis remonta le trajet de sa musculature avec son doigt. Il arriva alors à la nuque, qu'il caressa également. Les deux jeunes hommes étaient extrêmement silencieux. A l'extérieur, on entendit une voiture passer devant la maison. Noah fit tourner la tête de Morgan vers lui, ses doigts fins touchant la mâchoire de l'athlète.
-Je pouvais le faire... murmura le noiraud en croisant le regard bleu du plus petit.
-Ça n'aurait pas était pareil, lui répondit-il.
Morgan ne sut dire si Noah parlait de la tension qui venait de se créer, ou de la pose qu'il venait d'adopter.
Noah avait continué de le croquer toute l'après-midi. Et le lendemain aussi. Emma était rentrée peu de temps avant que le jeune homme ne rentre chez lui. Ils avaient échangé quelques mots où le rouquin avait expliqué à la petite soeur de Morgan qu'il reviendrait surement durant toute la semaine. L'excuse que Morgan et Noah lui avaient sorti était qu'ils avaient un devoir commun à rendre à la rentrée, et qu'il était incroyablement long et fastidieux.
C'est ainsi que les deux jeunes hommes, le reste de la semaine, s'enfermèrent à double tour dans la chambre d'ami. Noah avait commencé sa peinture. Jusqu'à ce que le moment fatidique où Morgan devait enlever son boxer arrive.
-Tu veux que je me tourne ? Lui proposa le tacheté qui avait l'air intimidé.
-A quoi ça servirait ? Tu vas me voir nu pendant les heures qui suivent ! S'exclama Morgan qui était à la fois taquin et aussi gêné.
-Mais je ne verrais pas ta... ton... enfin tu seras de dos quoi !
-Sur la peinture oui... Ce qui ne veut pas dire que je ne vais pas bouger de temps en temps lorsque j'aurais une crampe.
Noah s'allongea sur le lit en grognant. Ses taches de rousseurs disparaissaient sous les couleurs rougeoyantes de ses joues. Il ne s'était pas encore attaché les cheveux, ce qui lui permettait de se cacher derrière ses mèches bouclées chatoyantes.
Morgan éclata de rire avant de se jeter sur le jeune roux. Son bras gauche claqua sur le torse de Noah, qui lui, était caché sous son épais sweat-shirt gris couvert de peinture. Surpris, Noah poussa un léger cri, avant d'éclater de rire à son tour.
-Tu sais, c'est pas incroyable non plus. Je crois pas que ma bite soit la première que t'aies vu.
-Mmh... geint le rouquin qui aurait voulu disparaître dans un trou de souris.
-Ça sera surement pas la dernière non plus.
-Mmmmmh... continua-t-il en se tournant de façon à se cacher du noiraud.
-Et puis on est entre nous ! S'exclama enfin le free runner en se redressant.
Noah se redressa à son tour, en soupirant.
-Ta soeur est dans sa chambre, ça t'embêterait de parler moins fort ?
-On est pas en train de coucher ensemble que je sa...
-Ta gueule ! S'écria le rouquin en gratifiant son hôte d'une tape sur l'épaule.
Morgan bascula en arrière et faillit tomber du lit. Un petit silence s'installa, où le noiraud faisait semblant d'être mort.
-Ok, c'est bon, finit par dire Noah qui avait enfin l'air résigné.
Toujours allongé, le sportif souleva son bassin. Il passa ses mains sur le côté de son sous vêtement, qu'il fit glisser sur ses jambes. Lentement. Très lentement. Trop lentement. Noah quant à lui, était partagé entre deux sentiments. Il voulait regarder, il pouvait regarder, il devait regarder - pour sa peinture du moins. Et en même temps, il ne voulait pas regarder. Par peur, sans doute. Mais peur de quoi ?
Le noiraud se releva. Il avait abandonné son dernier vêtement sur les draps. Noah attrapa son carnet à croquis. Ne s'étant jamais entrainé à l'avance, il commença à recopier les nouvelles formes et les nouveaux muscles qui se montraient à sa vue.
-Tu peux t'approcher, le tenta Morgan avec son sourire malicieux.
Noah eut envie de se jeter sur son visage et de lui arracher ses lèvres roses, qui dressaient un sourire malicieux.
-C'est ça, fais ton malin, grogna-t-il en se mordillant l'intérieur de la joue.
Le prenant au mot, Morgan remua ses fesses de manière très suggestive, avant d'éclater de rire. Il fut rapidement suivit du rouquin. Morgan avait su détendre l'atmosphère en une fraction de seconde. Il n'y avait plus aucune tension ni gêne dans la pièce, tout était redevenu normal. Comme si se retrouvait nu en face d'un autre homme avait toujours était naturel chez le free runner.
Au final, le rouquin se rapprocha, ses rougeurs commençant à disparaître. Il croqua les fesses nues qui se dessinaient devant lui. Les deux jeunes hommes discutaient joyeusement. Noah soupçonnait le noiraud de combler le silence gênant qui s'installerait entre eux, s'ils venaient à arrêter de parler.
Ce fut finalement au bout de plusieurs heures que Noah s'étira en grommelant, signifiant à Morgan que leur séance du jour prenait fin.
-Je vais y aller, dit alors Noah qui balança ses vêtements sur Morgan, rhabille-toi.
-Tu reviens demain ? Demanda le free runner qui se pencha sur les travaux de son peintre personnel.
-Je vais pas te laisser comme ça ! S'exclama Noah en pointant du doigt le début du tableau qui était pratiquement vierge.
Les deux jeunes hommes échangèrent un sourire, puis le rouquin s'en alla.
Et comme prévu, Noah revint tous les jours qui suivirent. Certaines fois, il dormait également chez Morgan. Il ne vint cependant pas, le jour où les parents de Morgan rentrèrent de leurs voyages. Le jeune homme avait averti Morgan qu'il voulait lui laisser un moment complice avec ses parents, ce qui avait déçu le noiraud. Pour une fois, il aurait préféré que ses parents rentrent plus tard. Juste pour profiter de Noah, un jour de plus.
Car le jeune homme roux avait prévenu son ami qu'il passerait le réveillon avec sa famille, chez ses grands-parents. Il ne serait donc pas de retour avant au moins le 26 décembre.
Ce n'est pas pour autant qu'ils arrêtèrent de se parler. Par ce qu'en plus de s'adresser à Noah sous couverture de l'inconnu, Noah avait contacté le sportif sur les réseaux sociaux. Les deux jeunes hommes passaient leur temps à se parler. Lorsque Morgan ne parlait pas à Noah, c'était l'inconnu qui le faisait. Ce qui faisait sourire le rouquin, qui s'était vite pris au jeu. Noah trouvait cela presque rafraichissant, de parler à Morgan au travers de "l'inconnu". Après tout, il n'avait toujours pas révélé au free runner qu'il connaissait sa supercherie.
L'inconnu n'avait plus téléphoné à sa proie. Par contre, Morgan et Noah avaient fait de nombreux appels vidéos sur Instagram.
-Tu veux quoi comme cadeau d'anniv' ? Lui demanda Noah lors d'un de leurs nombreux appels.
Morgan était né le 27 décembre, et il célébrait son anniversaire en organisant une soirée. Noah avait réussi à convaincre sa mère de rentrer avant elle de chez ses parents, pour pouvoir être là lors de la soirée du noiraud.
-Ta peinture ! S'exclama Morgan qui était en train d'essayer des vêtements pour sa soirée d'anniversaire.
-Tu sais très bien qu'elle n'est pas encore finie, répondit-il alors qu'il regardait le free runner défiler devant son écran, nan ce tee-shirt est dégueulasse.
-Je pensais pareil, conclut Morgan qui retira le haut puis le bas sans aucune gêne.
S'il en avait eu la nécessité, le noiraud aurait également retiré son boxer sans que ni l'un ni l'autre ne soit gêné. Ces derniers jours, pour pouvoir continuer la peinture - ou du moins les croquis- à distance, Morgan s'était mis à poser devant son téléphone. Et Noah ne ressentait plus aucun malaise lorsqu'il devait étudier le fessier de son ami pour le peindre.
Bien entendu, les premières fois qu'ils avaient essayé, les deux amis avaient fini dans un fou rire incontrôlable.
Morgan enfila un nouvel ensemble. Il s'agissait d'une chemise blanche toute simple que le noiraud avait fait rentrer dans un bas de smoking bleu nuit.
-Tu voudras dormir chez moi ? Lui proposa Morgan.
-Il y aura déjà les autres, non ?
Par les autres, Noah entendait Adam, Isak, Julian et Ulysse. Morgan secoua la tête négativement avant de dégrafer un bouton du haut de sa chemise. Le jeune roux se mordit la lèvre inférieur, heureux que Morgan ne puisse voir son visage à ce moment là. Ce n'est pas par ce qu'il n'était plus gêné de voir Morgan nu, qu'il ne ressentait plus rien à son égard. Au contraire, son estomac s'amusait à jouer à l'ascenseur dans sa cage thoracique lorsqu'il voyait le noiraud. Et le pire, c'était lorsqu'il venait à être si près l'un de l'autre qu'il pouvait sentir son odeur et son souffle. Lorsqu'il l'effleurait. Le touchait.
-Non, l'interrompit-il dans le fil de ses pensées, j'ai juste proposé à Adam. Je n'ai pas envie de me coltiner Ulysse et Julian la nuit. Isak, je ne sais pas...
-Et ta famille ?
-Comme d'hab, mes parents sont pas là. J'ai demandé à ma tante de garder Emma pour la soirée, car sa meilleure amie est partie au ski.
Noah réfléchit un instant. Passer la nuit chez Morgan serait surement plus pratique pour lui, ce qui lui permettrait de boire sans se soucier de comment rentrer chez lui.
-On dormirait ou ?
-Dans ma chambre, ou la chambre d'amis, tous les trois. Je m'installerais un lit de camp par terre.
-Quoi ? Tu ne vas pas dormir au sol pour ton anniversaire ! Je te laisse ma place, si tu préfères, lui proposa le tacheté.
-On verra, on verra. Du coup, ma tenue ?
Noah, qui avait posé son téléphone allongé sur son lit, de telle sorte à ce qu'on voit le plafond de la chambre, se redressa et laissa entrevoir ses cheveux, son front et ses yeux. Bien qu'il ait déjà pris le temps d'admirer le bel Apollon, il fit semblant de découvrir la tenue pour la première fois.
-Pour l'instant, c'est la meilleure.
Morgan lui décrocha un sourire malicieux, avant que Noah ne s'éloigne du téléphone, puis ne s'allonge en étoile de mer sur son lit.
-Je ne sais toujours pas quoi t'offrir pour ton anniversaire.
-T'auras qu'à me passer la peinture quand elle sera terminée. C'est pas grave si je l'ai en retard.
Bien que Morgan ne put le voir, Noah haussa les épaules. Il aurait bien voulu lui offrir quelque chose pour son anniversaire, en même temps que les autres. Rien que pour répondre lorsqu'on lui demanderait ce qu'il lui avait offert.
Il se voyait mal répondre "Oh, une peinture de Morgan nu. Et toi ?" Non. Il ne pouvait définitivement pas répondre ça !
-Ma soeur est rentrée, l'informa Morgan signalant à Noah qu'ils allaient raccrocher.
-Ok, à plus.
-Salut Freckles.
A l'entente du surnom, le rouquin frissonna. Parfois, Noah se demandait si Morgan n'était pas au courant. Peut-être que Morgan avait aussi compris... Après tout, il voulait bien passer pour quelqu'un de naïf : mais de là à ce que Morgan s'imagine qu'il ne réaliserait pas que l'inconnu et lui ne faisaient qu'un, s'en était presque offensant pour Noah ! Il n'était tout de même pas con.
Noah se redressa, l'image du free runner torse nu dansant devant ses yeux. Des papillons reprirent de nouveau son ventre d'assaut. C'est que Morgan, ce n'était pas n'importe qui. Il s'agissait d'un des "5 sportifs", le champion de free running, un athlète au corps merveilleusement bien sculpté. Il avait cette allure princière, ce regard ténébreux, cette carrure charismatique, qui ensorcelait les filles. Il est certain que physiquement, il n'avait rien a envié à personne. Morgan avait dû être un prince, dans une vie intérieur.
C'est en s'imaginant Morgan comme un prince, que l'idée de son cadeau d'anniversaire vint à l'esprit de Noah. Il se leva d'un bond, attrapa son manteau qu'il enfila prestement et descendit les escaliers en s'assurant que son porte feuille était rangé dans la poche de son jean.
-Je sors ! S'exclama-t-il à l'adresse de sa grand-mère qui se chamaillait avec son grand-père.
-Couvre-toi bien, mon ange, lui répondit-elle en italien.
Il se souvenait d'une bijouterie, à l'angle de la rue de chez sa grand-mère. Elle appartenait à un vieil ami de la famille. Dans son enfance, Noah adorait courir jusqu'aux vitrines avec ses cousins et regarder les pierres précieuses briller au travers des verres. Le bijoutier y faisait également des montres et des stylos à plume d'une qualité hors pair. A cette époque, Noah avait encore du mal à différencier l'italien du français, et s'emmêlait dans ses phrases.
-Bonjour ! S'exclama-t-il en italien au moment de franchir la porte gardée par une caméra de sécurité.
Le vieux bijoutier que Noah connaissait n'était pas là. A la place, une jeune italienne se tenait derrière la caisse. Elle lui répondit poliment, alors que Noah se penchait sur les bagues.
-Vous cherchez un cadeau pour votre petite amie ? Lui demanda la vendeuse en s'éloignant de son comptoir.
-Pas vraiment, grogna Noah contrarié de ne pas trouver ce qu'il était venu chercher, vous auriez des chevalières ?
-Vous cherchez un style particulier ? Se renseigna-t-elle en conduisant Noah devant une vitrine remplit de chevalières.
Noah plongea son regard au travers de l'or et du bronze. Ses yeux tombèrent sur une chevalière en argent qui était gravée par des motifs en forme de vagues. Les formes semblaient danser sous ses yeux.
-Combien coûte celle-là ?
-Elle est à 59 euros, Monsieur. Voulez-vous l'essayer ?
Noah regarda ses doigts qui lui semblaient bien plus fins que ceux de Morgan.
-La personne à qui je compte l'offrir à des mains plus larges que les miennes...
-Je vous propose de prendre trois tailles au dessus de la votre. Comme nos bijoux sont sous garantie, si la taille ne lui convient pas, il pourra la faire régler à son doigt gratuitement, dans toute l'Union Européenne.
Le rouquin acquiesça et observa une dernière fois la chevalière qu'il allait offrir à son ami. Ce n'est pas comme s'il lui achetait un petit souvenir à 3€ d'Italie. Après tout, ce cadeau serait un cadeau de Noël et d'anniversaire pour un ami qui signifiait beaucoup. Il pouvait bien faire un écart ! Il n'aurait qu'à se priver de sorties au snack à la rentrée, pendant plusieurs semaines.
Et puis, cette chevalière irait merveilleusement bien au doigt du noiraud.