Kivari #1

由 aIexkiz

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Après s'être aventurée dans une forêt interdite, une adolescente développe un étrange pouvoir lié à un peuple... 更多

1- Prologue
2- La fin de l'été
3- L'appel
4- La fille de la forêt
5- Meori
6- L'étau
7- Le lien
8- Havenly High
9- Ennemie ?
10- Petit meurtre entre amis
11- Résolutions
12- Sans issue
13- L'arbre brisé
14- Kila
15- La proposition
16- Marquée
17- Questions
18- Madame Personne et le chevalier servant
19- Un caractère de chien
20- Collaboration forcée
21- Le jour de Christophe Colomb
22- Equilibrium
23- Un grand honneur
24- Esprit animal
25- Liaison chimique
26- Dans le sous-bois
27- La proie
28- Kivari
29- Embrasée
30- Sous l'écorce
31- La porte secrète
32- Piégée
33- Logan Hoyt
34- Présentations
35- Émoi
36- À l'orée de la forêt
37- Fuis-moi, je ne suis...
38- Le noy'sat
39- L'homme à la couronne de fougères
40- Sur la voie
41- L'eirsha
42- Le Pacte
43- Transition
44- Première lune
45- Le jardin d'Eden
46- Fiévreuse
47- Brûlures
48- La langue morte
49- Entrelacées
50- Improvisation
51- Les Osborn
52- Du sang et des lames
53- L'étoile au bout du monde
54- La rumeur
55- Anonyme
56- Incertitudes
57- Homecoming
58- Axiome
59- Le chat et la souris
60- Un être à part
61- Humain et animal
62- Révélations
L E X I Q U E

63- À l'aube de l'hiver

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由 aIexkiz

J'adoptai une attitude triviale face aux agents de police qui émergeaient les uns à la suite des autres de la salle d'interrogatoire. Il ne fallait pas éveiller les soupçons. De qui que ce soit. Ma mère s'enquit immédiatement de ma santé puis, une fois rassurée, m'informa de notre départ imminent pour la maison. Mais je ne voulais pas rentrer. Pas maintenant. Pas après ce que je venais d'apprendre au sujet d'Ethan White. Je jetai un œil discret en direction de l'agent Hoyt. Le jeune inspecteur s'éloignait déjà dans le couloir : il allait retrouver Ethan White. Je ne réfléchis pas bien longtemps au prétexte qui me servirait à le suivre.

— Maman, il faut que j'aille aux toilettes. Ça ne peut vraiment pas attendre.
— Je viens avec toi.

À la vue de mon expression exaspérée, elle ne put s'empêcher de rire de sa propre proposition.

— Excuse-moi ma chérie, mais avec tout ce qui s'est passé dernièrement...
— Tu as du mal à me laisser seule aux toilettes ? achevai-je à sa place en souriant malgré moi.
— Eh bien, oui ! Tu comprendras quand tu seras mère un jour, ronchonna-t-elle.
— Mais j'ai seize ans. Et je peux y aller seule, maman.

Je sentis la lutte intérieure qu'elle menait pour s'empêcher de m'y conduire elle-même. Elle était âpre.

— Le couloir au fond à gauche. Je vais t'accompagner. D'accord, d'accord ! Je t'attendrai dans mon bureau, capitula-t-elle après ma remarque selon laquelle je ne risquais absolument rien dans un commissariat rempli d'agents de police.

Je fis donc semblant d'emprunter la direction qu'elle m'avait indiquée, mais je repris le chemin inverse aussitôt qu'elle ne fut plus en vue. J'avais prêté l'oreille aux déplacements de l'agent Hoyt durant ma négociation avec Claire Atwood. Il ne me fut pas difficile de retracer son trajet vers les cellules du poste. Je dus cependant faire attention à la caméra de surveillance disposée en hauteur, juste à l'angle des murs. Il ne s'agissait pas de me faire prendre. J'attendis le bon moment et profitai de l'angle mort pour passer et débouchai sur une large salle de détention très peu éclairée. L'agent Hoyt se tenait devant l'une des cellules occupée par un homme aux traits tirés : Ethan White. Là, juste à quelques pas de moi. L'homme qui avait essayé de me tuer. L'inspecteur Hoyt et lui étaient déjà en pleine conversation. Je repérai par bonheur un recoin sombre et m'y glissai aussitôt. Silencieuse comme un chat, je m'immobilisai alors dans l'ombre et tendis l'oreille.

— Allons, inspecteur... vous savez aussi bien que moi de quoi il retourne. Ne jouez pas au plus fin. Pas avec moi.
— Je ne joue pas, White.
— Vous ne gagnerez pas.
— Je ne joue pas.

L'homme emprisonné eut un sourire mesquin. Il regarda un instant l'agent Hoyt sans rien dire, puis ses cils battirent, très rapidement. Et son sourire s'étira.

— Moi aussi je connais, vous savez. La douleur de voir son foyer brisé.

L'agent Hoyt ne réagit pas. Il se contenta de suivre du regard l'homme hagard qui se léchait les lèvres de l'autre côté des barreaux.

— Vous ne voyez pas de quoi je parle ? Ou vous jouez à l'insensible, peut-être.
— Je vous ai déjà dit que je ne jouais pas, White. Et je sais que...
— Mais non, vous ne savez rien ! hurla Ethan White en se jetant brutalement contre les barreaux d'acier.

Il s'accrocha nerveusement à sa propre prison, ses doigts sales griffaient l'acier qu'il ne parvenait pas à écorcher, soufflant comme un enragé. Il respirait bruyamment, presque avec difficulté. Imperturbable, l'agent Hoyt n'avait même pas sursauté face à ce brusque éclat. Sans le quitter des yeux, il sortit lentement un paquet de cigarettes du revers de sa veste.

— C'est... interdit de fumer... exhala le prisonnier.

Le jeune inspecteur sortit son briquet et alluma une cigarette pour toute réponse. Il prit soin d'inspirer longuement sur la première bouffée, inhalant la fumée d'abord, la libérant ensuite dans l'air vicié de la salle de détention.

— Beaucoup de choses sont interdites, White. Ça ne nous empêche pas de les faire. Vous avez bien tué une gamine.
— Une sourace, corrigea le prisonnier l'index levé. Ce n'est pas la même chose, le détail est important et...
— Et vous avez essayé de tuer le jeune Presley, continua l'agent Hoyt. Sans succès, bien sûr. On n'oublie pas non plus votre projet d'empoisonner l'eau de la vallée.

Ethan White se mordit les lèvres, puis baissa la tête. Un rire dément retentit dans sa cellule malodorante. L'agent Hoyt n'eut aucune réaction, il se contentait de fumer lentement sa cigarette tout en observant le prisonnier qui perdait visiblement la raison. Puis, tout à coup, le rire cessa. Les épaules du professeur White s'affaissèrent. L'homme releva doucement la tête. Il approcha son visage émacié et murmura à travers les barreaux...

— Il viendra.
— Votre avocat ? s'enquit l'agent Hoyt avec une certaine lassitude.

Le prisonnier secoua lentement la tête. Les cheveux épars, la bouche ouverte et les lèvres desséchées, le regard torve et humide, il n'avait plus rien du fringuant professeur qui faisait tourner la tête des filles. Il ressemblait à un aliéné sur le point de craquer sans espoir de jamais revenir à un semblant de cohérence.

— Je ne connais pas son nom. Personne ne le sait. Il ne le dit jamais. Mais c'est lui qui a voulu tout ça. C'est lui.
— Ah. Le fameux coup de l'homme-mystère que personne ne voit et qui est responsable de tout à votre place. Pratique ce classique, n'est-ce pas ?

Le visage sceptique de l'agent Hoyt voulait tout dire. Mais le professeur White ne se découragea pas. Il s'accrocha plus fermement encore aux barreaux de sa cellule.

— Vous ne comprenez pas... il existe ! Il sait tout. Il voit tout. Il est toujours là... tout le temps... Il résonne sans cesse dans ma tête. Il ne me laisse jamais seul. Jamais. C'est un écho qui se répète à l'infini.

L'espace d'un instant, j'eus presque pitié de l'homme qui serrait convulsivement les barres d'acier tout en se mordant la bouche. Ses lèvres tremblaient, et il me semblât qu'il allait se mettre à pleurer, mais il n'en fit rien. L'agent Hoyt ne sourcilla pas. Si le professeur White avait espéré l'attendrir, c'était peine perdue.

— Je pense qu'on s'est tout dit, White.

L'agent Hoyt écrasa son mégot sur l'un des barreaux de la cellule, tout près du visage du prisonnier désemparé, puis s'éloigna. Il fit quelques pas, mais alors qu'il approchait de la porte, Ethan White murmura :

— Vos parents n'ont pas souffert. Mais pour votre sœur... Ça a tellement duré... D'ailleurs, on ne l'a pas trouvée tout de suite sous les cadavres. Ils étaient trop nombreux, il faut dire.

L'agent Hoyt s'arrêta tout près de moi. Dissimulée dans la pénombre, je me collai de mon mieux au mur, retenant ma respiration. Je vis son visage se durcir, comme en proie à une colère incommensurable. Puis, lentement, ses traits se détendirent et l'agent Hoyt reprit sa marche vers la porte du couloir.

— Votre instinct ne vous a pas trompé, Logan... reprit le professeur White en parlant plus fort à mesure que l'agent Hoyt s'éloignait. La fille est mêlée à tout ça, vous savez qu'elle l'est. Vous  le verrez bien assez tôt que je ne mens pas. Je serai là quand vous voudrez ouvrir les yeux ! Je serai là ! Ne m'oubliez pas ! Ne m'oubliez pas !

La porte résonna bruyamment dans le couloir de la salle de détention lorsque l'agent Hoyt la referma derrière lui. Puis ce fut le silence complet. Plaquée contre le mur, je ne bougeai pas d'un centimètre. Encore moins lorsque le regard vitreux du professeur White se posa sur le coin d'ombre où je me dissimulais. M'avait-il vue ? Le cœur battant, je laissai passer plusieurs secondes afin de m'assurer que la voie était libre. Je tendis l'oreille, et lorsque je fus certaine de ne rencontrer personne dans le couloir, je quittai silencieusement ma cachette.

— C'est à toi que je parlais, impure. Il viendra te chercher, tu sais.

Glacée de la tête aux pieds, je me retournai lentement vers le professeur White. Malgré la pénombre dans laquelle j'évoluais, ses yeux semblaient me percevoir aussi nettement que si je m'étais trouvée sous l'un des projecteurs de la cour.

— Oh oui... susurra-t-il en sifflant presque entre ses dents. J'ai mis du temps à comprendre, mais maintenant je sais. Il ne l'a pas fait pour moi.

Il secoua doucement la tête, la poitrine serrée par des sanglots mal contenus.

— Depuis le début, c'était toi qu'il cherchait.

À l'image de l'agent Hoyt, mon instinct premier fut de tourner les talons, mais le besoin d'en savoir davantage fut plus fort que tout. Le temps d'une seconde, l'air s'alourdit autour de nous. Une colère primaire monta brusquement en moi : j'avais devant moi l'être qui avait supprimé Meori. Celui qui avait essayé de me tuer, qui avait menacé ma mère, mais aussi Liam. Celui qui avait voulu tuer Kila. Serais-je assez rapide pour lui lacérer la gorge à travers les barreaux avant que la caméra ne m'enregistre ? Pas assez. Mais je pouvais peut-être...

— Rentre tes griffes... chuchota Ethan White. Je ne suis pas celui que tu veux. Mais ne t'inquiète pas. Il viendra bientôt à toi. Et tu sais que je dis la vérité. Parce que toi aussi, tu entends sa voix.

Je m'éloignai sous les rires saccadés du professeur déchu.

~✶~

Les doigts de Kila s'entremêlèrent doucement aux miens. Le vent qui soulevait sa chevelure sombre portait avec lui l'agréable effluve du loup. Sa chaleur me réconfortait, plus douce et tendre que jamais.

— Le procès aura lieu prochainement ? demanda la kanash.

J'acquiesçai en silence. Ses doigts dessinèrent un sillon invisible au creux de ma paume, m'arrachant un bref éclat de rire involontaire. Elle savait que ça me chatouillait, et ne ratait jamais une occasion de le faire.

— Je crois que c'est à toi, petit chat...

Kila ôta l'amulette de son poignet et la plaça autour de mon cou. C'était la première fois que je portais le kami ainsi. Il était plus léger que je ne l'imaginais...

— Tu es très belle avec, commenta Kila d'un air approbateur.

Je lui souris et déposai un tendre baiser sur ses lèvres rosées. Puis je me redressai, bien droite sur la branche du sapin sur lequel nous nous tenions. Le premier où nous avons... pensai-je à part avec un sourire. Mais Kila tira sur la manche de mon blouson pour m'inciter à reprendre ma place à côté d'elle. J'obéis docilement, la kanash m'enlaça alors sans crier gare. «Je t'aime, Eden...», glissa-t-elle à mon oreille. J'étreignis tendrement celle qui faisait battre mon cœur, chavirée par tout ce que nous éprouvions l'une pour l'autre. «O nae'ri, Kila...», murmurai-je à mon tour après un baiser qui ne se suffisait déjà plus. Nous levâmes les yeux vers les nuages. Le crépuscule tombait déjà, infligeant au dernier ciel d'automne sa teinte orangée. L'hiver approchait, et avec lui viendraient les premières neiges...

— Montre-la moi, demanda soudainement Kila.
— Tu l'as déjà vue.
— S'il te plaît.

Je lui tendis ce qu'elle me demandait. Kila prit l'enveloppe et l'ouvrit avec précaution. Elle en sortit une image imprimée sur laquelle figurait une inscription manuscrite. À sa vue, les yeux d'azur de la kanash s'étaient instantanément parés d'une inquiétude sourde. Je l'avais reçue le matin même, alors que je rentrais de chez Liam. Une simple enveloppe déposée sur le rebord de ma fenêtre, maintenue en place par une lourde pierre pour la prémunir d'un éventuel coup de vent.

« Je suis heureux d'avoir fait ta connaissance ce jour-là, Eden. Je te regarde depuis longtemps. Ce n'est que le début de l'histoire que nous allons écrire ensemble. Je viendrai bientôt à toi. », lut Kila à haute voix avant de me rendre l'image.

C'était la photo annuelle prise le jour de l'orientation.

À SUIVRE...


REMERCIEMENTS

Je tenais vraiment à vous remercier, vous qui m'avez suivie du début à la fin. Kivari me trottait dans la tête depuis un bon moment, écrire cette histoire fut un véritable plaisir, un calvaire parfois mais, la plupart du temps, un plaisir pur et simple. Je voulais remercier Laguestguest , Canelle25  et Tortueninja18 : merci à vous trois pour votre soutien et vos encouragements qui m'auront aidée jusqu'au bout. Merci également aux lectrices et aux lecteurs qui m'ont rejoint en cours de route, aux Wattpadiennes et Wattpadiens qui découvrent Kivari maintenant.

Mais surtout : merci à toutes celles et ceux qui me lisent en silence ! Même si vous ne vous manifestez pas, je suis très heureuse de vous savoir avec moi. J'espère que vous voudrez bien continuer à suivre les aventures d'Eden car, comme vous vous en doutez déjà, il ne s'agit que du premier tome d'une saga que j'ai imaginée et que j'ai vraiment envie de partager avec vous. 

À très bientôt : )

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