Kivari #1

By aIexkiz

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Après s'être aventurée dans une forêt interdite, une adolescente développe un étrange pouvoir lié à un peuple... More

1- Prologue
2- La fin de l'été
3- L'appel
4- La fille de la forêt
5- Meori
6- L'étau
7- Le lien
8- Havenly High
9- Ennemie ?
10- Petit meurtre entre amis
11- Résolutions
12- Sans issue
13- L'arbre brisé
14- Kila
15- La proposition
16- Marquée
17- Questions
18- Madame Personne et le chevalier servant
19- Un caractère de chien
20- Collaboration forcée
21- Le jour de Christophe Colomb
22- Equilibrium
23- Un grand honneur
24- Esprit animal
25- Liaison chimique
26- Dans le sous-bois
27- La proie
28- Kivari
29- Embrasée
30- Sous l'écorce
31- La porte secrète
32- Piégée
33- Logan Hoyt
34- Présentations
35- Émoi
36- À l'orée de la forêt
37- Fuis-moi, je ne suis...
38- Le noy'sat
39- L'homme à la couronne de fougères
40- Sur la voie
41- L'eirsha
42- Le Pacte
43- Transition
44- Première lune
45- Le jardin d'Eden
46- Fiévreuse
47- Brûlures
48- La langue morte
49- Entrelacées
50- Improvisation
51- Les Osborn
52- Du sang et des lames
53- L'étoile au bout du monde
54- La rumeur
55- Anonyme
56- Incertitudes
57- Homecoming
58- Axiome
59- Le chat et la souris
61- Humain et animal
62- Révélations
63- À l'aube de l'hiver
L E X I Q U E

60- Un être à part

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By aIexkiz

La force de la déflagration me projeta à l'autre bout de la salle. J'atterris dans un fracas de tables et de chaises renversées. Il se passa plusieurs minutes avant que je ne reprenne mes esprits. Avec difficulté, je tentai de me redresser mais n'y parvins pas.

– Putain de merde... laissai-je échapper en exhalant un râle de souffrance.

Les débris de verre qui s'enfonçaient sous ma peau me faisaient terriblement mal, mais ce n'était rien comparé à la douleur que je ressentais au niveau de l'abdomen. Je sentis la chaleur d'un liquide poisseux m'imprégner la main lorsque je la portai à mon ventre. Je saignais... Ce malade m'avait poignardée ! Je me forçai à ignorer la douleur atroce qui me tordit l'estomac lorsque je me relevai, m'appuyant sur l'une des tables encore intactes de la pièce. L'obscurité était retombée dans la salle, mais grâce à la vision du chat, je n'eus aucun mal à discerner mon environnement. Mes pupilles s'adaptaient automatiquement au peu de lumière que générait la lune et, avec horreur, je vis le professeur dément se relever de son côté.

— Alors là... Je dois dire que je ne m'y attendais pas, souffla-t-il en époussetant ses épaules parsemées de débris de verre.

Sa chemise était à moitié déchirée. Il se passa la main dans les cheveux pour y remettre un peu d'ordre.

— Tu es encore plus immergée que je ne l'imaginais. Dis-moi, quel esprit te manipule ? Il doit être imposant pour dégager une telle force.
— Vous êtes cinglé... répliquai-je en ravalant ma souffrance.

Chaque inspiration me provoquait un éclair de douleur qui me terrassait. Je m'appuyai davantage contre la table et le regrettai aussitôt : il l'avait remarqué. Un sourire mauvais se dessina sur son visage.

— Ça fait mal, n'est-ce pas ? Mais je ne peux pas dire que je compatis.
— Pourquoi vous faites ça ? sifflai-je entre mes dents.

Il eut l'air sincèrement surpris.

— Mais je te l'ai déjà dit ? C'est la guerre, Eden. Et comme pour toute guerre, un seul camp en ressortira vainqueur. La question est de savoir lequel.

Je m'essoufflais. Me maintenir debout en dépit de ma blessure à l'abdomen sapait mes forces. Je pressai davantage ma main contre mon ventre pour comprimer le sang qui s'en écoulait : il fallait éviter l'hémorragie à tout prix.

— C'est faux. Vous avez des siècles de retard, répliquai-je dans un souffle qui m'arracha une grimace de douleur. La guerre est terminée depuis longtemps.

Le rire extravagant qu'il poussa résonna bruyamment dans la pièce aux fenêtres ravagées.

— Terminée ? Ma pauvre, si tu savais à quel point tu es à côté de la plaque !

Il repoussa une chaise qui le gênait d'un simple coup de pied. Elle heurta le mur dans un bruit sec. Mains dans les poches, l'homme à la chemise déchirée avança vers moi.

— Non, non... dit-il en claquant de la langue. C'est loin d'être terminé. Au contraire, ça ne fait que commencer. Et je vais commencer par toi.

Ma vision commençait à se brouiller, je m'affaissai légèrement contre la table. Combien de temps allais-je pouvoir tenir ainsi ? Je n'avais aucun moyen d'appeler à l'aide et je ne pouvais pas m'enfuir dans cet état : il me rattraperait en moins d'une seconde. C'était la fin. Ethan White n'était plus qu'à quelques pas de moi. Il se rapprochait toujours, inéluctablement. J'avais besoin d'aide et seul le svarai inconstant, à mon grand désarroi, était en mesure de me l'apporter. Je plongeai la main dans ma poche pour en tirer l'amulette. L'homme à la chemise déchirée s'arrêta aussitôt.

— Ah... C'était bien toi qui l'avais depuis tout ce temps. C'est comme ça que tu communiques avec les esprits. Tu te sers du kami de Meori, évidemment.

L'entendre prononcer son nom me provoqua un élan de colère. Il connaissait l'existence des kamis et des svarais... Je savais qu'Ethan White avait passé sa vie à étudier la culture kanash, mais le maniement des kamis et le pouvoir des kivaris étaient un secret absolu que les kanashs conservaient pour eux, je le tenais de Kila. Alors comment ? Comment le professeur White avait-il pu y avoir accès ? Les dents serrées, je me redressai lentement.

— Il faut que je sache... Comment vous avez fait ? Il fallait entrer dans la forêt pour trouver Meori. Or, les locaux ne peuvent pas...
— Pensais-tu être la seule ? coupa-t-il en exhibant son couteau. Je possède moi aussi quelque chose de spécial.

Il retourna le couteau et mes yeux s'agrandirent d'effroi lorsque je réalisai que le manche était en bois. Je ne devinais que trop bien de quel bois il s'agissait : du bois de sykia.

— Vous êtes un kivari... constatai-je, le visage comprimé par la douleur. Vous avez pu pénétrer dans la forêt parce que vous êtes lié à un esprit.
— Pas exactement. Disons plutôt que c'est lui qui s'est lié à moi. Mais peu importe, le résultat ne change pas.
— Pourquoi elle ? insistai-je. Pourquoi Meori ?

Pourquoi toi ?

Ethan White tressaillit en même temps que moi. Percevait-il les pensées de mon svarai ? Impossible, je n'entendais pas celui de Kila tout comme elle n'entendait pas le mien. Merde, mais qui était Ethan White ?

— Le tien me semble bien coriace en tout cas, commenta le professeur d'un air approbateur tandis qu'il arrivait à ma hauteur. C'est presque un crime que de le tuer.

Il se mit à rire, une main sur le front, de sa propre plaisanterie.

— Les svarais... ne meurent pas... articulai-je avec difficulté tandis qu'il se reprenait.
— Ah non ? Il existe pourtant un moyen de les tuer. Mais je ne suis pas étonné que tu l'ignores.

Tue-le. Vite.

L'impatience que je perçus dans les pensées de l'esprit du chat augmenta mon désir d'en apprendre plus. Les svarais pouvaient mourir ?

— Comment ? Ils sont insaisissables, il n'est pas possible de...
— Les esprits ne sont pas immortels, coupa le professeur. Contrairement à ce qu'ils laissent entendre.

Tue-le !

— Que sont les svarais ? demandai-je en ignorant volontairement ce que me dictait le mien.

Son empressement à faire taire Ethan White me semblait plus que suspect. Il ne voulait pas que je le sache ? Raison de plus pour insister.

— Tu poses enfin les bonnes questions ! s'amusa le professeur. Et c'est un comportement à récompenser chez un élève, alors je vais te répondre...

Imbécile d'humaine !

— ...les svarais sont...

Du sang jaillit brusquement sur son visage. Ethan White poussa un hurlement qui me perça les tympans. Il se prit la tête à deux mains, reculant de quelques pas. Avec effroi, je vis ma propre main s'abaisser peu à peu : un halo de griffes luminescentes s'était formé au bout de mes doigts ! La lueur qui s'en dégageait était d'un rouge similaire à celui des veinules de ma kahr. Ethan White releva la tête : son visage était marqué par des entailles qui ressemblaient à des balafres sanguinolentes.

— Sale garce ! cracha-t-il en me jetant un regard haineux.

Il voulut m'attraper par le cou. Ma main se projeta seule contre lui avec une violence inouïe. Il m'évita au tout dernier moment, mais la bourrasque provoquée par mon geste le fit tout de même trébucher parmi les débris de bois et de métal. Angoissée, je réalisai que je ne la contrôlais plus. Ma main pourvue de griffes luminescentes réagissait seule, totalement indépendante de ma volonté. Comme un être à part.

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