"Ce n'est pas possible", voilà la pensée qui m'a traversée l'esprit quand une sonnerie stridente -proche d'une alarme incendie- m'a réveillée. Elle a du durer environ dix minutes avant de s'éteindre. Dix minutes où je n'ai pas bougé de mon lit car honnêtement, vu mon état de fatigue, même le feu devra attendre que je me préoccupe de lui plus tard. Non mais franchement ! Quelle heure est-il en plus ? Il a l'air d'être beaucoup trop tôt pour se lever.
Alors que je commence doucement à m'endormir, la porte s'est ouverte à la volée et la jolie voix mélodieuse d'une femme -j'ai découvert que c'est miss queue de cheval donc Claudia en ouvrant rapidement les yeux- me hurlant dessus a raisonné dans la chambre.
_ Qu'est-ce que vous faites encore dans votre lit !? Vous n'avez pas entendu le réveil ?
_ Claudia, toute la ville a entendu votre fichue alarme, je grogne tout en me cachant sous la couverture.
_ Vous devez vous lever et vous habiller ! À six heures pile le petit déjeuner sera servis dans la grande salle. Vous vous êtes déjà faite remarquer hier par vos retards à répétitions et votre manque d'élégance alors à votre place je m'activerai.
D'un coup je me lève car je viens de percuter ce qu'elle vient de dire.
_ Vous avez dit à quelle heure le petit déjeuner ?
_ Six heures ! Et il est déjà cinq heures et demi !
Et sans attendre de réponse de ma part elle claque la porte à en faire trembler les murs.
Il est cinq heures et demi du matin !? Non mais c'est une blague ! Une grosse blague ! Cinq heures et demi !? Mais bon sang pourquoi aussi tôt ? D'accord le monde appartient à ceux qui se lève tôt mais quand même ! Il appartient aussi à ceux qui dorment ! Je ne vais clairement pas survivre ici ! C'est Koh-Lanta ma parole ! Pas de nourriture, pas de sommeil et, au lieu des épreuves physiques, je me tape des épreuves psychologiques. Clairement une renégociation du salaire est en vigueur car deux mille euros la semaine ce n'est pas cher payé pour ça. Je soupire avant de repousser la couverture et de me diriger dans la salle de bain pour me doucher, me brosser les dents -normalement je me les brosse après manger mais comme je ne suis pas sûre d'être autorisée à remonter dans ma chambre après le petit-déjeuner je préfère le faire maintenant- et de sortir mon peignoir de bain bien attaché autour de moi. J'ouvre ensuite l'immense armoire avant de prendre le premier jean et un pull léger car même si nous sommes au mois de Mai les températures sont capricieuses. Je choisis ensuite des chaussures assez plates avant de descendre dans la grande salle. En chemin, je détache ma petite touffe avant de les attacher en une rapide queue de cheval.
Je salue poliment les personnes que je croise, un peu déçue de ne pas avoir vu Logan ce matin, avant de pousser les portes de la grande salle où est dressé une merveilleuse table remplie de mets en tout genre. Je retire ce que j'ai dit, je suis clairement sur payé pour le job. La délicieuse odeur me chatouille les narines et déclenche les gargouillements de mon estomac : j'ai extrêmement faim !
_ Vous êtes la première, s'exclame une voix dans mon dos me coupant sur ma liste mentale pour savoir ce que je vais manger ce matin.
Quand je me retourne, je vois le prince un petit sourire aux lèvres alors que je lève les yeux au ciel.
_ Je constate que votre sens de l'observation s'aiguise jour après jour.
_ Et vous n'avez encore rien vu, renchérit-il avec un clin d'œil ce qui me fait de nouveau lever les yeux au ciel. Avez-vous bien dormi ?
_ Vu comment j'ai mangé, j'ai dormi comme un bébé ! je lance ironique. Je suis sûre que vous y êtes pour quelque chose dans les délicieux plats qui m'ont été servis
Il pose sa main sur son menton faisant mine de réfléchir tout en lançant :
_ Serait-il possible que je sois à l'origine du fait que normalement certains plats auraient du vous être servis mais que j'ai donné l'ordre de finalement vous servir comme tout le monde ?
Il ne peut retenir son fou rire alors que je le fusille du regard.
_ J'en étais sûre !
Il compte répliquer quelque chose mais une sélectionnée fait son entrée coupant court à notre conversation.
_ Votre altesse, salut-elle d'une révérence qu'il lui rend volontiers ce qui me fait penser que j'ai complètement oublié de le saluer lorsqu'il est entré.
_ Mademoiselle Via.
D'un signe de main il nous invite à prendre place alors que j'attends de voir si Via connaît sa place car, si j'ai bien lu entre les lignes, normalement, ces dernières changent à chaque repas. Voyant mon hésitation elle m'indique que les places tournent dans le sens horaire. Je prends soin de la remercier pour l'information avant de m'assoir en face d'où j'étais assise la veille car j'étais en bout de table à droite donc une rotation vers la gauche me fait arriver à la place d'en face. Via, quant à elle, s'assoit deux places plus loin que le prince. Elle est vraiment resplendissante comme femme ! Cheveux très sensiblement ondulés châtains, un carré qui lui va à ravir avec une frange qui lui tombe un peu sur les yeux. Son sourire est un rayon de soleil. Je dirais qu'il fait toute sa beauté. On voit directement que c'est une personne bienveillante mais après les apparences peuvent être trompeuses.
_ Avez-vous bien dormi ? lui demande-t-il sous son regard surpris.
_ Très bien je vous remercie ! Et vous ?
_ La nuit a été courte mais j'ai bien dormi.
_ Trop occupé à élaborer des plans pour me faire chier, je marmonne.
_ Pardon ? me demande Via.
_ Je me demandais où sont les caméras, je mens avec un grand sourire.
Le prince m'indique alors qu'ils sont en retard mais ne devraient pas tarder. Je suis un peu étonnée qu'ils le soient. Ne sont-ils pas hébergés au château ? Peut-être, pour des raisons de confidentialité, ils ne sont pas autorisés à séjourner ici. Du coup, ils auraient des horaires je pense du petit déjeuner jusqu'au dîner ? Finalement, juste après son explication, les caméras ont fini par arrivés avant les autres sélectionnées. Un homme a alors pris la parole -sûrement le producteur ou responsable du show qui va être diffusé- pour nous demander de sortir pour refaire notre entrée car selon lui il serait préférable de le faire par ordre alphabétique. Il voulait aussi des shots de la table dressée et que le prince fasse son entrée en dernier, une fois que toutes les sélectionnées seront arrivées.
On s'est donc tous levés pour sortir et attendre qu'on nous donne le signal. Declan s'est évaporé sûrement pour occupé ce temps de façon productive car je pense que ça risque d'être long toute cette mise en scène. Les autres sélectionnées sont arrivées petit à petit et Via et moi-même sommes occupés à tour de rôle de leur expliquer les consignes. Ça a été extrêmement long et franchement, quand on a faim, chaque minute devient facilement une heure. Finalement, les portes se sont ouvertes alors qu'un garde a pris position avant de se racler la gorge et d'énoncer :
_ Mademoiselle Allis Grenier.
Je m'avance alors en regardant droit devant moi et de prendre place. Je suis soulagée de ne pas être tombée ou que sais-je encore. Une fois que toute la liste a été parcourue, l'homme en question nous a demandé qu'à l'arrivé du prince nous nous levions toutes comme un seul homme -où une seule femme ?- pour le saluer.
Lorsque Declan est entrée dans la pièce, nous avons exécuté les consignes de l'homme mais apparement ce n'était pas assez bien car il nous a fait refaire l'exercice au moins trois fois jusqu'à qu'il soit convaincu. Je suis étonnée de voir que le prince a autant de temps à perdre. Maintenant je comprends pourquoi on nous a levé aussi tôt. Lorsque le feu vert nous a été donné, je me suis ruée sur les pains au chocolat, la pâte à tartiner, les différents gâteaux et autres sucreries. Je me suis aussi servie du café avec une pointe de lait avant de demander aux filles à côté si elles en veulent aussi. Quelques une ont répondu par l'affirmative. Je me suis faite servir du jus d'orange par ma voisine d'en face que j'ai remercié et j'ai repris mon marathon. Qui sait ce qu'il nous sera servis ce midi, je préfère faire des provisions.
_ N'hésitez pas à échanger entre vous, nous incite l'homme constatant qu'il n'y a presque pas de dialogue.
Je me tourne alors vers mes voisines les plus proches afin de commencer une conversation des plus banales. La fille à ma gauche s'appelle Béatrice mais elle préfère qu'on l'appelle Béa. Elle a les cheveux extrêmement fin et d'une rousseur que je n'ai encore jamais vu. S'accompagnent de sa couleur de cheveux, des tâches de rousseur sur son nez fin et ses joues. Elle a un visage ovale, une bouche très fine et des yeux ronds. De toutes les sélectionnées c'est celle qui m'a l'air la plus réservée. Ma voisine d'en face se prénomme Zina, elle est d'origine maroco-algerienne et son accent me fait vraiment craquer. Elle a l'air d'être adorable ! Celle qui se trouve à sa droite s'appelle Manuela, elle a des origines mexicaines et je la trouve extrêmement typée d'une beauté mexicaine comme on en voit dans les films. Quand je vois les filles autour de la table je ne peux m'empêcher de constater qu'il est sûr que la beauté a été un critère de sélection. Sauf pour moi. Sur ce critère je ne fais clairement pas le poids. La voisine à gauche de Béa, c'est la lettre H, Hélène. Un prénom si doux pour une personne qui a l'air assez fausse. Je n'arrive pas à la sentir. La façon dont elle parle et s'exprime ne me dit rien qui vaille mais après je n'aime pas m'arrêter sur ma première impression.
Ça fait quand même pas mal de prénoms. Isabella, la poupée, Via la sympathique, Béa la timide, Zina la bienveillante, Manuela celle avec qui on s'ennuiera pas et Hélène celle que je ne sens pas. Il me reste encore pas mal de prénoms à connaître. Notamment, je ne sais toujours pas comment l'indienne se nomme et elle est assez loin de moi pour que je puisse le lui demander.
Je sais qu'il y aura des éliminations mais il n'a pas été précisé quand elles auront lieu. Est-ce que ça sera récurent ? Toutes les semaines par exemple ? Si c'est le cas alors il est certain qu'il y a certaines filles que je ne connaîtrais probablement jamais.
Plus que dix-neuf prénoms et dix-neuf personnalités...