(Gratuit le 3 Janvier) APTITU...

由 MagnificientAngel

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Un Prince déchu. Une famille maudite. Une prophétie oubliée. Un Trône mortel. *** Dans un futur post-apocalyp... 更多

Gratuit le 3 Janvier 2023
Guide de l'univers I : Carte.
Guide de l'univers II : Arbre Généalogique Officiel
Prologue.
CHAPITRE 1 : La Cueillette (Partie I)
La Cueillette (Partie 2)
CHAPITRE 2 : Geneviève (Partie 1)
Geneviève (Partie 2)
CHAPITRE 3 : La Salle Du Trône (Partie 1)
La Salle du Trône (Partie 2)
CHAPITRE 4 : L'Illisible.
CHAPITRE 5: Une Charmante Famille. (Partie 1)
Une Charmante Famille (Partie II)
CHAPITRE 6: L'héritier Du Trône. (Partie I)
L'héritier Du Trône (Partie II)
CHAPITRE 7 : Le Journal.
CHAPITRE 8 : Histoires Secrètes (Partie I)
CHAPITRE 9 : De Brûlantes Retrouvailles (Partie I)
De Brûlantes Retrouvailles (Partie II)
CHAPITRE 10 : Reconnaître L'Ennemi (Partie I)
Reconnaitre L'Ennemi (Partie II)
CHAPITRE 11 : La Cape Rouge.
CHAPITRE 12 : Les Prétendants À La Couronne (Partie I)
Les Prétendants A La Couronne (Partie II)
CHAPITRE 13 : Le Début D'une Alliance (Partie I)
Le Début D'Une Alliance (Partie II)
CHAPITRE 14 : Messes Basses.
CHAPITRE 15 : La Vision.
CHAPITRE 16 : Garder Un Secret (Partie I)
Garder Un Secret (Partie II)
CHAPITRE 17 : La Colère Du Prince.
La Colère Du Prince ( Partie II)
CHAPITRE 18 : Le Père Du Rebelle (Partie I)
Le Père Du Rebelle (Partie II)
Le Père Du Rebelle (Partie III)
CHAPITRE 19 : Le Cabinet Du Roi ( Partie I )
Le Cabinet Du Roi ( Partie II )
Le Cabinet Du Roi ( Partie III )
CHAPITRE 20 : Même Les Morts Ont Des Secrets ( Partie I )
Même Les Morts Ont Des Secrets ( Partie II )
CHAPITRE 21 : Le Tunnel (Partie I)
Le Tunnel (Partie II)
CHAPITRE 22 : Le Prince De L'Ombre.
CHAPITRE 23 : Le Symbole (Partie I)
Le Symbole (Partie II)
Le Symbole (Partie III)
CHAPITRE 24 : Oeil Noir (Partie I)
Oeil Noir (Partie II)
CHAPITRE 25 : Sang Et Peinture. (Partie I)
Sang Et Peinture (Partie II)
CHAPITRE 26 : La Folie Se Terre Aux Cachots.
CHAPITRE 27 : Tromper La Mort.
CHAPITRE 28 : L'Atout Secret Du Prince Déchu. (Partie I)
L'Atout Secret Du Prince Déchu (Partie II)
L'Atout Secret Du Prince Déchu (Partie III)
CHAPITRE 29 : Les Yeux Dans Ceux Du Diable.
Les Yeux Dans Ceux Du Diable (Partie II)
CHAPITRE 30 : Pas De Répit.
CHAPITRE 31 : Les Indiscrétions D'Une Inapte.
CHAPITRE 32 : La Couronne Avant Tout.
CHAPITRE 33 : Dilemme Et Régicide (Partie I)
Dilemme Et Régicide (Partie II)
CHAPITRE 34 : Le Déshonneur Du Visionnaire (Partie I)
Le Déshonneur Du Visionnaire ( Partie II )
CHAPITRE 35 : Qui A Tué Henry DeCalonne ? (Partie I)
Qui A Tué Henry DeCalonne ? (Partie II)
Qui A Tué Henry DeCalonne (Partie III)
CHAPITRE 36 : La Nuit Rouge (Partie I)
La Nuit Rouge (Partie II)
CHAPITRE 37 : Le Poison Ne Ment Jamais (Partie I)
Le Poison Ne Ment Jamais (Partie II)
CHAPITRE 38 : Double Jeu (Partie I)
Double Jeu (Partie II)
Epilogue.
Bonus#1 (Dylan) : La Naissance Du Brasier.
La Naissance Du Brasier (Partie II)
Bonus#2 (Calvin) : La Tour D'Ivoire (Partie I)
La Tour D'Ivoire (Partie II)
Bonus#3 (Devonne) : La Tour De Roses.

Histoires Secrètes (Partie II)

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由 MagnificientAngel


À travers mes oreilles sifflantes me parvint la rumeur de chuchotements, et je sentis bientôt un doux parfum de vanille me chatouiller les narines.

― Elle a bougé un doigt, murmura une voix féminine vaguement familière. Il faut prévenir Kian...

― Heureusement que le prince l'a trouvée à temps, je n'ose imaginer ce qui aurait pu arriver si cette jeune fille était restée seule plus longtemps...

Je me sentais tout engourdie. Mes membres étaient douloureux et comme cotonneux. De plus, mes paupières refusaient obstinément de se soulever. Une certaine agitation régnait autour de moi à mesure que les deux voix continuaient à converser de choses que je n'arrivais pas à saisir. J'entendis une porte s'ouvrir et se refermer.

― Comment va-t-elle ? interrogea une voix grave aux intonations lasses.

Je luttai de toutes mes forces afin d'ouvrir les yeux, mais je ne parvins qu'à plisser les paupières. Une main chaude et rassurante se posa sur mon poignet.

― Kylie tu m'entends ? murmura la voix de Kian.

Un soupir s'échappa de mes lèvres et j'ouvris les yeux en gémissant de douleur. Je sentis une boucle rousse me chatouiller la joue. Geneviève se tenait à mon chevet, en face de son cousin.

― Que m'est-il arrivé ? demandai-je faiblement en clignant des yeux afin de tenter de m'habituer à la lumière.

― Vous avez été empoisonnée, vous auriez facilement pu y passer, me répondit une infirmière en me souriant d'un air soulagé.

― Comment ça ? balbutiai-je. Comment une telle chose a-t-elle pu arriver ?

― Nous l'ignorons, intervint Ginny en se triturant les cheveux, signe de nervosité.

― Mais cela ne peut provenir de quelque chose que tu aurais avalé. Tous les plats sont goûtés avant d'être servis, m'informa le prince d'un air pensif.

Je baissai les yeux sur mes bras et remarquai qu'il n'y restait plus qu'une légère boursoufflure rose.

― Kian ? demandai-je lentement. Quand exactement le poison aurait-il commencé à faire effet ?

Il parut surpris par ma question et haussa les sourcils.

― Je ne sais pas, répondit-il d'un ton hésitant. Nous étions plus occupés à tenter de te sauver qu'à réfléchir à cela...

― Pourquoi ? s'exclama sa cousine en se penchant en avant. Tu suspectes quelqu'un ?

Je secouai la tête, choisissant de me taire pour le moment. Mieux valait ne pas porter d'accusations hâtives. Puis, jetant un œil à la fenêtre ouverte, je remarquai que le soleil était sur le point de se coucher.

― Combien de temps suis-je restée inconsciente ? interrogeai-je avec appréhension.

― Vingt-quatre heures, soupira l'infirmière. Et vous avez encore besoin de repos, ajouta-t-elle en regardant mes amis d'un air significatif.

Après avoir rouspété, Geneviève me serra précautionneusement contre elle et se dirigea vers la sortie, laissant un délicat parfum de vanille dans son sillage. Kian de son côté m'adressa un sourire rassurant en me pressant l'épaule.

― On repassera te voir plus tard, annonça-t-il. Pour le moment, j'ai une couronne à porter.

Il ponctua son commentaire par une grimace exaspérée qui me fit éclater de rire. Mais en le voyant se diriger vers la porte, je me remémorai la manière qu'avait Thobias de le rabaisser constamment, et je ne pus m'empêcher de me demander comment il faisait pour supporter tout cela. Même si je me doutais bien qu'il masquait simplement son mal-être aux yeux du monde...

Quelques minutes plus tard, l'infirmière me fit avaler un léger repas avant de m'administrer un calmant puis d'éteindre toutes les lumières, à mesure que mes paupières se faisaient de plus en plus lourdes. Je ne tardai pas à tomber dans les bras de Morphée...


Mes yeux s'ouvrirent brusquement lorsque je sentis quelque chose me frôler la jambe, je me redressai dans mon lit le souffle court, avant de pousser un cri de peur.

― Qui... qui est là ? haletai-je.

Je clignai des yeux plusieurs fois afin d'éclaircir ma vue. Le bourdonnement dans mes oreilles s'estompa peu à peu. Et je manquai hurler de nouveau en distinguant une paire d'yeux félins dans la pénombre.

― Chut ! m'intima une voix féminine. Arrête, tu vas réveiller tout l'étage du dessus...

Je soupirai en reconnaissant Devonne, mais ne me détendis pas pour autant.

― Qu'est-ce que tu veux ? chuchotai-je, sur la défensive en voyant la princesse s'asseoir au bord du lit.

Ma théorie concernant mon empoisonnement me revenant à l'esprit, je me crispai.

― Tu viens admirer ton travail ? demandai-je farouchement. Ou l'achever peut-être ?

Elle mit un moment à comprendre mes insinuations, avant d'écarquiller les yeux.

― Tu crois que c'est moi qui t'ai fait ça ? rétorqua-t-elle avec dédain.

Cela m'agaça. Je m'agitai sur le matelas.

― Oh, je t'en prie ! Aie au moins la décence de ne pas me prendre pour une idiote !

Devonne eut l'air indigné.

― Ne me parle pas sur ce ton ! s'insurgea-t-elle en oubliant presque de chuchoter. Crois-tu qu'une personne de sang royal s'abaisserait à cela ? Si je souhaitais ta mort, tu serais déjà enterrée à l'heure qu'il est !

Je frissonnai sous l'effet de la menace. Mais je ne me démontai pas pour autant.

― Oh, alors je suppose que tu ignores qui m'a infligé ça ? ironisai-je en désignant la bande de gaze qui avait remplacé les soins de fortune de Mélanie.

Même dans l'obscurité, je vis clairement le visage de mon interlocutrice pâlir.

― Calvin ne t'a pas empoisonnée, murmura-t-elle d'une voix blanche.

Je lui lançai un regard triomphant en me redressant complètement.

― J'ai cru comprendre qu'il t'était très loyal, poursuivis-je. Tu comprends donc que je puisse avoir des doutes sur ta... non-implication dans cette affaire, ajoutai-je en choisissant soigneusement mes mots.

Devonne plongea dans mes yeux un regard flamboyant de colère.

― Le Garde Branwell est imprévisible, rétorqua-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine. Non, je ne lui ai jamais demandé de te blesser avec une stupide lame ! Comme je te l'ai dit, je ne m'abaisserais pas à cela. Mon père non plus si tu y as déjà pensé.

Je croisai les bras à mon tour. Étrangement, et même si je détestais cela, je savais que la jeune fille ne mentait pas. La princesse soupira avant de se pencher sur moi :

― Mais écoute, il n'aurait jamais osé te tuer. Calvin te déteste parce que tu as défié son autorité et qu'il n'a aucun moyen... classique de te le faire payer, assura-t-elle en hésitant légèrement sur la fin. Quant à moi, je te méprise parce que tu ne restes qu'une moins que rien, Illisible ou pas. Rends-toi à l'évidence, je suis deuxième dans l'ordre de succession au Trône, tandis que tu n'es qu'une simple livreuse dans une bijouterie financée par les personnes comme moi. Tu ne mérites pas que je t'élève à un rang d'ennemie.

― J'apprécie ta sincérité, murmurai-je mi-figue mi-raisin.

Devonne ne put retenir un sourire amusé, et, l'espace d'un instant, je me demandai si elle savait comment j'avais fait fondre la lame de Calvin...

― De plus, poursuivit-elle. Ton existence embarrasse ma famille et met en danger le royaume tout entier. Qui sait si ces horribles criminels ne se mettront pas en tête de te faire intégrer leurs troupes ! Tu as dit que tu appréciais ma sincérité, alors voilà : ta mort faciliterait beaucoup de choses. Mais mon père ne cesse de répéter que tu nous seras très utile. Je pense qu'il a déjà une petite idée de comment il va servir de toi, et quelque chose me dit que le roi fera en sorte de t'élever au rang d'arme. Tu peux d'ores et déjà te considérer comme un pion particulièrement destructeur. En plus, pour une raison que j'ignore, Kian tient à te garder en vie. Alors je ne sais pas qui prendrait le risque de vouloir t'empoisonner, mais Calvin ne tenterait pas de contrarier son futur roi pour satisfaire ses propres caprices !

Je restai muette un long moment, perdue. Au fond de moi, je voulais que Calvin soit coupable. Au moins, ça nous aurait facilité les choses. Mais apprendre que mon unique théorie était fausse était très frustrant. Voilà que je me retrouvais au point de départ. Soudain, je levai un regard suspicieux vers mon interlocutrice. Pourquoi défendait-elle Calvin ? Depuis quand se préoccupait-elle d'autre chose que sa propre personne ? Une idée saugrenue me vint à l'esprit. Je la rejetai en secouant la tête.



Devonne se leva.

― Laisse-moi te donner un conseil Kylie, si un jour tu découvres ce que tu es vraiment et que tu développes de nouveaux dons, fais tout ce que tu peux pour les dissimuler. Tu ne peux faire confiance à personne. À la Cour, si tu veux survivre, tu ne peux compter que sur toi-même. Et dissimuler en permanence ta véritable nature. Crois-en celle qui l'a appris bien malgré elle.

Elle tourna les talons et posa sa main sur la poignée de la porte.

― Ah et en passant, lança-t-elle en se retournant. Lorsqu'Olivia sera là, ne t'étonne
pas de voir mon frère se désintéresser de ton sort. Le pauvre a toujours été d'une nature curieuse. Et à ses yeux, je suis sûre que tu n'es rien d'autre qu'une distraction.

Je pinçai les lèvres et la regardai sortir, songeuse. Ses paroles ne m'atteignirent même pas. Une partie de moi doutait encore des réelles intentions de Kian. Se pouvait-il réellement que sa bonté à mon égard soit désintéressée ?


Deux jours s'écoulèrent au cours desquels je passai tout mon temps au lit. Je reçus les visites de Ginny, Charles et même Anna. Et, même si j'étais censée me reposer, mon cerveau tournait à plein régime. Je ne cessais de me demander ce que Devonne entendait par son conseil. Était-elle au courant de quelque chose ? Après tout, Calvin aurait très bien pu lui parler de notre altercation ? Et Thobias alors ? Que comptait-il vraiment faire de moi ?

Le matin du troisième jour, le prince déboula dans ma chambre, le sourire jusqu'aux oreilles. J'émergeais tout juste du sommeil et ne pus m'empêcher de rire en voyant son air joyeux.

― Bonjour Kylie, claironna-t-il. Devine qui va enfin pouvoir quitter l'infirmerie ?

― Oh, souris-je. Pas trop tôt...

Kian hocha la tête et me tendit la main afin de m'aider à me relever. Je repoussai les draps et agrippai ses doigts en grimaçant. Le manque d'exercice avait pratiquement raidi mes muscles. Je faillis tomber en posant le pied par terre tant j'étais encore faible. Kian me rattrapa de justesse en enroulant ma taille de son bras. Cette soudaine proximité me mit mal à l'aise et je me rappelai des paroles de Devonne.

Lorsque Olivia sera là, ne t'étonne pas de voir mon frère se désintéresser de ton sort.

Je me dégageai avec plus d'empressement que je ne l'aurais souhaité. L'Apte fit mine de ne rien remarquer. Je lui jetai soudain un regard étonné :

― Kian, je ne vais quand même pas sortir comme ça ! dis-je en écartant les bras, mettant ainsi en évidence ma blouse blanche d'hôpital, pas très élégante.

Il éclata de rire.

― Mais non, tu es très bien ! se moqua-t-il ouvertement.

― Tu pourrais au moins me laisser enfiler quelque chose de convenable, soupirai-je. Je pourrais faire appeler Anna, ma femme de chambre !

Kian se raidit, l'air embarrassé. Je compris aussitôt que quelque chose n'allait pas.

― Qu'est-ce que tu me caches ? demandai-je méfiante.

― Je ne sais pas si tu es en mesure d'apprendre une nouvelle pareille. Une enquête a été ouverte à propos de ton empoisonnement et... on a trouvé quelque chose.

Il marqua une pause, histoire de me laisser digérer ces informations, avant de continuer d'un air grave :

― Un poison très rare a été détecté dans l'une de tes robes. Celui qui l'a posé l'a bien dissimulé. Les soupçons se sont vite dirigés vers les couturières, ce qui est logique puisque commettre un acte de la sorte nécessite de l'adresse et de l'habileté. Je suis désolé Kylie, mais ta femme de chambre est la première suspecte sur la liste.

J'en restai bouche bée et ouvris de grands yeux effarés.

― Anna... balbutiai-je. C'est ridicule...

Kian secoua la tête.

― Je suis d'accord. Anna s'est occupée de ma sœur quelque temps et il m'est arrivé de la croiser. C'est quelqu'un de timide et d'inoffensif. Une Inapte qui ne travaille que pour faire vivre sa famille.

La gorge nouée, je me mordis l'intérieur de la joue. L'innocente et craintive Anna ne méritait pas de souffrir à la place du véritable criminel, qui devait sûrement être bien mieux protégé et plus puissant. Sur une impulsion, j'attrapai la main du Prince et la serrai.

― Ne les laisse pas lui faire de mal Kian, je t'en prie, je te fais confiance, et je sais que tu m'aideras à trouver le véritable coupable !

Mon interlocuteur me fixa un long moment en silence.

― Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour aider Anna, je te le promets.

Puis Kian recula brusquement en se raclant la gorge, comme pour se reprendre. Je l'imitai et croisai les bras contre ma poitrine, afin d'étouffer le soudain flot d'émotions qui menaçait de m'engloutir.

― Le coupable essaie sûrement de faire porter le chapeau à une simple employée. Mais il ne s'en tirera pas comme ça ! s'écria le frère de Devonne. En attendant, je pense qu'il serait bon pour toi de quitter la Cour quelques heures. Bientôt, tout le monde saura que tu as quitté l'infirmerie et tu seras scrutée de toutes parts !

Fronçant les sourcils, je poussai un profond soupir.

― Sincèrement, je préférerais éviter cela... mais où pourrions-nous aller pour échapper à ce désordre ?

Kian demeura songeur un moment, puis je vis ses yeux se mettre à briller d'excitation.

― Je crois avoir trouvé une idée. Ne bouge pas d'ici, je reviens tout de suite !

Interloquée, j'ouvris la bouche afin d'en savoir plus, mais Kian quitta la pièce avant que je puisse dire quoi que ce soit. Il revint cependant cinq minutes plus tard, un sac en toile entre les mains.

― Qu'est-ce que tu mijotes encore ? maugréai-je en attrapant le sac et en jetant un œil à son contenu.

Le prince éclata de rire en voyant mon air réticent et me répondit simplement de le retrouver devant la salle du trône dans moins d'une demi-heure.

Quelques minutes plus tard, je sortis enfin de l'infirmerie après m'être lavé et avoir relevé mes cheveux bruns. Heureusement que j'avais été indépendante pendant une bonne partie de ma vie. J'imaginais mal Devonne ou Geneviève se passer de femme de chambre. Le paquet que m'avait remis Kian contenait des vêtements. Des vêtements très simples. Ni robe somptueuse ni bijoux onéreux. Aussi étais-je désormais tout de noir vêtu, débardeur, veste et pantalon assortis.

L'infirmerie étant située au premier étage, je ne devais pas craindre de rencontrer Devonne... ou pire encore, son père. Mes pauvres nerfs n'étaient plus assez fort pour supporter encore leur mesquinerie. Pourtant, en dévalant les marches, je croisai Charles, le petit frère de Geneviève, et fus surprise de le trouver en pleurs.

― Charles ? Quelque chose ne va pas ? m'inquiétai-je.

Le petit garçon essuya vite ses larmes en reniflant puis répondit d'une toute petite voix :

― Non... tout va parfaitement bien.

Charles dut comprendre que son ton n'était pas très convaincant, car il se dégonfla brusquement sous mon regard sceptique. Ses sanglots reprirent de plus belle. Je réagis du tac au tac en lui attrapant la main et en le guidant doucement vers un sofa qui se trouvait sous l'escalier. Je me mis ensuite à lui frotter le dos, attendant qu'il se calme.

Honnêtement, j'étais surprise, je me demandais ce qui pouvait bien faire pleurer un enfant Apte alors que même Amy n'avait pas pleuré lorsque notre père était mort. J'espérais simplement que la raison n'était pas complètement idiote. Puis, je secouai la tête face à ma subite insensibilité.

— Alors, repris-je gentiment. Que me vaut l'honneur de voir un petit prince pleurer ?

Le petit prince leva vers moi ses grands yeux humides. À cet instant, il me rappela vaguement Ariane, la jeune sœur de Jake.

― J'ai reçu une lettre de ma mère, avoua enfin Charles.

Mélanie l'avait mentionnée la dernière fois.

― Elle a appris par l'un de mes enseignants que je n'arrivais à rien en ce qui concerne l'Aptitude.

Je me raidis instinctivement, envahie d'un terrible doute.

― Depuis combien de temps t'entraines-tu ? demandai-je prudemment.

— Six mois.

Je déglutis bruyamment et observai le plus jeune rejeton de la famille royale sans mot dire. L'inquiétude d'Élise DeCalonne était justifiée, car si Charles ne montrait aucun signe d'Aptitude, il deviendrait un Déclassifié. Les Déclassifiés étaient tous issus de familles d'Aptes. Mais le moment venu, ils n'arrivaient pas à user de leurs pouvoirs. Pour la simple raison qu'ils n'en avaient pas.

Je ne pus retenir un frisson. On ne leur accordait même pas le droit d'être considérés comme Inaptes, non, on les traitait comme des êtres contre nature. Je n'en avais jamais vu, mais je savais qu'ils vivaient en retrait à la sortie des grandes villes et que chaque Déclassifié se voyait forcé d'arborer au quotidien un immonde tatouage, signe de sa déchéance et de son déshonneur.

Je focalisai de nouveau mon attention sur Charles, qui tripotait nerveusement un bouton de manchette, le regard hagard. Un tic nerveux que j'avais déjà remarqué chez Kian.

― Tout va bien se passer, ce n'est peut-être qu'un passage tu sais, murmurai-je en lui caressant les cheveux.

Il secoua la tête.

― Comment le dire à Geneviève ? La connaissant, elle se fera sûrement encore plus de sang d'encre que Mère, gémit-il. Je travaille sur mes pouvoirs depuis si longtemps, mais mon labeur ne semble apporter aucun fruit...

― Me dire quoi ?

Charles et moi nous retournâmes comme un seul homme. Geneviève venait d'arriver. Elle fronça les sourcils en voyant ma tenue puis me dit :

― Je vois que tu vas mieux, Kylie... je suis contente pour toi.

Et elle me sourit sans demander d'explications. C'est alors que la jeune fille remarqua l'état pitoyable dans lequel se trouvait son frère. Une ombre passa sur son visage et son front se plissa d'inquiétude.

― Euh... je vais vous laisser, marmonnai-je, gênée.

Je poursuivis mon chemin, préférant laisser frère et sœur avoir une conversation privée. Pourtant, je ne pouvais chasser la boule qui s'était formée dans mon estomac. Je me sentais mal pour Charles. Il ne méritait pas de devenir un Déclassifié.

La roue tourne, chuchota une voix cruelle en moi. Évidemment, même si aucun enfant ne méritait cela, la famille royale allait sérieusement en pâtir. Sa réputation risquerait d'être entachée. Sauf, bien sûr, si Charles disparaissait avant que son secret compromettant ne soit découvert.

Ils feraient passer ça pour un accident, comme la mort de son père, ajouta la même voix dans ma tête.

Je secouai la tête. D'où me venaient ces étranges idées ? Puis avant que je comprenne ce qui m'arrivait, mes mains prirent feu. Des flammes allèrent lécher ma peau, du bout de mes doigts aux poignets. Affolée, je regardai les langues de feu arriver au bord de mes manches avant de s'évanouir aussi brusquement qu'elles étaient apparues.

Soulagée, mais le cœur affolé, je poussai un profond soupir en jetant des regards autour de moi. Ça n'avait duré que quelques secondes, mais si quelqu'un y avait assisté, tout aurait été fini ! Thobias aurait exigé ma tête sur un plateau...

Soudain, j'aperçus Kian au détour d'un couloir. Lui aussi était vêtu de vêtements ordinaires. Un jean, un sweat-shirt et une casquette. Le voir ainsi m'arracha un sourire.

― Qu'est-ce que tu trouves drôle ? demanda-t-il en souriant à son tour.

Je secouai la tête en laissant échapper un petit rire.

― Si mon père me voyait comme ça, il me déshériterait sur le champ ! grimaça le jeune homme avant de me demander : tu es prête ?

Je fis oui de la tête, légèrement méfiante. Depuis qu'il m'avait annoncé que nous sortions, je n'avais pas cessé de me demander ce qu'il pouvait bien mijoter. Soudain, un petit bruit de pas retentit derrière nous. Le prince pâlit alors et me fit signe de me dépêcher.

― Mieux vaudrait ne pas être vus en train de quitter la Cour, grommela-t-il d'un air sombre. Du moins pas par n'importe qui...

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