SOANE WILSON
1:35am, Boite de nuit
La ville de Shefield avait crée un événement sur les réseaux sociaux il y a une semaine, assurant qu'il y aurait DJ Aidaen pour chauffer la plus grande discothèque du coin. C'était un DJ irlandais, le préféré de ma blonde, pour rien au monde je ne voulais rater ça. J'avais une intuition : elle allait être là. Et ça n'avait pas raté. Elle sautillait depuis le début de la soirée parmi la foule, et elle me donnait affreusement chaud, vêtue d'une robe noire bien trop moulante pour elle. Je crois même qu'elle m'appartenait. J'étais postée au coin VIP, légèrement surélevé par rapport à la piste, et je ne perdais pas une miette de ce spectacle. Elle avait l'air de s'amuser, même si le fait que Tate ne la lâche pas du regard avait l'air de l'oppresser. Il faisait ça pour son bien, et je m'étais jurée qu'un jour je le remercierais d'avoir prit autant soin d'elle.
" Vraiment, tu ne peux pas t'en empêcher, soupira Caleb dans mes oreilles, son haleine alcoolisée me faisant tressaillir.
- Quoi?
- On vient ici, à l'une des plus grandes fêtes de l'année, et toi, tu passes ta soirée à la fliquer. "
Il prit une pause pour siroter son énième verre de Whisky.
" Agis, annonça t-il d'une voix décidée.
- Comment ça? le questionnais-je en daignant enfin le regarder. "
Il me saisit délicatement par les épaules afin que je lui prête totalement attention. Je me retrouvais dos à la barrière où j'avais été accoudée toute la soirée pour garder un oeil sur ma perle rare, et je vous avoue que mon coeur se languissait déjà de reprendre ma position initiale pour détailler chaque parcelle de sa peau.
" Tu la veux, non? Alors fonce, putain.
- C'est pas si simple, soufflais-je en levant les yeux ce qui eut le don de l'exaspérer.
- Si ça l'est. Tu l'aimes, elle t'aime, ça crève les yeux, alors bordel, pourquoi est-ce que vous vous sentez obligées de toujours tout compliquer, merde? "
Je n'ai jamais rien compris aux maths, mais si il y a bien une équation dont je connais sans aucun doute la réponse, c'est que Caleb + trop de Whisky = paroles lucides et réfléchies.
02h10, Boite de nuit
L'alcool coulai à flot et ma blonde avait sûrement dû en abuser puisque je la vis se frayer un passage jusqu'au couloir de la boite. C'était un corridor étroit,seulement éclairé par des néons violets, où régnait une odeur désagréable de transpiration, parsemé de couples en train d'entamer des ébats, mais malheureusement c'était le seul endroit frais ici. Je suivais Ysia sans même me préoccuper du fait que j'étais bien loin d'être discrète, et qu'à tout moment elle aurait pu me repérer. La musique semblait plus lointaine, et le son était légèrement déformé. La blonde colla son front contre l'un de murs froids, juste à côté d'une fille qui recrachait tout son repas (d'ailleurs, quelle idée de manger des crudités avant d'aller en soirée? on ne rigole pas avec les crudités....). Elle rassembla ses cheveux dans une queue de cheval brouillon et soupira. "C'est le moment", me répétais-je en essayant d'être convaincante. Je m'approchais et posais doucement ma main sur son épaule. La température basse de mes doigts dût la surprendre puisqu'elle tressailli.
" Soane? prononça t-elle, ahurie.
- Salut, articulais-je simplement tandis qu'elle se tournait lentement vers moi. "
Elle pencha la tête vers la gauche et arrangea ses cheveux qu'elle avait rassemblé dans une queue de cheval haute et plaquée (aucun cheveu n'osait se rebeller tant cette coupe mettait son visage en valeur).
" Tu passes une bonne soirée? demanda t-elle innocemment.
- Vide.
- Vide? C'est blindé de monde ici.
- Je me fous du monde. Je me sens vide. Depuis des mois. Depuis que j'ai merdé, poursuivais-je devant son regard plein d'interrogations. J'me sens pas bien, sans toi c'est plus pareil, la terre tourne à l'envers, et elle tourne lentement bordel, si lentement, comme si elle voulait me faire regretter chaque seconde passée loin de ton corps.
- Et ça marche? Je veux dire : tu regrettes?
- J'ai tous les regrets du monde sur mes épaules. J'entends ta voix à chaque coin de rue, même mon oreiller me murmure de te retrouver, et la voix dans ma tête, elle, c'est la pire, parce qu'elle son pied, elle prend plaisir à me tuer lentement en me rappelant que je suis une pauvre idiote. J'ai bien trop d'écorchures sur le bout de la langue tant je me retiens de te crier que je t'aime, et que putain, ouais, je t'aime. "
Elle baissa la tête et sembla pensive. Sa bouche se crispa et ses lèvres furent bientôt tremblantes. Elle me tendit doucement sa main et je la saisis immédiatement, dans un réflexe brutal. La chaleur de sa main d'entrechoqua avec la basse température de mes doigts, mais cela ne sembla pas la déranger. Elle s'est dirigée vers la sortie, me tirant rapidement, dans un geste pressé. Dehors, elle continua à avancer, à marcher quelques mètres jusqu'à ce que l'on soit loin de cet endroit où la sincérité de mes mots résonnait encore. Elle s'arrêta finalement en plein milieu d'une rue pleine de pavés, faiblement éclairée d'un lampadaire dont la lumière paraissait orangée. Elle tournoya une fois, puis deux, après avoir lâcher ma main.
" J'ai embrassé Tate ici. Sous la pluie. "
Ses mots dansaient dans un rythme assassin qui assaillait mes pensées de milliers de petits pics argentés où étaient gravés des remords.
" Je m'en fiche. Je peux vivre avec ça, me convainquais-je.
- Tu peux supporter le fait que ma peau ait brûlé contre la sienne tant de fois en une nuit que j'en fus entièrement consumée?
- Je peux le supporter, oui. Car c'est ma faute. Je ne peux pas t'en vouloir. Jamais.
- Et toi Soane, qui t'as consumé? questionna t-elle en s'approchant de moi jusqu'à ce que son souffle bute contre mes lèvres.
- Personne.
- Encore?
- Personne, Ysia.
- Tu n'as pas trouvé mieux, alors? ironisa t-elle.
- Je n'ai jamais cherché. "
Son talon claqua contre le sol. Sa queue de cheval eut un sursaut, et ses joues (fortement surplombées d'un blush foncé) se creusèrent un peu plus.
" Alors tu faisais quoi tout ce temps?
- Je n'ai pas cessé un instant de penser à toi. J'ai tellement souhaité te retrouver que je m'en suis rendue malade. Je dormais plus. Je sortais plus. Je mangeais plus.
- Tu as tellement maigri, me coupa t-elle en caressant mes cheveux. "
Cette simple caresse réveilla mes sens. J'en avais besoin. Tellement besoin.
" 7 kilos? Pas vrai?
- Environ, oui, soufflais-je.
- J'ai cru que tu te droguais. Quand j'ai vu ça, enfin, toi, amaigrie, j'ai direct fait le rapprochement à... Désolé.
- T'es la seule drogue qui fait effet sur moi, murmurais-je. "
J'avais posé ma main sur la sienne qui était descendue sur ma joue pour me réchauffer. Elle baissa la tête à nouveau et déglutit, mais sa main ne bougea pas.
" Excuse-moi, s'il te plait, suppliais-je.
- Tu t'es pardonnée, toi?
- J'ai besoin que tu le fasses pour moi, lançais-je dans une plainte aiguë. "
Elle déposa son autre main de l'autre côté de mon visage et plaqua son front contre le mien. Elle inspira fort.
" Ysia...
- Je ne t'en veux plus. C'est fini toutes ces conneries. J'veux que tout redevienne comme avant, sanglota t-elle, la voix rouillée, j'veux que tu reviennes tout près de moi et qu'on fasse des plans sur la comète jusqu'à en perdre la tête. "
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Bonjour mes amours, j'espère que vous allez bien et que ce chapitre vous aura plu. Il est court, mais assez lourd de sens. Je pense que vous aviez toutes hâtes de cette réconciliation. Moi aussi. Je vous dis à très bientôt, pour de nouveaux mots, des bisous ! xx