Fatoumata Diarray Diallo.
Je suis vraiment la personne la plus heureuse au monde aujourd'hui. Grâce ma sueur, J'ai gagné dignement mon premier salaire. J'ai tellement attendu ce jour. J'ai vraiment hâte d'appeler au village et de parler à ma mère. Je ne l'ai pas fait plutôt parce que je ne saurai quoi lui dire apart que je vais bien et que le fait d'être loin d'elle me ronge chaque jour.
Or qu'aujourd'hui, je sais qu'elle pleurera dès qu'elle aura entendu ma voix mais sera également contente de savoir que sa petite fille est une battante, que je n'ai nullement dévié du chemin qu'elle m'a demandé d'emprunter.
Je vois la voiture d'Amdy qui se gare devant moi. Je souris et monte côté passager avant de me jeter dans ses bras.
-Wow qui y'a t-il princesse? Dit-il en se détachant de moi.
-J'ai reçu mon premier salaire aujourd'hui mon coeur. Dis-je très excitée.
-Ha bon? C'est pourquoi t'es aussi contente. Félicitations ma belle.
-Merci. J'ai hâte d'appeler au village et d'envoyer l'argent à ma mère. Je veux que mon père sache que je gagne ma vie dignement.
-Je suis très heureux pour toi amour. Tu es une fille très battante et ça me plait en toi.
Je souris et il me caresse la joue. Je vois qu'à chaque fois qu'on parle de ma famille il est mal à l'aise. J'ai pourtant tout fait pour lui expliquer que je ne lui en veux plus et que c'était le destin. Il fallait qu'on passe par là pour être ensemble.
Il démarre et aussitôt débute une conversation très animée sur la mode. Sur les nouvelles tendances et sur le dernier défilé de Gaultier. Comme chaque jour, depuis quelques jours c'est Amdy qui vient me chercher au travail et me dépose à la maison avant de rentrer. On est devenu tellement attaché l'un à l'autre que je n'imagine même plus ma vie sans lui.
Il me donne beaucoup de conseils pour mes créations, critique et apprécie quand il faut. Je me demande comment il a eu ce don particulier sur la mode.
Il se gare devant la maison qui doit être vide d'ailleurs. Une cousine d'Adji et Daouda se marie et ils doivent tous y être en ce moment. Ma tante a insisté pour que je vienne avec eux mais j'avais beaucoup de travail aujourd'hui et le défilé approche.
-Amour, je vais appeler au village et...j'aimerais que tu sois près de moi s'il te plaît.
-D'accord, allons y.
On sort et j'ouvre la porte avec ma clé.
-Assied toi. Je vais te chercher un verre.
Omniscient.
Elle pose son sac et se dirige vers la cuisine. Elle met un jus d'orange dans un verre mais elle n'arrive même pas à contrôler son corps qui tremble et elle lâche le verre qui s'est écrasé sur les carreaux.
-Fatima? Crit Amdy.
Aussitôt elle le voit débarquer dans la cuisine. Il vient la prendre dans ses bras puisqu'elle a commencé à pleurer. Le fait d'appeler au village la stresse grave.
-Chutt calme toi bébé. Ça va aller ok.
Elle secoue la tête positivement et il l'emmène vers le salon.
- Calme-toi bébé. Tout va bien se passer. N'est ce pas ce que tu attendais? Il est maintenant temps de rassurer ta mère et de la rendre fière de toi. Ce n'est plus le moment de pleurer mais le moment de lui monter que sa fille a grandi et qu'elle est maintenant responsable. Tiens prend mon téléphone. Je suis là.
Il lui tend son téléphone qu'elle saisie. Il efface ses larmes avec ses pouces. Elle compose le numéro du boutiquier du village et colle le combiné à son oreille le coeur battant. Après quelques sonneries, elle entend enfin une voix.
-Assalamou Aleykoum.
-Aleykoum Salam...Amadou?? Dit-elle.
-Oui. Kokou kane la? C'est qui?
-C'est Fatima Amadou, c'est Diarray. Dit-elle la voix nouée.
-Fatoumata Diarray Diallo?? Crit il. Ma petite étoile? C'est bien toi??
-Oui Amdou c'est...bien moi. Comment tu vas?
-Hey Allah. Ma Diarray. Comment tu vas? Chaque jour je demande de tes nouvelles à ta mère mais elle pleure rek ndayesanne et elle s'en va. Tu es revenue?
-Non Amadou mais je vais très bien. J'aimerai parler...à ma mère.
-Bien sûr. Je vais lui donner le téléphone legui.
Puis elle n'entend plus rien. Amdy lui prend la main et la caresse. Elle se détend aussitôt. Juste son regard la rassure. Après quelques minutes elle entend enfin la voix...de sa mère. Et ses larmes coulent à flot.
-Fatima??...Diarray, ma fille c'est toi?
-O-oui...néné...c'est Moi...c'est Moi maman c'est moi.
Elles se mettent à pleurer toutes les deux pendant 10mn, 20mn, 1h, 2h, on ne sait pas. Le moment semble si irréel. Si intense. Si émouvant. Aucune des deux ne trouvent la force de parler. Juste le fait d'entendre l'une la voix de l'autre leur fait un plaisir inouï. Elles ont tellement entendu ce jour.
-Fatima ma fille, ay sama dome dji bayangui si diameu. Fonek? Depuis que tu es partie je ne vis plus. Lekatouma nanatouma. Wakhma...wakhma bakham yangui si diameu? Wakhma...
Astel continue de pleurer malgré elle. Elle ne voulait pas inquiéter sa fille mais ses larmes sont devenues incontrôlables.
-Maman je vais bien...Je vais très bien. Je n'ai aucun problème. Je suis nourrie et habillée. Je travaille. Mon seul souci est le fait d'être loin de toi, loin de ma famille. Je suis à Dakar.
-Ay Fatima bobou ba legui wotéwo? Même ton père va mal. Chaque jour qui passe il se morfond de t'avoir fait ça. Il le regrette. Il donnera tout pour te revoir.
Tima n'en croit pas ses oreilles. Son père regrette? Elle est si heureuse sa joie est immense et elle sourit légèrement. Ce qui fait sourire le jeune homme près de lui qui lui tient toujours la main.
-Même si je lui en veux néné, jamais je ne pourrais haïr mon père. J'ai très bien compris sa réaction.
-Reviens ma fille. Je t'en supplie reviens au village et tout sera comme avant.
-Maman, bien sûr que je reviendrai mais il faut que je reste encore à Dakar. J'ai un travail ici et puis j'ai eu mon premier salaire aujourd'hui et je vais te l'envoyer. Donne-le à papa qu'il prie pour moi. Je t'appellerai très souvent inchaallah.
-Je peux lui passer le téléphone ma fille?
-Non maman, je ne suis pas prête à lui parler. Tu me manques énormément maman. Tu sais, là où je travaille on prépare un grand défilé et ça passera à la télévision. J'aimerai que tu regardes ça. Tu me verras sûrement. Je veux juste que tu sois fière de moi.
-Inchaallah! Aicha...
Sa mère ne termine même sa phrase qu'Aicha lui arrache le téléphone. Elle était près de sa mère depuis le début.
-Allô Fata?
La voix de sa soeur lui remplit le coeur de joie. Elles se mettent toutes les deux à crier comme des gamines. Fatima raconte son arrivée à Dakar et ses rencontres en omettant certains détails pour ne pas l'inquiéter. Aicha n'arrive pas à croire que sa soeur travaille dans la mode. Elle a enfin réalisé son rêve. Fatima lui demande de regarder sur les réseaux sociaux en tapant AïdaraDesign pour voir ses créations.
-Quoi? AïdaraDesign t'as dit? demande Aicha.
-Oui. Tu sais tu n'as qu'à demander la permission à papa pour venir voir le défilé. Je sais déjà qu'il dira non mais essaie quand même. Je veux que tu viennes me soutenir soeurette.
-Ok ok mais AïdaraDesign? Ça me dit quelque chose.
Tima éclate de rire.
-Je sais. Je t'expliquerai une autre fois. Je vais envoyer l'argent via OrangeMoney sur le numéro d'Amdou. Tu le récupéreras.
Aicha ne voulait pas lâcher l'affaire mais sa soeur la convaint en lui donnant son numéro de téléphone pour qu'elle puisse se rappeler avant de raccrocher, le coeur et l'âme soulagés.
Fatoumata Diarray Diallo.
Je me sens très apaisée à présent. J'ai parlé à...ma mère, à ma soeur. Les deux reines de ma vie! Enfin! Je crois que j'ai bien choisi le moment de leur parler. Et puis mon père? Je suis contente qu'il ait enfin ouvert les yeux. Je comprends ses remords. Renvoyer sa propre fille à peine majeur de chez lui, au beau milieu de la nuit, après l'avoir battu, humilié et voulant la marier de force avec un vieux, il faut être inhumain pour ne pas avoir des regrets.
-Ça va mon amour? Me demande Amdy.
-Oui! Ça va mieux maintenant. Je suis très contente de leurs avoir parlé.
-J'imagine bien. Enfin je te vois détendue. Je n'aime pas te voir triste. Je veux juste que tu sois heureuse.
-Je sais. Et depuis que je suis avec toi tu me comble de joie. À chaque fois que je suis triste ou que je me sens seule tu es à mes côtés. Je t'aime énormément.
-C'est mon devoir. Moi aussi je t'aime énormément mon coeur. Et puis y'a ma mère qui ne cesse de demander après toi, quand compte tu lui rendre visite tamitt.
-Bon, on fait ça dimanche donc.
-Super. Je vais lui dire. Enfin elle me laissera tranquille.
Je rigole.
-Tu sais j'ai un rendez très important. Tu crois que tu pourrais rester seule?
-Mais oui bien sûr. Vas y. Adji ne va pas tarder à rentrer sakh.
-Tu es sûre?
-Mais oui puisque je te le dis.
-Donc tu me donnes la clé et je vais t'enfermer ici comme ça curieuse que t'es, tu ne risqueras pas d'ouvrir la porte.
-Mdr, t'es pas sérieux là. Aller arrête de faire le jaloux et vas y sinon tu vas rater ton rv dis-je en lui tirant la main pour qu'il se lève.
-T'es plus importante que ce rendez-vous tu sais bébé.
-D'accord mais je ne veux pas que Bachir m'accuse encore une fois d'être responsable de tes retards au travail et de tes absences.
-Oublie ce con dit-il en me tirant vers lui. Promets-moi de ne pas ouvrir la porte et d'aller gentiment te coucher sous ta couette comme une gamine qui a peur de la pluie.
Je rigole de plus bel.
-Sauf qu'il y'a pas de pluie ici. Bref ok je vais le faire. C'est promis. Dis-je pour qu'il parte enfin.
Elle m'embrasse sur le front et me caresse les cheveux. J'adore quand il fait ça. Je le raccompagne. Il me fait un doux smack avant de monter dans sa voiture. Je ferme la porte et me jette sur le canapé. Fatiguée. À cause du défilé, je n'ai plus le temps pour rien. Je réfléchis nuit et jour sur de nouvelles choses à créer. J'ai hâte que cela se termine.
J'entends sonner à la porte. Qui ça peut être à cette heure?
Il n'est que 20h fatima!!
Oui mais qui ça peut être quand même.
Je repense à ce qu'Amdy vient me dire. Je souris bêtement et pars vers la porte.
-Qui est ce? Dis-je.
-C'est moi, Jules.
-Ah. Fais-je en ouvrant la porte.
Il me fait la bise et entre se poser sur le canapé. Je ferme la porte et m'asseois.
-Comment tu vas jules?
-Bien, depuis que je t'ai vu ma belle.
-Hum, tu sais Adji est allée...
-Oui je sais. Elle me l'a dit. C'est pourquoi je suis venue. Pour te voir toi dit il en se rapprochant de moi et sourit.
-Je ne te suis pas là. Dis-je en m'éloignant de lui.
-Sérieusement? Fatima tu veux me faire croire que tu ne te rends pas compte du fait que je sois fou de toi, de tes formes, de ta démarche...oulalala.
Il se rapproche davantage et sourit diaboliquement. Putain, ce gars est taré?
-Mais t'es malade? Qu'est ce que tu racontes? Tu oublies que tu es le copain d'Adji qui est d'ailleurs comme ma soeur.
-Mais elle n'est pas ta soeur. Et t'inquiète pas elle n'en saura rien si tu lui dis pas beauté. Depuis que je t'ai vu je ne veux plus d'elle...
Il prend ma main et tente de me toucher la joue avec l'autre main. Je me lève brusquement et le gifle de toutes mes forces. Je profite de son moment d'égards pour courir vers la cuisine et m'armer d'un couteau.
Qui sait ce qu'il pourrait tenter. En plus je suis toute seule à maison.
Je reviens vers le salon et le trouve debout avec son putain de sourire.
-Dégage immédiatement d'ici où je te bute espèce d'imbécile crié-je.
-Tu crois que tu me fais peur? Sourit-il. Écoute, moi je suis fou de ton corps, je veux juste qu'on le fasse une fois et je te donnerai tout ce que tu veux. Adji n'en saura rien.
-Mon Dieu. Je rêve ou quoi?? Jules, Adji t'aime énormément et toi tu joues avec ses sentiments depuis le début. Tu caches bien ton jeu vieux pervers.
-Bien sûr que je l'aime bien Adji, mais...il se trouve juste que tu m'as tapé dans l'œil.
-SORS IMMÉDIATEMENT D'ICI. Crié-je.
-Sinon quoi? Tu vas me tuer? Tu n'es même pas capable de tuer une mouche beauté. Je vais sortir juste parce que je ne veux pas qu'Adji me trouve ici. Quant à toi, tu ne sais pas ce que tu rates.
-Je vais tout lui dire.
-Ah bon? Et tu crois qu'elle va te croire? Tu l'aimes beaucoup n'est ce pas? Si tu lui dis comme ça, ça lui prendra de haut. Et tu lui briseras le coeur parce que son homme est tombé amoureux de toi et elle sera jalouse. Réfléchis bien princesse dit il avant de se diriger vers la porte et de sortir.
Je me jette sur le canapé encore une fois. Putain comment vais je dire ça à Adji. Cet imbécile a raison. Je risque d'être prise pour la coupable dans l'histoire. Même si Adji me fait confiance j'ai peur que son amour prend le pouvoir sur la raison. Qu'est ce que je vais faire pour démasquer cet imbécile comme il faut?
Majestymouridya