Non.Non.Non. J'ai dû mal entendre. Ça doit être un rêve.
Mon père se lève précipitamment.
-Fatima bon sang qu'est ce qui t'arrives? Regardes ce que tu as fais.
-Non mon père ce n'est rien. Elle ne l'a pas fait exprès dit l'homme en costard.
Je reste figée sur place ne sachant où me mettre. Je regarde ma mère qui a toujours les yeux baissés et Aicha qui me tient par le bras.
-Pa...Papa...Qui est ce qui se marie?? Réussis je à sortir de ma bouche.
-Ma chérie tu as l'air surprise par la nouvelle intervient Badiène. Cet homme est venu demander ta main. Et ton père va bientôt la lui accorder.
Contre toute attente, moi même je suis surprise par ma réaction: je me mets automatiquement à rire. Un rire perdu...triste...nerveuse qui n'a pas tardé à se transformer en pleure.
-Astel ramène Fatima dans la chambre. Ordonne mon père.
Ma soeur me ramène dans la chambre. Je me jette sur le lit et mes larmes perlent mes joues. Je n'arrive pas à croire que mon père puisse me faire ça. Qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça?? Pourquoi il me fait vivre un tel calvaire?? Me marier?? Me marier??? Me marier à cet âge?? À un homme que je ne connais pas?? Non nonnon j'ai envie de mourir.
-Fata snif...Fata s'il te plaît arrêtes ne pleure pas.
-Aicha...Aicha dis moi que ce n'est pas vrai. Mon père ne peut pas me faire ça...Aicha...
Elle se met à pleurer fort. Je me tourne vers ma mère et prends ses deux mains.
-Néné...dit moi...Que ce n'est pas vrai. Je suis...encore jeune...je n'ai que 18 ans même Aicha est plus âgée que moi maman.
Elle me regarde tristement et me caresse la tête. Je vois de la déception dans ses yeux. De l'impuissance. Mon DIEU aidez moi.
-Ma fille...je regrette. Je regrette de ne pouvoir rien faire pour te soutenir pour de retirer cette souffrance et la vivire à ta place. Je ne peux rien dire contre la parole de ton père. Tout ce que je sais c'est que je t'ai éduquée de telle sorte que où que tu sois tu pourras y rester. Je n'ai pas peur parce que je sais que tu ne t'égareras jamais dans le chemin opposé de celui du miséricordieux. Si ton père fait tout ça c'est pour ton bien, pour ton avenir. Va ma fille. Va tu as ma bénédiction. Tu peux gérer ce mariage. Tu peux gérer ce foyer. J'ai confiance en toi...Pa...pardonne...
Elle ne termine pas sa phrase et éclate en sanglots en se cachant derrière sa voile. Ça veut dire que je vais me marier. Ça veut dire que mon père va vraiment accorder ma main à cet homme. Mon Dieu...
-Je veux rester seule finis-je par dire.
-Fata...
-Laisser moi seule répèté-je.
Elle se lève et aide ma mère à se relever. Je deteste voir ma mère en larmes. Je ne lui en veux pas. Depuis que je suis née je l'ai connue comme ça. Soumise et dévouée à mon père. Elle ne le contredit jamais même quand il a tort mais là il exagère vraiment. Je suis encore très jeune et cet homme...il doit avoir plus de 30 ans. Comment vais-je faire pour surmonter ça??
Tout ça à cause d'un homme. Tout ça à cause des photos.
Je déteste cet Amdy Moustapha Aïdara. Il a reussi à détruire ma vie.
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Je ne sais pas pendant combien de temps j'ai dormi. Je suis réveillée par ma soeur pour la prière de fadjr. Je me lève et porte une jallaba puis pars faire mes ablutions. Je retrouve toute la famille dans la cours sauf Awa, khady et leur frère Samba qui ne se reveillent jamais pour prier le matin. Je me mets à côté de ma mère et mon père commence.
Après la prière je me lève vite pour retourner dans la chambre. Je ne veux absolument pas voir mon père. J'ai juste envie de m'isoler et de rester seule.
-Fatima.
La voix de mon père m'arrête dans ma démarche. Je m'estompe et me retourne doucement.
-Assied-toi. J'ai à te parler.
Je me rassois près de ma mère.
-Je sais que cette nouvelle t'a prise au dépourvue mais saches juste que je n'ai pas l'intention de te faire du mal. Au contraire si je l'ai prise c'est pour ton bien et pour celui de la famille. Donc je voudrais juste que les choses soient claires pour toi et que tu fois prête parce que le mariage sera scellé dans deux semaines.
-Baba je ne dois pas m'opposer à tes dires ni rajouter quelque chose à tes paroles mais me marier n'est pas une décision que tu dois prendre sans mon accord.
-Je n'ai pas besoin de t'aviser pour quoi que ça soit concernant mes décisions. Je suis ton père alors je ne vais même pas te permettre de t'opposer à ma décision ce que personne ici ne fait d'ailleurs à part mon grand frère.
-Mais baba je n'ai que 18 ans et cet homme pourrait être mon père. En plus je ne l'aime pas.
-C'est bien pour cette différence d'âge que je lui donne ta main. Il saura de canaliser. Fatima tu as fais assez de bêtises comme ça et je te le répète c'est pour ton bonheur ma fille. Et puis qu'est ce que tu sais de l'amour toi? Tu l'aimeras après le mariage dit-il sans appel mais ça ne m'a pas empêché de lui répondre.
-Ah oui? Pour mon bonheur ou parce que vous êtes aveuglés par son argent.
Il se lève furieux.
-FATIMA JE NE SUIS PAS TON ÉGAL. TU DEVRAIS PLUTÔT REMERCIER DIEU D'AVOIR MIS CET HOMME SUR TON CHEMIN. QUEL HOMME VOUDRAIT DE TOI APRÈS CE QUI S'EST PASSÉ À LA TÉLÉ. EN PLUS DE ÇA JE TE VOIS BRAVER TOUTES LES LIMITES ET FAIRE TOUT CE QUE J'INTERDIS DANS CETTE MAISON.NE M'ÉNERVES PAS FATOUMATA DIARRAY DIALLO.
Je me lève à mon tour. Je ne sais pas d'où me vient ce courage mais je vais devoir affronter mon propre père aujourd'hui.
-Si tu m'avais écouté Papa tu saurais peut être que je n'ai rien fait de tel et que je n'irai jamais à l'encontre de tes interdits. Tout ce qui s'est passé n'est qu'accidents ou coups montés.
-ET MAINTENANT TU COMPTES ACCUSER LES AUTRES DE TES ERREURS?? ÉCOUTES MOI JEUNE FILLE TU VAS TE MARIER AVEC CET HOMME QUE TU LE VEUILLES OU NON.
Les autres membres de la famille se reveillent sûrement alertés par les cris.
-Ah bon? Tu vas me forcer Baba? Comme quand tu m'as demandé de quitter mes études parce que l'école nous pervertit d'après toi. Comme quand tu as voilé Aicha de force. Comme quand tu nous force à faire les choses selon tes souhaits à moi, ma soeur et ma mère.
-Diarray rassoit toi immédiatement. Intervient ma mère mais je ne l'écoute pas.
-Je ne suis pas Aicha ni ma mère papa. Ce mariage, tu trouveras une autre mariée parce que moi je ne me marierai pas.
-Tu es malpolie Fatoumata Diarray Diallo. Est ce une facon de t'adresser à tes aînés?? Dit oncle Hamidou.
-Oh mon dieu cette fille est possédée. Renchérit Badiène.
Ma mère pleure toujours avec Aicha à ses côtés. Je suis vraiment désolée mais je ne pouvais pas ne pas parler.
-Très bien. Dit mon père. C'est entendu. Maintenant la décision te revient. Continue t-il avant de marcher rapidement vers notre chambre.
Je reste debout. Les larmes pleines les yeux. La tête baissée. Il règne un silence de mort dans la cours. Personne n'ose parler. On entend que le bruit d'une grenouille.
Mon père ressort quelques minutes plus tard avec un sac et le jette à mes pieds.
-C'est soit tu acceptes le mariage soit tu quittes cette maison immédiatement. Dit il sans le moindre remord dans les gestes.
Il me jette hors de cette maison??!!!
Ma mère se précipite vers lui et se jette à ses pieds.
-ay Seydou boulma defni Ay Seydou soutouralma Boulko gueinei ki khallé la.
C'est comme si la terre avait arrêté de tourner. Comme si les étoiles avaient disparues. Comme si le vent ne soufflait plus. Comme si je suis toute seule au milieu d'un desert. Mes jambes tremblent et menacent de me lâcher d'un moment à l'autre. Mon coeur s'alourdit d'un coup et le pire mes larmes ont cessé de couler.
Je regarde ma mère accroupie suppliant mon père, ma soeur le visage désemparé quant aux autres membres de la famille ils ont l'air de ne rien avoir à y faire. Je sais que ce que je m'apprête à faire risque de les blesser profondément mais je n'ai pas le choix. D'un côté je ne veux pas abandonner ma mère et ma soeur mais d'un autre je ne peux pas bafouer mon avenir. Je suis majeure et débrouillarde. Je sais que je m'en sortirai toute seule. J'ai reçu une bonne éducation et où que je serai je saurai discerner le bien du mal. Je n'ai jamais pensé que je quitterai ma mère si tôt mais mon propre père m'a mise hors de chez lui à cette heure. Je regrette de le dire mais je doute de son paternité. Malgré tout...je ne vais pas le laisser gâcher mon avenir...
J'avance doucement et ramasse mon sac que je porte sur mon épaule avant de me diriger vers ma mère. Je la prends par les épaules et la relève.
-Ne te rabaisse plus davantage mère. Je suis ta fille et tu n'a rien épargné dans mon éducation. Pries pour moi maman. J'ai juste besoin de tes prières pour me guider et me bénir. Je m'en vais mais je reviendrai. Je reviendrai néné et je te promets que tu seras fière de moi. Ne pleure plus. Sèche moi ces larmes et sache qu'un jour elles seront celles de joie dis-je et sans m'en rendre compte je pleure avec elle.
Je me dirige ensuite vers ma soeur.
-Prends soin d'elle Aicha. Prends soin de vous deux s'il te plait.
-Fata dit-elle la voix mis audible...
-Ne t'inquiète pas.
Je me retourne et porte mes sandales avant de me diriger vers la sortie. Je passe à côté de mon père et le regarde longuement avant de continuer.
-Fata attend.
Je me retourne et la vois courir dans la chambre. Elle en ressort et me prend la main avant d'y placer un billet de 5000f.
-Prends ça.
Elle me prend dans ses bras et me serre fort. J'ai dû mal à me détacher d'elle mais il faut que je parte. Je me retire de son emprise et marche vers la sortie. J'espèrais au fond de moi que mon père m'arrête pour s'excuser...qu'il reconnaisse son erreur...mais rien...j'ouvre la porte et me retourne et vois ma mère à terre pleurant de chaudes larmes. Je sors de la maison avec le coeur en miettes.
Et me voilà airer dans les rues à 5h du matin. Mon père, si je peux toujours me permette de l'appeler comme ça m'a mise à la porte à une heure pareille sans se soucier de ce qui pourrait m'arriver dans la rue. Je n'ai jamais quitté cette maison depuis ma naissance. Je ne connais que cette maison. Où est ce que je vais bien pouvoir aller?? Le village où habite grand mère est loin d'ici et de toute façon elle n'aura rien à me donner. Je Vais juste lui apporter des problèmes si je vais là bas.
L'idée d'aller à la gare me traverse l'esprit d'un coup. Je sais qu'à cette heure il y'a souvent du monde à cause des voyageurs peut être que je pourrais être à l'abri et avoir un endroit où dormir.
Mes pas me dirigent vers la gare et effectivement il y'a du monde. J'arrive et m'asseois sur un banc diaxlé comme les sénégalais le disent. Ce banc définit parfaitement mon état actuel. J'ouvre mon sac et y sors un pullover que je porte pour me protéger du froid avant d'utiliser mon sac comme coussin. Je tente de trouver le sommeil en vain.
? Dakar.Dakar.Dakar.
Dakar?? J'ai toujours eu à entendre parler de cette ville mais je n'y ai jamais mis les pieds. Mon père disait toujours que c'est une ville qui détourne les gens du bon chemin et qui les fait devenir ingrats et irrespectueux. Je ne sais pas si je dois m'y avanturer ou pas. Mais si j'ai pris le risque de défier mon père et je crois qu'il est aussi tant que je prenne mon futur au sérieux. Et puis qui sait peut être que cette ville m'ouvrir d'autres horizons.
? Dakar.Dakar. Une place pour Dakar crit l'apprenti à nouveau.
Je prends mon sac et me dirige vers le car.Une fois dedans je m'installe et pose mon sac sur mes genoux. Une nouvelle vie m'attend.
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Pdv omniscient.
Toujours endormie et perdue dans ses pensées, notre petite étoile n'a pu trouver le sommeil qu'au petit matin. Elle n'a pas pu s'empêcher de d'entendre les pleurs de sa mère en boucle. À côté d'elle se trouve l'apprenti qui fait de son mieux pour la reveiller depuis deux minutes d'ailleurs. Elle finit par ouvrir les yeux et les frotter avant de se relever.
-Nous sommes arrivés jeune fille. Descendez s'il vous plaît lui dit l'apprenti.
-Eum...Il est quelle heure??
-Il est 12h32 dit-il après avoir jeté un coup d'oeil bref sur sa montre.
-Merci.
Elle se lève doucement et prend son sac. Elle descend de la voiture et regrette aussitôt d'avoir mis les pieds sur le sol dakarois. Elle aurait aimé retourner dans le car qui le ramène immédiatement dans son pauvre village. Elle se rend compte de sa solitude et le manque qu'à procurer l'absence de sa mère dans son âme.
La gare est bourrée de monde à cette heure. Le soleil tape fort et tout le monde s'active déjà dans cette ville. La jeune fille gênée par le regard que lui lance les gens autour d'elle, baisse les yeux et avance doucement vers une dame. Sa beauté et son innocence ne peuvent passer inaperçues. Tout le monde la regarde se demandant d'où une beauté aussi naturelle peut venir.
-Euh...Salam ma tante. Dit-elle poliment.
-Salam ma fille.
-Puis je savoir où nous sommes s'il vous plait??
-Ah ici c'est la gare de colobane ma fille.
Elle ne sait pas du tout où elle se trouve mais elle remercie quand-même la dame et continue de marcher.
Le soleil va bientôt se coucher. Fatima fatiguée de marcher entre dans une boutique et y achète de l'eau et des biscuits. Heureusement qu'il lui reste 1000f de l'argent que lui a donné sa soeur. Elle s'assoit sur un banc public où elle se couche après avoir finit de manger.
Elle a très peur de se qui peut lui arriver ici mais ne sait pas où aller. Elle récite quelques sourates du saint coran et demande au tout puissant de la protéger.
Soudain elle sent que quelqu'un lui tapote doucement le pied. Elle sursaute brusquement et se lève avec toute la frayeur du monde.
-Mais qu'est ce que tu fais ici à cette heure toi??
C'est une jeune fille habillée en robe blanche qui lui arrive aux genoux. Sa robe n'est pas très descente mais pas vulgaire non plus. Fatima la regarde quand même avec méfiance.
-Euh...euh...bégaie fatima.
- Sais-tu à quel point cet endroit est dangereux à cette heure? Continue l'autre. D'où viens-tu?
-De...mon village...à fouta.
-Fouta?? Et qu'est ce que tu fais là?
-Je n'ai nul part où dormir.
-Quoi??...viens avec moi dit la fille en la relevant.
-Euh...non...je ne veux pas vous...
-Écoute je ne vais absolument pas te laisser ici toute seule. C'est dangereux viens avec moi au moins jusqu'à demain. D'accord??
Fatima finit par se lever et elles restent quelques minutes sur le trottoir puis un taxi se gare à leurs pieds. Elles s'y engouffrent et le chauffeur démarre.
Elles descendent devant un immeuble et l'autre femme la guide vers l'entrée. Elle ouvre une porte et demande à Fatima d'aller s'assoir sur le salon qu'elle lui a indiqué.
-Tu dois avoir faim?? Je vais de chercher quelques chose à manger.
Fatima la gratifie d'un sourire timidement. La jeune femme lui apporte un plateau avec des croissants dessus, des fruits et du jus qu'elle pose sur la table.
-Mange ma chérie. Je vais te préparer un bain. Après tu pourras dormir dans la chambre d'ami et demain on parlera inchaalllah.
-Vraiment je te remercie.
-Mais je t'en prie. C'est le moins que je puisse faire. Aller mange maintenant.
Une fois que la jeune fille fut sortie, Fatima se jette sur le plateau en remerciant Dieu d'avoir mise cette femme sur son chemin.
Elle finit de manger la femme l'amène dans la chambre d'ami avant de lui souhaiter une bonne nuit. Fatima admire le décor simple et moderne de la maison. Elle se débarrasse de ses habits et rendre dans la salle de bain. Après s'être lavée, elle met une robe que lui a donné la fille et se couche sur le lit qu'elle trouve très confortable par rapport à son ancien matelas.
Le sourire de sa mère refait surface dans son imagination. Elle sent ses larmes couler. Elle se demande comment arrivera t-elle à vivre loin de la femme de sa vie.
《Que va devenir ma vie? 》se dit-elle.