Fatoumata Diarray Diallo
J'arrive à maison fière d'avoir remit ce fils à papa à sa place. Non mais vraiment pour qui se prend t-il? Il pense qu'il est riche rek, il a tous les droits. J'espère qu'il a bien retenu la leçon. Tchipppp. Il m'a mise de mauvaise humeur plus que je ne le suis déjà. Pourquoi les hommes irrésistibles sont-ils orgueilleux ?
-Wa Diarray fo nekone ba heure bi ? Où étais tu jusqu'à cette heure? Tu sais très bien que ton père ne supporte pas les repas tardifs. Dit ma mère en prenant le sceau de mes mains.
-Hiii néné j'ai dû chercher dans tout le marché pour trouver des tomates fraîches comme baba les aime. Aujourd'hui je prépare son plat préféré. Khana nak dinama bal.
-An lii yeup si ay khetou neikhal rek. Tout ça pour l'amadouer rit ma soeur.
-Wa Bakhna. Cest bon. Va te changer vite. On s'y met reprend ma mère.
Je vais dans ma chambre pour me changer. En passant je croise ma tante. Tchipp. Je sais que c'est malpoli mais c'est la dernière personne que je voulais voir. Avec Awa la princesse à ses côtés.
-Heii Allah. Encore tu portes ce pantalon sale gamine. Si jamais ton père te voit dh il ne sera pas fier fait-elle.
-Moh. Badiène bayil kii. Ma tante laisse cette fille. Tout le monde sait comment elle est avec sa soeur qui joue à la sainte ni touche rouspette ma cousine Awa.
-Ma tante roussnala torop ndakh baba. Si c'était quelqu'un d'autre on n'en arriverait pas là. Quant à toi Rama tu ferais mieux de la fermer et d'essayer d'obtenir le BFEM que tu as fait 3 fois de suite. Va te trouver un boulot. T'es vielle pour faire le collège ma pauvre dis-je avant de m'éclipser.
À son âge elle a déjà fait trois fois le BFEM sans succès et pourtant elle continue de tenter. Elle n'a vraiment pas honte. Sa mère veut absolument qu'elle l'obtienne parce que tout simplement moi je l'ai. Si elle savait que moi même j'ai honte de dire que j'ai seulement le BFEM.
Mais je ne vais pas m'y attarder. Quant à ma tante je ne veux pas lui répondre par crainte qu'on remette en doute le respect que nous a appris ma mère concernant nos aînés et seulement parce que c'est la grande soeur à papa.
Je me change en pagne et débardeur et rejoint ma mère dans la cuisine bien décidée à cuisiner un succulent mborokhé à mon baba d'amour.
_______________
-Fatima ma chérie c'est vraiment délicieux je suis fière de toi. À cet âge tu sais déjà faire tout les travaux d'une femme. Tous mes amis du quartier rêvent d'avoir une fille comme toi dit baba.
Je souris timidement. Mon père n'est pas du genre à montrer ses sentiments donc ça fait plaisir quand il me parle ainsi.
-Anhan baba aujourd'hui tu chantes que les louanges de Fata fait ma soeur.
-Heii Sébé toi aussi tu cuisines très bien mais aujourd'hui c'est ta soeur qui a battu le record.
-Ah il ne faut pas oublier sa mère qui lui a appris aussi dit ma mère.
Je rigole avec ma soeur.
-Toi on dirait que tes filles sont tes coépouses Astel dit mon père.
-Ah il faut songer à marier tes filles dei Seydou avant qu'elles ne fassent la même bêtise qu'hier dit ma tante Rougui la mère d'Awa.
Pourquoi faut-il toujours qu'elle ouvre sa bouche pour en sortir de la méchanceté. Elle ferait mieux de s'occuper de sa fille qui passe son temps à courir les rues et à sortir avec tout les gars du quartier. Mais c'est toujours comme ça les personnes qui passent tout leur temps à critiquer les autres sont pourtant les moins démunis.
-C'est ce que je souhaite d'ailleurs parce que je sais qu'elles feront de bonnes épouses mais elles sont encore jeunes et ont beaucoup de choses à apprendre de leur mère répond mon père.
Niaw. Il fallait absolument que papa les répondent ainsi pour leur clouer le bec. Saytané ba dei.
On termine de manger dans la bonne humeur ma mère, ma sœur, mon père et moi. Oui je précise parce que ma cousine Awa a fini par quitter le bol avec sa mère sûrement fatiguées d'endendre baba chanter mes louanges.
Après le repas je nettoie la maison et Aicha fait la vaisselle. Il faut avouer que la maison n'est pas très petite et puis ma tante Rougui et sa fille préfèrent leurs séries télévisées que de nous aider. Mais ça ne fait rien. Je pourrais nettoyer le quartier entier sans me plaindre. Ma mère nous a toujours appris qu'une fille doit avoir un grand coeur et ça doit même se refléter dans son ménage. La paresse ne fait pas partie de notre nature et heureusement d'ailleurs.
Je termine et vais à la boutique pour préparer l'Ataya. Baba n'a pas arrêté de me complimenter. Hum si c'est seulement ça qu'il faut faire pour me faire pardonner à chaque fois que je fais une bêtise dei, je n'y manquerai plus.
Vers 17h, je prends mon bain et prit avec ma soeur vu que baba est parti discuter avec les autres vieux. Après avoir fini, je porte un jean et un body et peigne mes cheveux.
-Diarray vient m'aider. Je vais installer la table. Crit ma mère.
Je sors et prend le fourneau. Heureusement sa table reste toujours à sa place près du coiffeur à côté du trottoir sinon ça serait difficile de le lui amener vu qu'il y'a un peu de distance. Je l'aide à s'installer et décide de rester la tenir compagnie puisque c'est Aicha qui prépare le dîner. De toute façon je ne vais rien faire à la maison et j'adore être avec ma mère. C'est ma vie. Elle ne manque jamais l'occasion de nous donner des conseils et de nous apprendre beaucoup de choses dans la vie. C'est une femme brave. Elle se fout de tout qui pourrait déplaire au seigneur. Elle est très dévouée et pieuse. Je ne cesserai jamais de copier sur elle.
Le muezzin vient de finir l'appel du crépuscule. Maman a l'habitude de rentrer juste après donc je l'aide à débarrasser.
-Diarray va donner cet argent au boutiquier. C'est le prix de l'huile qu'il m'avait donné ce matin. Et rejoins-moi à la maison après.
Elle me tend un billet de 1000f. Je suis sûre que baba ne lui a pas donné assez d'argent pour la dépense ou peut-être il ne lui a même pas donné mais elle n'en fait jamais tout un plat et fait des économies pour payer ses dettes. Je prends l'argent et traverse la route pour aller à la boutique.
-Hey sama bidew bii legui danguama bayi. Ma petite étoile tu m'as laissé. Me taquine Amadou le boutiquier.
-Non Amadou jamais de la vie. Tu es mon ami toi aussi. Tiens c'est l'argent de l'huile de ce matin.
Je lui tends le billet qu'il prend tout en continuer à me taquiner. Il est gentil et très drôle Amadou le vieux. Il me rend la monnaie et je sors de la boutique. Je marchais doucement pour traverser la route quand deux mains me bandent les yeux.
-Hey je suis sûre que c'est toi Ousmane le sauvage.
Il me lâche et se place devant moi.
-Comment tu as su???
-C'est facile. C'est toujours toi le sauvage qui fait ce genre de chose tamitt.
-C'est juste ça ou c'est parce que t'es tellement amoureuse de moi que tu sais reconnaître mon toucher.
-Weuhhh?? Iioe ko yabb. Ki fouyoul mounane amoureuse manéngua réglé sa peithie lawakh. Tu te moques de qui? Tu ferais mieux de calmer tes ardeurs.
-Hahaha. T'es tellement drôle avec ton accent peulh là. Tu ferais mieux de parler peulh rek.
-Tchippp niakk khorom badei. Dis-je avant de traverser pour partir.
Ce gars il tente toujours des approches mais toujours je le recale. Pourquoi il est sans vergogne rek. Je ferais mieux de rentrer avant que baba ne se fâche.
Awa Hamidou Diallo.
Personne ne sais à quel point j'en ai marre que Fatima me vole toujours la vedette où qu'on soit. Beauté Fatima, cuisiner Fatima, ménage Fatima. Mais dites moi seulement une seule chose que Fatima ne sait pas faire. En plus elle n'a pas la langue dans sa poche. Toujours elle riposte. Mais cette fois si elle n'échappera pas. Je l'ai suivi et j'ai réussi à la prendre en photo pendant que Ousmane lui bandait les yeux. Bingo!!! Je me dépêche d'aller rendre le téléphone à ma mère.
Nous sommes tous assis dehors en train de regarder la télévision puisqu'il n'y a qu'un à la maison. Mon père et mon oncle sont rentrés et la première chose que mon oncle a remarqué c'est l'absence de Fatima. Niaw! Elle va prendre cher aujourd'hui. Aïcha et Sa mère sont mortes d'inquiétude. Vu l'état de son mari elle a sûrement peur pour sa fille.
Je prends la télécommande et zappe pour regarder la série de 20h mais on tombe sur une photo de Fatima avec qui???????? AMDY MOUSTAPHA AÏDARA? Que fait Fatima dans les bras de l'homme de mes rêves??
Tout le monde se redresse et son père y compris. Il a déjà le visage en feu. Ça va vraiment très mal de passer pour Fatima.
-Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire? S'écrit mon père en se levant. Seydou, c'est Diarray qu'on voit là?
Oncle Seydou se tourne vers Ta Astel, furieux comme jamais.
-ASTEL! Crit-il tellement fort que Aicha et sa mère se sont mis à trembler.
-Seydou..., fait tante Astel paniquée au summum, calme toi s'il te plaît, on a tous vu ça en même temps. Je ne comprends rien...
Fatoumata Diarray Diallo.
J'ouvre la porte de la maison et tous les regards se tournent vers moi. Que se passe t-il ici? J'avance vers la cours et mon père se lève et s'avance vers moi. Je ne comprends rien mais je commence déjà à trembler. On entend subitement la voix d'un journaliste et tout le monde se tourne vers la télévision.
Les filles de nos jours ne cessent de salir leur réputation et d'agir sans aucune dignité. Regardez comment cette jeune fille s'est jetée sans scrupule dans les bras de Monsieur Aidara qui n'était allée pourtant dans ce village que pour un défilé de mode et...
- Heii Allah, Fatima qu'as tu encore fait comme ça? S'écrit Badiéne Sata.
Je n'écoute presque plus les mots quand je vois l'image de moi dans les bras de cet homme. Un imagé qui du faire le tour de toutes les maisons. Ma réputation est tachée à jamais. Je n'y crois pas.
Une gifle retentissante atterrit sur ma joue. La douleur me fait quitter mes pensées subitement et les larmes ruisselent le long de mes joues.
-ESPÈCE DE TRAÎNÉE! QU'AI JE FAIT AU BON DIEU POUR MÉRITER UNE FILLE COMMW TOI? TU ME DÉÇOIS DE JOUR EN JOUR FATIMA. QU'EST CE QUI TE PREND ??
-Papa...snif, je t'en supplie...je te jure que c'est pas de ma faute...j'ai ...j'ai...
-ALORS C'EST LA FAUTE À QUI? Hun??? Je ne te reconnais plus...
Je pleure fort. Ses mots sont extrêmement blessants.
Je baisse la tête.
-IMBECILE, TU NE SAIS PAS À QUEL POINT JE REGRETTE D'ÊTRE TON PÈRE.
-Papa...s'il te plaît...
-FERME LA! Dit il en me redonnant une autre gîte qui me fait tomber par terre pleurant toutes les larmes de mon corps.
Il détache un de ses ' nomba ' et se dirige vers moi frénétiquement.
Mon oncle l'arrête dans son élan.
-Seydou maîtrise toi.
-NE ME DEMANDE PAS DE ME CALMER HAMIDOU. CETTE FILLE A SALI UNE FAMILLE ENTIÈRE. ELLE VEUT DÉTRUIRE NOTRE RÉPUTATION EN SE COMPORTANT COMME UNE PROSTITUEE MAIS ÇA NE VA PAS SE PASSER COMME ÇA.
-Papa s'il te plaît..., lui dit Aicha en pleurant.
-Seydou je t'en supplie, fait ma mère.
La voir dans cet état me déchire le cœur. Mon père se dirige vers moi.
-Papa, non, s'il te plaît écoute moi...je te jure que ... j'ai tout simplement glissé walahi azim crois moi... NONNNN...
Il commence à me rouer de coup. Chaque fouet je le ressens pénétrer dans ma peau. Mes cris sont accompagnés de ceux de ma mère et de ma sœur. Il me frappe sans retenu. Sans pitié. Sans remord. Je cris. Je pleure. Je le supplie de m'épargner. Mais il n'écoute rien.
Son père et Badiéne Sata finissent par venir le retenir sûrement pour ne pas le voir en prison après ma mort. Il me regarde avec mépris avant de partir sans sa chambre suivi de Badiene Sata. Je suis au sol incapable de me relever toute seule. Aicha et ma mère s'approche de moi et m'aide à me relever difficilement pour m'amener dans la chambre. Je passe devant Awa et sa mère qui se mettent à rire mais je n'ai pas le courage de faire où de dire quoi que ça soit.
Ma mère m'aide ma déshabiller. Je pleure toujours ce qui la fait pleurer aussi.
- Gassi nènam! Gassi! C'est fini ma fille. C'est fini pleure pas. Aicha aide la à prendre une douche.
Aicha m'aide à me doucher avec mes blessures et je retourne dans la chambre où je trouve ma mère toujours assise. Aicha m'aide à m'habiller et je me couche sur les cuisses la ma mère. Je n'arrive pas à retenir mes larmes.
-Je suis tellement désolée maman...
-Shut, ne le sois pas ma fille. Je te connais. Je t'ai éduquée. Tu as peut-être tous les défauts du monde mais ma fille n'est pas comme ça. Remets tout entre les mains d'Allah! Il voit tout.
Je pleure un bon coup et finit par m'endormir.
Je me réveille quelque heures plus tard toute seule dans la chambre. Je me lève et regarde qui bol de bouillie est posé par terre. Je le prends et commence à manger. Ce qui est fait est fait. Ça sert à rien de faire la grève de faim de toute façon.
Quant à ce Monsieur Amdy Moustapha je ne sais quoi, je laisse son compte à Dieu. Parce qu'il est riche et puissant qu'il se croit tout permit. Il me détruire mon image mais pas mon honneur. J'espère que la vie lui donnera la leçon qu'il mérite. Je sais que dorénavant je serai taxé de tous les noms dans le village et que mes parents ne vont peut-être pas le supporter. Il doit être vraiment satisfait.
Dieu est grand! Ça! Je ne le lui pardonnerai jamais même jusqu'à l'au-delà. C'est dommage que plus jamais je n'aurai a croisé son chemin mais c'est peut-être mieux comme ça.
Majesty_Mouridya