Fatoumata Diarray Diallo.
Je termine par me brosser les cheveux et mets mes boucles d'oreilles à la hâte. On est vraiment en
retard. Je suis sûre que le défilé a commencé depuis un bon bout de temps déjà. Je me tourne vers ma soeur. Elle au lieu de faire vite elle reste là à fixer un point invisible.
-Aicha qu'est ce que tu fais. Dépêche toi on est en retard.dis je en portant mes ballerines qui sont aussi usées que les dents de ma grand mère.
-Tu es vraiment folle Fata. Tu penses qu'on peut sortir de la maison sans que papa ne s'en rende compte. Dit-elle en chouchotant.
-Bien sûr que si. Regarde il est 22h je suis sûre qu'ils se sont tous endormis.
-Et on fait comment nous si en rentrant on croise quelqu'un? Anh ? Tu sais quoi j'y vais plus. Vas-y si tu veux. Moi je ne veux pas de problème avec Baba dit elle en enlevant son voile et de couche sur le lit.
Si elle croit que je vais la laisser tranquille elle se trompe. Elle ne va quand même pas m'empêcher d'aller là-bas. Je m'approche d'elle et la secoue.
-Sébé s'il te plaît ne me fait pas ça. Tu sais que ça me tient à coeur d'y aller. Baba n'en Saura rien si on ne lui dit pas et puis tous les jeunes du village y sont.
Elle me regarde au coin de l'oeil. Je suis sûre que si je continue mon cinéma elle va céder. Je décide de faire semblant de pleurer.
-Tsss. Arrête avec ça. Je te connais très bien Fata. On y va mais promet moi de ne pas t'éloigner de moi. On va vite fait rentrer compris dit elle en me pointant un doigt.
Je secoue la tête vivement de haut à bas. Dans mon coeur c'est la samba. J'ai toujours adoré la mode. Je voulais être mannequin étant petite mais j'ai vite décidé d'oublier cette idée à cause de mon père. Il dit que ces filles sont presque nues et que c'est un milieu malsain. Et puis avec seulement un BFEM en poche, je crois j'ai bien fait de m'éloigner de cette idée.
Malgré ça je voue toujours un amour inconditionnel pour la mode. Aicha met ses chaussures et remet son voile. Je vois qu'elle hésite un peu à me suivre alors que moi je n'ai pas de temps à perdre, j'attrape alors sa main et l'entraîne dehors avec moi sur la pointe des pieds.
Une fois arrivée devant la porte. Je me demande comment faire pour l'ouvrir sans faire de bruit. Je ne suis pas de nature discrète. Aicha remarque mon hésitation et s'avance.
-Laisse-moi faire. Dit-elle.
Je me décale et elle empoigne le crochet.
Elle pose sa fesse sur la porte et pousse discrètement le crochet vers le côté opposé. Une fois fait elle ouvre doucement la porte et me demande de sortir. Ceci fait elle sort en son tour et referme la porte sans clé bien sûr.
J'attrape sa main et on se dirige vers le marché où se trouve la seule et unique salle de cérémonie de tout le village.
Amdy Moustapha Aïdara.
Je mets ma montre vite fait avant de sortir de ma chambre d'hôtel. Je déteste les retards et aujourd'hui c'est moi qui suis en retard et en plus en tant que jury principal d'un défilé de mode.
-On y va. Lance-je aux gardes avant de dévaler rapidement les escaliers de l'hôtel où je loge depuis mon arrivé dans ce village.
J'avoue que le chic n'est pas très au rendez vous mais on ne peut s'attendre à mieux dans un village pareil.
Les gens s'estompent quand je passe devant eux. Je me suis toujours demandé pourquoi tant d'admiration envers moi parce qu'en vérité je ne l'impose pas vraiment c'est plutôt ma propre personnalité qui l'impose.
Je monte dans la voiture et le chauffeur démarre aussitôt. J'ai hâte d'en finir et de rentrer à Dakar. Le climat de ce village est torride.
Je sens mon portable vibrer sur ma main. Je regarde l'écran: Myriam. Une vraie pot de colle cette fille.
-Allô. Fis-Je.
-Allô mon chéri. J'ai attendu ton appel toute la journée. Dit-elle de sa voix mielleuse.
-Myriam je suis occupé là. Je te rappelle. Dis-je avant de raccrocher.
Elle va sûrement me faire une scène pour ça mais je n'en ai rien à foutre.
On arrive à destination. Je sors de la voiture suivi de mes deux gardes du corps. Les journalistes viennent à moi pour me poser quelques questions dont j'ai dû prendre le temps de répondre avant de m'éclipser.
Fatoumata Diarray Diallo.
On arrive au défilé après 10mn de marche. On a eu tellement peur sur le chemin à cette heure qu'on s'est collée l'une à l'autre jusqu'à notre arrivé. Il y'a tellement de monde dehors. Je les regarde tour à tour avant de jeter un coup d'oeil sur mes habits. Je me tourne vers ma soeur et vois qu'elle a eu la même réaction que moi.
En fait tout le monde est tellement bien habillé qu'on s'est senti ridicule avec nos robes en wax.
-Ce ce n'est rien. Allons-y, tenté-je de rassurer ma soeur.
On se fourdoie un passage devant l'entrée bourrée de monde. Heureusement que ce n'est pas sous invitation.Une fois dedans j'attrape encore la main de ma soeur et on s'assoit au premier rang pour mieux apercevoir les mannequins.
La salle est plutôt bien décorée. J'ai tellement eu envie de monter quand j'ai aperçu le tapis rouge. L'animal que je reconnais très bien fait son entrée sous les applaudissements du public: Dj Boubs. Je ne voyais qu'à travers la télé.
-Bienvenue chère charmante publique de Fouta. Je suis vraiment honoré d'être là ce soir pour animer ce défilé de mode que vous avez tous tant attendu.Je me trompe ? Dit-il sur le micro.
Tout le monde crit: Nonnnnnnnn.
-Très bien. Et vous ne serez vraiment pas déçus de vous être déplacé. Comme vous le savez tous l'entreprise Aïdara Design a secoué les podiums de Dakar à la recherche de nouveaux talents comme employés et le directeur général vous fait l'honneur de venir faire une sélection ici à Fouta pour donner une chance aux jeunes. Mesdames et messieurs applaudissez s'il vous plaît Monsieur Amdy Moustapha Aïdara qui nous gratifie de sa présence.
Toute la salle applaudit. Je sens mon coeur s'emballer dans ma poitrine. J'ouvre grand mes yeux et ma bouche. Waouhhh quel bel homme. Dieu du ciel. Il marche sur le tapis rouge afin de rejoindre sa place juste en face du podium. Son smoking bleu de nuit moule parfaitement son corps athlétique. Sans parler de son sourire ravageur qui est pourtant forcé.
Ses cheveux mis longs bouclés lui donnent un côté bad boy alors que son visage reflète un homme plutôt sérieux. Son teint caramel...Oh Mon Dieu est ce possible d'être aussi beau? Seulement il a l'air d'être arrogant et d'avoir un caractère de merde.
-Hey. Dit Aicha en me secouant le bras.
-Hun. Réponds-je toujours les yeux grands ouverts.
-Tu regardes quoi comme ça ?
Je me tourne vers le podium.
-Tu cherches qui? Le monsieur est déjà à sa place. Me sourit-elle.
-Hei Allah Aicha ce mec n'est pas humain. T'as vu comme il est beau ?
-Oui je crois que tout le monde l'a remarqué mdriir fait-elle avant de se reconcentrer ailleurs alors que moi je me mets encore à baver sur lui.
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Je n'ai jamais été autant fascinée par un spectacle. Les tenues....les mannequins....leurs démarches...ohlala. J'ai juste eu envie de sauter sur le podium et de leur arracher leurs fringues pour ensuite les mettre et défiler moi aussi. J'en ai même pu oublier le Dieu grec.
Tout un coup je commence à bouger sur ma chaise. En mettant mains là où...enfin Vous savez.
-Mais qu'est ce que tu fais Fata? Reste tranquille. Dit Aicha.
Je ne fais pas attention à ce qu'elle dit et continue de bouger sans cesse.
-Hey me dit t-elle. Quoi ?
-Je...je veux faire pipi.
-wah dokowakh. Pourquoi tu ne l'as pas dit plutôt. Viens on rentre sakh comme ça tu le feras à la maison.
Aïe. C'est ce que je craignais.
- Mais...le défilé n'est pas encore terminé.
-iioe tal ngua défilé. Viens on y va lawakh. Avant qu'on ne remarque notre absence.
-Non. S'il te plaît il ne reste qu'un passage tu sais. Attends moi ici je vais faire pipi dehors et je reviens.
-Non je t'accompagne.
- Non ce n'est pas nécessaire. Je reviens tout de suite.
Je lui souris et me lève de ma chaise. Je sors de la salle et me dirige vers Je ne sais où. En fait je ne connais pas beaucoup cet endroit j'y suis venue deux fois si on ajoute la fois d'aujourd'hui. Je regarde autour de moi et ne vois que des murs et un autre bâtiment qui n'est certainement pas des toilettes.
Je marche vers ma gauche et remarque qu'il des escaliers. Malgré que je ne sache pas où ils mènent je décide quand même de m'y aventurer. Peut être qu'il y'a personne comme ça sakh je pourrais faire pipi vite fait.
Amdy Moustapha Aïdara.
Le défilé va bientôt finir. Je suis tout autant fasciné par le travail de ces jeunes stylistes et je le dis je suis loin d'être facile à impressionner. J'avoue qu'ils sont talentueux.
Mon portable se met à vibrer encore une fois. J'espère uniquement que ce n'est pas Myriam encore une fois. Je le sors et vois que c'est un appel de ma soeur. Ça m'inquiète parce qu'il est bientôt minuit. Je me lève de mon fauteuil et les gardes me libèrent un chemin dehors.
Je m'avance quelque part avant de décrocher.
-Salma? Tout va bien? Dis-je.
-Salut bro mais oui tout va très bien.J'appellais juste pour te demander comment se passe le défilé. Dit-elle jovialement.
-A cette heure? Salma t'es sérieuse?
-Mais Quoi? C'est juste que je n'arrive pas à dormir.
-Et tu as décidé de m'harceler.Je me suis levé en plein passage. Je vais raccrocher.
-Mais Amdy...
-Salma je...
Au même moment j'entends un cri au dessus de moi. Je lève la tête et vois une fille tomber du haut des escaliers. Par réflexe je vais à son rencontre et l'attrape de justesse. Elle entoure ses mains de mon cou.
Nos yeux se fixent intensément. Elle a les yeux marrons mais ils pétillent tellement que ça devient noirs.Tous les traits de son visage tremblent. Sa longue chevelure tombe sur son visage et une mèche atterrit sur ses lèvres roses.
Je lève la tête et vois tous les journalistes dehors qui nous prennent en photo. Je regarde la fille encore une fois avant de la jeter loin de moi avec brutalité. Une autre fille court la prendre par le bras. Je remets mes lunettes pendant qu'un de mes assistants s'approche de moi.
-Assure-toi qu'aucune photo ne soit publiée.
-Bien.
Je marche vers la voiture et m'installe avant que le chauffeur ne démarre.
Fatoumata Diarray Diallo.
Les flashs continuent de m'aveugler. Je ne comprendsplus rien de la situation. Tout ce dont j'arrive à penser c'est le fait que ça soit lui qui me capte. Je repense à son regard neutre d'abord avant d'être violent.
Pourquoi m'as t-il poussé aussi violemment?? Moi je n'ai fait que trébucher. Je ne pensais même pas que ce serai lui qui me capterai. Oh je comprends qu'est ce qu'une fille de mon genre peut faire dans les bras d'un homme comme lui ?
Je tremble comme une feuille pendant que tous les regards se braquent sur moi.
-Tout va bien? Me dit ma soeur.
Je suis tellement sonnée que je n'arrive pas à parler.
-Allons nous en dit Aicha en me prenant la main.
Je marche derrière elle en baissant le regard. Tout le monde se met à chouchoter.
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-Qu'est ce que tu faisais là-bas autant de temps ? Et pourquoi t'étais dans les les bras de cet homme? Crit ma soeur en enlevant ses chaussures.
On est arrivé à rentrer tranquillement sans que personne ne s'en rende compte.
-Aicha...je te jure que j'ai trébuché. J'étais entrain de chercher des toilettes.
-Ah bon? Avec tous les regards que tu lui as lancé tu es sûre que tu ne l'as pas fait exprès ?
-Je te jure que je descendais après avoir fini et j'ai trébuché avec ma robe. Je te jure que je ne savais pas qu'il était là ?
-T'as vu tout le monde qui était là et tous les journalistes. S'ils publient ça baba nous tuera Fata.
-Tu as vu comment il m'a rejeté après ne te fais pas de souci pour ça. Je suis sûre que pour préserver sa réputation ce monsieur ne laissera pas les photos être publiées.
-Pfff j'espère que tu as raison dit-elle déshabille toi et viens te coucher. Il est très tard.
-Oui. Attend juste que je fasse pipi. Je ne l'ai toujours pas fait tu sais.
J'ouvre la porte et me dirige vers les toilettes. Une fois fini je sors pour me diriger vers notre chambre quand j'entends la voix de ma tante qui sort de la cuisine.
Aïe. Je suis toujours habillée. Il ne faut pas qu'elle me voit. Je décide de retourner dans les toilettes mais elle m'arrête de ma démarche.
-Hey qui es tu jeune fille??
Aïe. Mes cheveux qui volatisent
Je vous maudis.
Je reste où je suis. Elle s'approche de moi doucement. J'avais oublié qu'elle n'a peur de rien. Elle pose sa main sur mon épaule et me retourne.
-Dieu tout puissant. Dit-elle en reculant faisant tomber son foulard.
-Qu'est ce que tu fais habiller à cette heure Diarray ? Crit elle.
-Je...je...j'étais....
-Tu étais où sale gamine ? T'es allée vagabonder dans les rues à cette heure? Réponds moi.fait elle en me secouant.
-Ma tante tu me fais mal. Dis-je.
-Ha bon? Tu vas me dire où t'es allée imbécile ?
-Ma tante lâche la tu lui fais mal intervient ma soeur.
Elle me lâche et inspecte ma soeur de haut à bas.
-Ah toi aussi tu étais avec elle. Maintenant tu laisses ta soeur t'entrainer dans ses dégâts louches ? Anh Aicha? Attendez je m'appelle votre père.
-Non ma tante ne fait pas ça s'il te plaît. Tente je de lui dire mais elle me bouscule et se dirige vers la chambre de mes parents en enchaînant de violents coups sur la porte de cette dernière.
Je commence à trembler. Je vais près de ma soeur et lui prend le bras. A cause de moi elle aura des problèmes.
D'un coup la porte s'ouvre faisant voir le visage du maître de la maison. Malheureusement il n'est pas le seul parce que tous les autres ouvrent leurs portes.