L'Astriale - Les Ombres de l'...

De MarieEBlue

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« Ils sont quatre. Certains ne se connaissent pas. Et pourtant, les fils de leur vie sont indéniablement nou... Mai multe

Avant-propos
Lexique
Les personnages
Autres informations
Prologue
Chapitre 1.I : Les Merveilles
Chapitre 1.II
Chapitre 1.III
Chapitre 1.IV
Chapitre 2.I : Les deux étrangers d'Opaltys
Chapitre 2.II
Chapitre 2.III
Chapitre 2.IV
Chapitre 3.I : Un bal de capes
Chapitre 3.II
Chapitre 3.III
Chapitre 4.I : La Cité du Commerce
Chapitre 4.II
Chapitre 5.I : Rien qu'un bras cassé
Chapitre 5.II
Chapitre 5.III
Chapitre 6.I : L'Histoire des Espions
Chapitre 6.II
Chapitre 6.III
Chapitre 7.I : L'Antre du Corbeau
Chapitre 7.II
Chapitre 8.I : Capriner enneigé
Chapitre 8.II
Chapitre 9.I : Le retour de la sénatrice
Chapitre 9.II
Chapitre 9.III
Chapitre 10 : L'Attentat de Genibel
Chapitre 11.I : Joyeuse Aneylanh
Chapitre 11.II
Chapitre 12.I : La voix de la sagesse
Chapitre 12.II
Chapitre 12.III
Chapitre 13.I : Monocle
Chapitre 13.II
Chapitre 14.I : Un, deux, trois points de sutures
Chapitre 14.II
Chapitre 15.I : La trêve
Chapitre 15.II
Chapitre 15.III
Chapitre 16.I : La curiosité est un vilain défaut
Chapitre 16.II
Chapitre 16.III
Chapitre 16.IV
Chapitre 17.I : Ah, le sale gosse !
Chapitre 17.II
Chapitre 17.III
Chapitre 17.IV
Chapitre 18.I : La tombée de la Chouette
Chapitre 18.II
Chapitre 18.III
Chapitre 18.IV
Chapitre 19.I : L'Ombre Blanche
Chapitre 19.II
Chapitre 19.III
Chapitre 19.IV
Chapitre 19.V
Chapitre 20.I : Les maires
Chapitre 20.II
Chapitre 20.III
Chapitre 20.IV
Chapitre 20.V
Chapitre 20.VI
Chapitre 21.I : Reprendre confiance en soi
Chapitre 21.II
Chapitre 21.III
Chapitre 22.I : L'épreuve de la Décision
Chapitre 22.II
Chapitre 23.I : L'incendie
Chapitre 23.II
Chapitre 23.III
Chapitre 24.I : L'épreuve de la Représentation
Chapitre 24.II
Chapitre 25.I : Fait comme un Rat
Chapitre 25.II
Chapitre 26.I : Cérémonie funèbre
Chapitre 26.II
Chapitre 26.III
Chapitre 27.I : L'épreuve de l'Éducation
Chapitre 27.II
Chapitre 27.III
Chapitre 27.IV
Chapitre 27.V
Chapitre 28.I : Amie ou ennemie ?
Chapitre 28.II
Chapitre 29.I : Qui est Madame Draner ?
Chapitre 29.II
Chapitre 29.III
Chapitre 30.I : La fin de l'Apprentie...
Chapitre 30.III
Chapitre 31.I : ...et la naissance de l'Espionne
Chapitre 31.II
Chapitre 31.III
Épilogue
Remerciements
Bonus
Tome 2

Chapitre 30.II

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De MarieEBlue

  – 𝓘smène, faites que j'y arrive, murmura Téo au pied du palais d'Ylthenas.

Elle avait profité de la semaine avant la fête pour repérer les lieux, mais également pour glisser son nom sur la liste d'invités. Et pour acheter une robe, aussi – si elle se rendait en chemise et pantalon, elle se ferait refouler en un instant.

Il fallait bien l'avouer, cela c'était révélé plus ardu que ce qu'elle avait prévu en premier lieu.

Pas pour la robe, évidemment.

Téo vérifia une dernière fois sa tenue, se racla la gorge pour la préparer à prendre l'accent lanois, puis monta les escaliers. L'air frais s'engouffra dans ses lourdes boucles blondes, se glissa dans son cou pour la faire frissonner. Sa peau se recouvrit de chaire de poule, et pas seulement à cause du froid. Le palais se trouvant dans un bon quartier de la cité, aucune mauvaise odeur se faisait ressentir, et Téo en profita pour inspirer cet air qu'elle connaissait si bien.

D'après elle, la Lunae avait un énorme bon point : il y faisait toujours froid (enfin, pour ceux qui n'étaient pas luniens, car les Luniens supportaient naturellement plus facilement les basses températures). En conséquence, elle avait pu mettre une robe avec de longues manches, dans lesquelles elle avait pu dissimuler deux poignards. Il lui était strictement impossible de garder une épée, et elle remercia mentalement Renard de l'avoir forcé à continuer à toucher aux dagues.

Aussi, elle avait enfilé une bague, pour se faire passer pour une femme mariée. Dans la haute société, pour certains aristocrates nommés « conservateurs », une fille aussi jeune qu'elle était mal vue si elle était seule et célibataire – ce qu'elle trouvait totalement ridicule. Ainsi, elle était mariée, et veuve (elle n'avait pas le temps de se trouver un faux mari).

Téo prit un air hautain, sans oublier de rester bien droite. Quand elle arriva au niveau des domestiques qui vérifiaient chaque entrée, elle donna l'invitation fabriquée par elle. Intérieurement, elle pria pour que son exemplaire ressemble parfaitement à l'original entré « par hasard » en sa possession quelques jours plus tôt.

Question de vengeance personnelle, elle avait volé celle d'Arysia Taureau.

– Bonne soirée, Mme Selene, fit le serviteur en la laissant entrer.

Elle se retint de le remercier. Elle ne savait pourquoi, mais les bourgeux n'en avaient rien à faire, des domestiques, alors son personnage — prénommé Oryana Selene — devait se comporter ainsi. Le pire, c'était que Téo savait que, plus jeune, elle pensait aussi que les serviteurs ne valaient rien. Heureusement qu'elle était sortie de cette société aberrante. Une fois à l'intérieur, elle résista à la tentation de dévisager les alentours, bien qu'elle aurait eu plaisir à observer ces mille beautés. Elle laissa sa cape à un domestique, puis se dirigea sans hésitation vers la salle de bal.

Elle fut submergée par la musique en un instant. Les meilleurs musiciens du pays étaient présents, et plusieurs personnes hauts placées dans la société – presque toutes du cercle supérieur – dansaient sur la piste. En levant les yeux, Téo vit le lustre qui brillait de mille feux, fait des plus belles pierres que possédaient l'Astriale. Même le sol en marbre blanc semblait posséder des veinures d'or.

Non, il y avait bien des veinures d'or dans le sol. Téo en fut stupéfaite. Elle était certaine qu'on ne trouvait aucune pierre de ce genre en Astriale. Alors, d'où venaient-elles ? Elle secoua la tête. Elle n'était pas là pour cela.

De hautes fenêtres montaient jusqu'au plafond, et elle parvenait à voir les étoiles à travers. Heureusement que ces ouvertures sur l'extérieur étaient présentes, car elle se serait sentie enfermée sans. Il y avait beaucoup de monde dans cette pièce, si bien qu'une rougeur due à la chaleur s'épanouie sur ses joues.

Sachant que l'alcool déliait les langues, Téo se dirigea directement vers le buffet, en se glissant entre les personnes. Plusieurs fois, elle faillit se faire piétiner par les sabots des sagittaires, et elle dut éviter les cornes de ses semblables. Enfin, cette épreuve en valait le coût ; le buffet aussi était magnifique. Pâtisseries et entremets s'étendaient devant elle, tandis que les coupes de vin pétillant s'alignaient les unes derrières les autres. L'eau lui monta à la bouche. Elle avait toujours aimé la nourriture, un peu trop pour sa santé.

Puis elle les vit.

Ces jolis petits bonbons au lys de neige, qui n'attendaient qu'elle.

Elle mâchouilla l'intérieur de sa joue, hésita (pas longtemps), et s'empressa d'en prendre quelques uns qu'elle fourra dans sa bouche. Délicieux. Elle allait tuer Sarpentyn, qui l'avait rendu dépendante à ces petites merveilles. Mais bon, c'était délicieux.

Tout en savourant ses friandises, elle saisit une coupe de vin pétillant, pour se fondre dans la masse.

– Je ne crois pas vous avoir déjà vu, fit une voix derrière elle.

Elle avala de travers, surprise, et toussa, avant de se retourner vers son interlocuteur. Elle voulut prendre l'air le plus froid qu'elle était capable d'imiter, mais cela se révélait assez compliqué, étant donné qu'elle s'étouffait. Elle but un coup.

La voix appartenait à un jeune homme qui semblait avoir une vingtaine d'années. Brun de cheveux et d'yeux, il arborait un sourire nonchalant – et un peu trop séducteur au goût de Téo.

Elle avait espéré ne pas se faire repérer pour éviter ce genre de situations. Les aristocrates avaient tendance à profiter des soirées pour séduire. Or, il était hors de question qu'on lui fasse du charme.

Elle aurait dû s'y attendre, cependant. Une personne aussi belle qu'elle était forcément désirable, mais tout de même !

– Qui êtes-vous ? demanda-t-elle.

Elle fut fière d'elle en entendant son ton qui aurait arraché des frissons à un bonhomme de neige.

– Derlinal Noiselas, premier et unique fils de Téonal Lion, répondit-il en lui prenant la main avant de la porter à ses lèvres. Et vous ?

– Une personne dont vous aurez certainement oublié le nom avant la fin de la soirée, répliqua-t-elle sèchement en récupérant sa main.

Pas frustré de ce refus pour le moins du monde, Derlinal Noiselas continua à sourire. Cela agaça fortement Téo, et elle laissa transparaître cette émotion sur son visage, avant de se détourner. Ce n'était pas ici qu'elle trouverait ce qu'elle cherchait.

– Attendez, madame Mystère ! la rappela Derlinal tandis qu'elle se détournait.

– Vous m'importunez, monsieur. Je vous prie de me laisser tranquille, désormais.

Elle s'attendait presque à ce qu'il la suive. Heureusement pour elle, il semblait encore plus volage que ce qu'elle avait pensé au début, car quand elle chercha ce qu'il était devenu, il était déjà aux prises avec une autre femme.

Tant mieux pour elle. Téo comprit rapidement qu'elle n'apprendrait rien dans cette pièce ; elle n'était même pas capable de reconnaître certains sénateurs, alors qu'elle les avait vu à la dîme annuelle, deux mois auparavant – bon, il fallait aussi avouer qu'elle avait dormi les trois quarts du temps, tant c'était ennuyant, à moitié affalée sur Sarpentyn.

Dans ce cas-là, il ne lui restait plus qu'à fouiller par elle-même.

Elle avala le reste de sa coupe d'une traite pour se donner du courage, puis vérifia que personne ne l'observait avant de se diriger vers un couloir qui menait où elle ne savait. En tout cas, elle espérait qu'elle allait se retrouver quelque part, pas très loin des appartements des invités.

Elle réalisa que son Espionnage, qu'elle avait planifié à la perfection pendant son voyage, se transformait en une vraie improvisation. Elle n'était vraiment pas faite pour les règles. Tant pis, elle ferait confiance à son instinct, et elle verrait si elle y arrivait ou non.

Elle était étrangement calme, alors que cela faisait plusieurs semaines qu'elle angoissait. Peut-être qu'être dans le feu de l'action la détendait. Enfin, maintenant, elle devait trouver des informations, car il en allait là de son avenir.

Elle emprunta le premier couloir qui se présenta à elle, tout en essayant de se remémorer les plans du palais qu'elle avait vu quelques jours auparavant. Si elle se souvenait bien, les appartements des invités se trouvaient au deuxième étage. Désormais, elle n'avait plus qu'à trouver les escaliers.

Téo sentit la température se rafraîchir, certainement parce qu'elle était seule dans ces grands couloirs, sans autre être vivant pour produire une chaleur naturelle. Elle se frotta les bras, tout en continuant de ne faire aucun bruit.

Ce qui pouvait se révéler être très compliqué avec ces chaussures de bourgeux qu'elle devait porter. Toutefois, elle avait eu l'excellente idée d'appliquer une couche de sa résine (qu'elle avait enfin présentée aux Mentors. D'ailleurs, ceux-ci terminaient de faire des tests dessus pour être sûr qu'elle fonctionnerait bien) sur ses semelles, si bien qu'elle pouvait sauter à pieds joins sans faire le moindre bruit.

Il fallait l'avouer, elle était très fière d'elle.

Ce fut grâce à cette absence de bruit qu'elle entendit plus tôt que prévu des voix. Elle réalisa rapidement qu'elles venaient de derrière elle, et qu'elle avait intérêt à se cacher, sous risque de se faire voir.

Et elle ne savait pas si elle avait ou non l'autorisation de se trouver ici.

Elle se rendit compte qu'il n'y avait aucune cachette, là où elle était, alors elle remonta ses jupes et prit ses jambes à son cou pour trouver un endroit où se dissimuler. Elle fonça sur la première porte qu'elle croisa et, à son grand dam, celle-ci était verrouillée. Sans perdre de temps, elle retira deux de ses épingles à cheveux qui servaient aussi de crochets, faisant tomber par la même occasion une mèche blonde, et s'empressa de débloquer la porte.

Elle eut tout juste le temps de se glisser à l'intérieur, avant que les voix ne viennent dans sa direction. Heureusement pour elle, la pièce était vide. En refermant le panneau de bois, elle vit sur celui-ci un oculus. Toujours beaucoup trop curieuse, elle mit son œil en face, et attendit que les deux personnes passent.

Ces deux hommes (car c'étaient là des voix masculines) ne devaient plus être loin lorsqu'elle put saisir le contenu de leur conversation. Elle tendit l'oreille. Pour apprendre à changer de voix, il fallait d'abord être capable de les analyser, c'était ce que leur avait apprit Dytal. Et elle était assez forte en analyse de voix.

– Je vous l'ai déjà dit, mon Seigneur : je ne suis là uniquement que pour accompagner la conseillère de ma mère, semblait rétorquer une des voix.

Une voix disait beaucoup de choses. Et celle-ci était jeune. Son propriétaire n'était pas encore adulte, mais s'en rapprochait. Il y avait un soupçon d'accent lanois, toutefois, Téo sentit que c'était un accent acquis à force de vivre dans un même endroit. Elle supposa que ce jeune homme devait être Lunien d'origine. À l'intonation, elle sut qu'il était sensible, intelligent et de nature assez calme. Et peut-être un chouïa calculateur. Il ne parlait pas fort, ce qui prouvait qu'il semblait réfléchir à tout ce qu'il disait. Et c'était un vierge. Cela, elle le savait à l'instinct.

C'était étrange, mais Téo avait l'impression de connaître ce timbre.

– Bien entendu, railla l'autre voix. D'ailleurs, cela me fait penser à une chose ; pourquoi Noal n'est-elle donc pas venue ?

Celle-ci était beaucoup plus âgée. Pleine d'assurance et hautaine, Téo sut immédiatement à qui elle appartenait parce qu'elle ressemblait fortement à celle de son fils, qu'elle avait rencontré il y avait quelques instants. C'était donc celle de Téonal Lion. Et, par sa question, elle devina que le jeune homme devait être le fils de la sénatrice Noal Vierge.

Elle se traita intérieurement de cervelle d'oiseau. Pourquoi ne suivait-elle pas les actualités sur les personnes de la haute société ? Elle aurait pu savoir à qui appartenait cette voix. Elle aurait dû s'intéresser aux rejetons des sénateurs. Elle ne connaissait même pas le prénom du fils de la dirigeante. À moins que ce soit une fille ? Dieux, il est vraiment temps que je m'y mette, songea-t-elle devant ses lacunes.

Ce fut alors que Téo les aperçut dans l'oculus, et elle crut être victime d'une illusion. Bien qu'ils soient tous deux passés rapidement dans son champ de vision, elle crut reconnaître une personne qu'elle n'avait pas vu depuis presque cinq ans. Oh, il avait grandi, et sa voix avait mué, mais elle était presque certaine qu'il s'agissait de Kanwill Melym, son frère.

Et elle en eut la confirmation quelques instants après.

– J'avoue être sceptique quant à la raison de votre venue, monsieur Melym, disait Téonal Lion face à une réponse que Téo n'avait pas entendu.

Elle ne put entendre la suite, car les deux hommes étaient désormais trop loin. Elle s'adossa à la porte et ferma les yeux. Kan, son Kan, la personne qui la connaissait le mieux, la personne qu'elle aimait le plus au monde, avec qui elle avait grandi, se trouvait ici, et en plus, il avait été adopté par la sénatrice Noal Vierge. Mais quelle cervelle d'oiseau elle était ! Si elle l'avait su, elle se serait intéressée aux actualités de plus près ! Un sourire prit place sur ses lèvres en songeant qu'il avait dû avoir une famille qui l'aimait, et elle en était heureuse.

Qu'est-ce qu'elle aimerait pouvoir lui parler ! Cela faisait bien trop longtemps qu'ils ne s'étaient plus vus... peut-être pouvait-elle y remédier, même si cela n'était certainement pas autorisé. Âme noire et pet de Tenebris, j'ai envie de revoir mon frère, est-ce si grave que cela ? se demanda-t-elle.

Elle pouvait bien mettre sa mission en pause pendant quelques instants. Alors, Téo rouvrit les yeux. Elle réalisa qu'elle se trouvait dans un bureau, et elle n'aurait pas pu rêver mieux. Bon, certes, il devait appartenir à un secrétaire quelconque, donc elle ne trouverait rien d'utile à sa mission, mais il y avait certainement du papier et un crayon – or de question d'utiliser de l'encre : il faudrait attendre que cela sèche, et en plus, elle était gauchère, ce qui risquait de la faire baver.

Elle se précipita sur le bureau, après avoir ouvert les rideaux pour acquérir un minimum de lumière grâce aux deux demi-lunes de dehors. Elle réalisa qu'elle avait encore ses épingles en main, si bien qu'elle remit sa mèche en place, avant de fixer les bijoux – de toute façon, elle allait en ravoir besoin pour fermer la porte à clé. Puis elle s'efforça de toucher le moins d'objets possible.

Heureusement pour elle, le secrétaire semblait être bien ordonné. Elle trouva facilement une feuille de papier et un crayon de plomb. Rapidement et en tirant la langue, elle griffonna un message à l'attention de son frère, lui donnant rendez-vous un mois plus tard, sur le pont d'Opaltys ; d'ici-là, elle devrait être Espionne et pouvoir sortir comme elle le voulait. Elle termina sa lettre rapidement, n'ayant pas le temps de s'attarder, et signa.

Puis elle plia le message, en réalisant soudainement qu'elle ne savait pas comment le transmettre à Kan.

– Tu n'as qu'à me la donner, fit une voix derrière elle.

Elle sursauta, certaine que la pièce était vide à son arrivée, avant de se retourner précipitamment. Avec le contre-jour dû aux lunes, elle parvenait tout juste à voir les traits de son interlocuteur. Elle n'avait jamais entendu une voix semblable, à la fois masculine et féminine. Même l'apparence de cette personne ne lui disait pas si elle avait affaire à un homme ou à une femme.

– Qui êtes-vous ? questionna Téo, intriguée.

Son interlocuteur pencha la tête sur le côté, et elle réalisa qu'iel (elle ne souhaitait pas blesser la personne en se trompant de pronom) avait les cheveux coupés étrangement ; un côté était bien plus long que l'autre. Iel semblait être la moitié de deux personnes différentes, impression renforcée par le fait qu'iel avait un œil vert et un marron.

– Une personne dont tu auras certainement oublié le nom avant la fin de la soirée, répondit-iel.

Téo était stupéfaite. À part le vouvoiement transformé en tutoiement, c'était mot pour mot ce qu'elle avait dit à Derlinal Noiselas, le fils du sénateur Téonal Lion.

– Que me voulez-vous donc, alors ? demanda-t-elle.

– Juste t'aider, Téonary Naryn. Tu as une lettre pour Kanwill Melym, et je peux la lui donner.

– Comment savez-vous qui je suis ?

Elle était abasourdie. Elle n'avait fait aucune erreur, elle le savait, or cette personne paraissait tout savoir d'elle, ce qui était insupportable étant donné qu'elle-même ne savait même pas comment iel s'appelait.

– La trame des étoiles me l'a dit, c'est tout, expliqua-t-iel. Cesse de me dévisager ainsi, c'est fortement désagréable : tu me donnes l'impression d'être apparu en un claquement de doigt, or c'est totalement impossible.

Téo restait bouche bée. Elle était incapable de réagir, car elle ne savait même pas quelle créature était ce drôle de personnage. Iel secoua la tête en soufflant, et tendit la main. Automatiquement, sans se poser de question, elle lui remit sa lettre ; elle sentait qu'elle arriverait à bon port pour une raison inconnue. En se rapprochant, elle remarqua une autre chose étrange : iel n'avait pas d'odeur.

– Merci bien, fit la personne originale (car c'était ce qu'iel était). Ce que tu cherches se trouve en réalité dans cette pièce ; tu n'as pas besoin d'aller plus loin. Et n'oublies pas ce que je vais te dire : parfois, un simple détail peut tout changer, et une mort peut sauver tout un pays.

Téo ouvrit la bouche pour poser une question – enfin, plusieurs, car elle restait sur sa faim – mais un bruit lui fit tourner la tête. Quand elle porta de nouveau son regard sur son interlocuteur, elle réalisa qu'iel avait disparu.

Le pire, c'était qu'elle n'était même pas surprise.

Quelle étrange rencontre.

Enfin, maintenant, elle n'avait plus de temps à perdre. Elle se précipita de nouveau sur le bureau, mais avant, elle eut la présence d'esprit de trouver un objet réfléchissant. On lui avait apprit qu'un Espion savait s'adapter à toutes les situations. Si bien qu'elle savait que, de nuit, si cela était possible, il fallait mieux utiliser la lumière naturelle pour y voir plus clair, que d'allumer une bougie qui pourrait laisser des traces, et une odeur.

Elle pesta pour elle-même. N'ayant pas prévue de se rendre dans les bureaux, elle n'avait pas fait d'analyse à l'odomax, préférant s'asperger d'une décoction à l'odeur des couloirs. Elle espérait que personne ne la sentirait.

Elle ne trouva malheureusement par ce qu'elle cherchait, si bien qu'elle se rabattit sur ce qu'elle possédait. D'un coup sec, elle cassa les fils empêchant un de ses poignards de tomber de la doublure de sa manche, et utilisa sa lame étincelante comme miroir. Ainsi, elle refléta la lumière des lunes avec, pour pouvoir s'éclairer.

De sa main libre, elle procéda à un examen minutieux de tout ce qu'elle pouvait trouver. Elle fouilla ainsi chaque tiroir, tout en faisant attention à remettre en place chaque objet qu'elle bougeait. Elle jura à voix basse après avoir lu quelques lettres adressées au secrétaire : maintenant, elle comprenait pourquoi ce dernier, selon l'étrange personne, allait pouvoir l'aider dans sa mission.

Tout simplement parce que c'était un traître. Mentalement, elle nota le nom du secrétaire, qu'elle mettrait dans son compte-rendu, une fois rentrée – car il était hors de question qu'elle laisse un traître dans la demeure de la dirigeante Fanie Bélier.

Elle se mit alors en quête d'un tiroir qui pourrait être secret. Généralement, les détendeurs de ce genre de compartiment aimaient les avoir à porté de main. Ainsi, elle prit place sur le siège, et refit une observation, à la recherche de traces d'usures prouvant un touché régulier.

Lentement, elle bougea son poignard pour répartir correctement la lumière. Elle remarqua alors un objet insolite qui apporta un sourire sur ses lèvres.

Le livre, posé au coin du bureau, pourrait paraître innocent. Il s'agissait de la Constitution de l'Astriale, registre normal dans un bureau de secrétaire. Or, ce qui la dérangeait, c'était que son dos était cassé à un endroit, comme si on ne cessait d'ouvrir ce livre à la même page. Sûre de sa trouvaille, Téo ouvrit à son tour le livre.

– Je te tiens, chantonna-t-elle à voix basse.

Le livre était complètement creux, et abritait en réalité une sorte de loquet. Elle s'empressa de le tourner, puis un « clic » retentit, suivi de peu par l'ouverture d'un tiroir. Elle tira sur celui-ci, et faillit s'étrangler en découvrant son contenu.

Elle en sortit un foulard bleu roy, ce qui lui fit comprendre qu'il fallait vraiment qu'elle signale ce traître. Enfin, en dessous du tissus, elle vit ce qu'elle cherchait. Elle prit la liste résumant toutes les modifications apportées dans toutes les cités – à son humble avis, cet Ouroboros était une taupe qui permettait au reste de sa secte d'avoir une multitude d'informations.

Téo s'empressa de la recopier sur une nouvelle feuille, avant de replacer tous les objets comme ils l'étaient à l'origine. Elle se leva, rangea son poignard dans la doublure de sa manche tout en la refermant avec une petite aiguille qu'elle avait prit au cas où, et plia sa propre liste avant de la glisser dans la poche secrète de sa robe.

Elle était en train de refermer les rideaux lorsqu'elle entendit du bruit dans la pièce juxtaposant celle dans laquelle elle se trouvait. Elle cessa tout mouvement pour tendre l'oreille. Puis quand elle reconnut le bruit caractéristique d'une serrure que l'on tentait de débloquer, elle chercha une cachette appropriée.

On lui avait toujours dit que, si possible, il fallait se cacher en hauteur, car on avait tendance à chercher en bas. Il était rare qu'on lève la tête. Elle avisa le haut de la bibliothèque plongée dans le noir. Estimant qu'elle devait avoir tout juste la taille pour que ses mains l'atteignent, elle prit son élan, avant de bondir.

Elle parvint à saisir le bord avec ses doigts. Tandis qu'elle entendait que la serrure n'allait bientôt plus résister, elle mit l'un de ses pieds sur une étagère, jura à voix basse contre sa tenue, et poussa.

Elle eut juste le temps de se mettre à plat ventre, avant qu'une autre personne entre dans le bureau. Téo calma sa respiration, la main sur sa bouche, et cessa de bouger, observant l'intrus. Elle supposa rapidement qu'il s'agissait là soit d'un Assassin, soit d'un Voleur, à la discrétion dont faisait preuve cet intrus, qui était visiblement un homme d'expérience.

Elle comprit que c'était un Assassin à l'instant où elle le vit sortir un sachet et un pinceau. Avec ce dernier, il prit un peu de poudre, qu'il disposa sur de nombreux objets. Du poison. Une bouffée de colère lui monta au nez en réalisant qu'elle ne pourrait pas enlever ce poison – elle s'y connaissait assez bien dans le domaine, vu les heures qu'elle avait passé à l'étudier.

Or, maintenant qu'elle savait que le secrétaire était un Ouroboros, il était hors de question qu'il meurt avant que quelqu'un ait pu l'interroger. Elle qui voulait pouvoir prévenir Fanie Bélier lorsqu'elle serait rentrée à Opaltys, ce n'était désormais plus possible ; elle allait devoir trouver la dirigeante maintenant, et lui donner sa véritable identité pour qu'elle fasse arrêter le secrétaire.

Téo observa l'Assassin ranger ses affaires et repartir, et une fois qu'elle fut sûre qu'il n'était plus là, elle redescendit de sa cachette. Elle fonça sur la porte, qu'elle ouvrit (elle avait fait exprès de ne pas rebloquer le verrou après avoir vérifié qu'il n'y avait personne derrière). Puis une fois dehors, elle battit des paupière, ses yeux agressés par la lumière soudaine, avant de tirer ses épingles-crochets pour se remettre au travail.

Une fois celui-ci terminé, elle arrangea sa coiffure, reprit son air hautain, et retourna à la salle de bal. Dire qu'elle était dans une situation délicate était un euphémisme ; en plein Espionnage, elle n'était pas censée dévoiler son identité (en aucun cas, d'ailleurs), encore moins à la dirigeante.

L'Espionnage était une fausse mission, qui plus est. Les informations qu'on lui demandait, sa confrérie les possédait déjà. C'était juste un test. Mais maintenant, elle avait la sensation que ce banal Espionnage s'était transformé en véritable mission.

Elle pénétra de nouveau dans la salle de bal, et retrouva chaleur et bruit. Elle retint une grimace, puis se fondit dans la masse, tentant d'éviter un maximum de contact avec ces personnes. Fanie Bélier devait être quelque part, mais elle ne savait vraiment pas comment la trouver.

Elle observa les alentours, mais rien à faire, elle était même trop petite pour voir au-dessus des têtes des autres. Elle maudit mentalement sa petite taille, et fit alors ce qu'elle voulait surtout éviter : parler à un des invités.

Elle se rabattit sur un jeune homme d'une vingtaine d'années, capricorne, et seul au buffet. Sans paraître trop pressée (et impolie), Téo s'y rendit à son tour, et prit une nouvelle coupe de vin pétillant pour ne pas paraître étrange. Elle grimaça intérieurement, en songeant que la politesse astrilaise voulait que l'on se présente pour s'adresser à un inconnu.

– Bonsoir, monsieur. Je m'appelle Oryana Selene, et je vous prie de bien vouloir m'excuser. Puis-je vous poser une question ?

Le jeune homme se tourna vers elle, l'air étonné. Il cilla plusieurs fois, fronça les sourcils d'un air de dédain devant sa mise de petite bourgeuse, avant de lui répondre.

– Bonsoir, madame. Je m'appelle Venerys Oxermess. Allez-y, je vous écoute.

Téo le dévisagea quelques secondes. Les Oxermess étaient très connus en Astriale, car les ambassadeurs du pays étaient toujours issus de cette famille. Cela, pour le coup, elle le savait très bien, et grâce à Saleann. Sa meilleure amie connaissait tout de la noble famille Oxermess, fascinée par leur pouvoir. Téo n'avait jamais compris cette admiration démesurée. Elle se secoua mentalement, lui offrit un petit sourire, malgré l'air hautain de l'autre.

– Savez-vous où je pourrais trouver notre Dame la dirigeante ?

– Bien sûr, répondit Venerys Oxermess. Je l'ai croisé il y a quelques instants, tandis qu'elle discutait avec la sénatrice Arysia Taureau, près de l'orchestre.

Téo n'eut pas même le temps de le remercier, car il se détourna comme un malpoli. Visiblement, lui adresser la parole devait le « rabaisser ». Elle grinça des dents ; décidément, elle supportait mal les bourgeux. Elle reposa la coupe à laquelle elle n'avait pas touché quand Venerys Oxermess fut loin d'elle. Puis elle se dirigea à son tour vers l'orchestre, et maudit Arysia qui se trouvait toujours dans ses pattes.

Téo avait déjà vu Fanie Bélier sur le portrait de l'Académie, mais également en vrai. Cependant, elle ne l'avait jamais vu de si près. Assez menue, la dirigeante semblait être quelqu'un de fragile, mais aussi très naïve, surtout auprès de cette vipère d'Arysia. Enfin, c'était ce que Téo pensait, jusqu'au moment où la dirigeante tourna la tête vers elle, et la dévisagea. Dans ses yeux bleus régnaient une force d'esprit monumentale. Elle respirait la justice et l'honneur, et Téo comprit alors pourquoi elle avait été élue pour être dirigeante de l'Astriale.

Elle sentit une bouffée de loyauté l'envahir, et elle comprit qu'elle ferait tout ce que lui demanderait sa dirigeante.

– Mes Dames, fit-elle en s'inclinant.

Elle ignora le regard noir d'Arysia. Ce n'était pas elle qu'elle voulait voir. Elle se tourna vers Fanie Bélier.

– Ma Dame, je vous prie de bien vouloir excuser mon impolitesse, mais j'ai à vous parlez. En privé, si possible.

La dirigeante l'observait, la perçait de son regard, sans bouger. Arysia se pencha vers elle pour lui murmurer quelque chose à l'oreille, avant de s'en aller. Téo était toujours tête basse. Elle sentait que Fanie Bélier la jugeait, la jaugeait, et elle, elle ne bougeait pas d'un poil. Puis la dirigeante lui fit signe, et elle releva le visage.

– Suivez-moi.

Elle lui emboîta le pas, tandis que Fanie Bélier se dirigeait vers les couloirs. Or, contrairement à Téo, elles prirent les escaliers (alors, c'est là qu'ils se cachaient ! se dit-elle). Puis la dirigeante l'amena devant une porte. Elle sortit sa propre clé, lui fit signe d'entrer.

Elles étaient dans un bureau. Et Téo devait bien l'avouer, elle ne pensait pas que la décoration serait... si simple. À peine meublé d'un bureau de bois blanc et d'une bibliothèque du même matériau, il n'y avait rien d'autre, à part un tapis représentant tous les cercles de l'Astriale, au sol. Ce dernier était fait dans la même pierre veinée d'or que la salle de bal, seul aspect de richesse. Même les murs étaient vides. Il n'y avait ni tableaux, ni tapisseries. Cela était étrange, il fallait l'avouer.

Mais le plus étrange, c'était que la pièce était tellement vide que les pas de la dirigeante résonnaient.

D'ailleurs, Téo remarqua que Fanie Bélier se détendit tandis qu'elle prenait place derrière le bureau, et lui offrit même un sourire. Maintenant qu'elles étaient seules, la dirigeante semblait bien plus amicale.

– Asseyez-vous donc, l'invita-t-elle – et Téo s'empressa d'obéir. Vous êtes donc une de mes Espions – ne le niez pas, vous êtes bien trop silencieuse pour être une de ces pies aristocrates. Et aucune d'entre-elles n'aurait eu le culot de s'adresser à moi de la sorte.

– Je suis encore Apprentie, ma Dame, s'empressa de corriger Téo en rougissant. J'étais en train de passer mon Espionnage, lorsque j'ai vu quelque chose dont je devais absolument vous parler.

Fanie Bélier haussa un sourcil, intriguée, le menton posé sur ses doigts croisés. Elle lui fit signe de continuer, et pour une raison inconnue, Téo se sentit minuscule – enfin, plus que d'habitude. Elle était face à la figure majeure de l'Astriale, ce n'était pas le moment de passer pour sotte.

– Les Mentors m'ont dit, ma Dame, qu'ils avaient besoin des nouvelles mesures prises par les cités, pour les futurs missions, commença-t-elle. Sachant que vous donniez une fête ce soir, j'ai sauté sur l'occasion pour m'introduire dans le palais. Et alors que j'étais en train de fouiller le bureau d'un de vos secrétaire (elle cita le nom), j'ai fais une découverte. C'est un traître, ma Dame. J'ai trouvé un compartiment secret dans son bureau, et l'ouverture se trouve dans un livre qui n'est autre que la Constitution de l'Astriale. Et dans ce compartiment, il y avait un foulard bleu roy. C'est un Ouroboros, et il faut l'arrêter avant qu'il ne retourne dans son bureau, car il risque d'y mourir ; tandis que j'y étais, un Assassin s'y est introduit à son tour pour recouvrir ses affaires d'un poison que je n'ai pas eu le temps d'identifier. C'est pour cela que je tenais à vous prévenir, ma Dame.

Fanie Bélier resta silencieuse quelques instants. Puis elle prit une feuille sur son bureau, ainsi qu'une plume, et commença à écrire. Téo resta silencieuse, laissant la dirigeante travailler. Puis celle-ci releva la tête.

– Je ne vous ai pas demandé votre nom, dit-elle. Quel est-il ?

– Je m'appelle Téonary Naryn. T-É-O-N-A-R-Y N-A-R-Y-N, épela-t-elle instinctivement, à cause de l'étrange orthographe de son prénom.

– Eh bien, je vous remercie, jeune Téonary, déclara la dirigeante en lui tendant sa feuille. Vous avez réussi votre Espionnage, et à la fois, vous me rendez un fier service. Grâce à vous, nous allons enfin pouvoir interroger un Ouroboros – après la mort de celui qui s'était rendu à Amrynen, cela diminuera notre frustration.

Fanie Bélier se leva, et Téo s'empressa de faire de même. Lorsqu'elle lui inclina légèrement la tête, Téo tomba à genoux pour la remercier. Face à son comportement, la dirigeante lui prit les deux mains pour la forcer à se relever.

Téo crut qu'elle allait s'évanouir. Surtout lorsque Fanie Bélier lui sourit.

– Je suis honorée de pouvoir vous compter dans mes Espions, Téonary. Je suis sûre que vous ferez un excellent travail.

– Non, merci à vous de me faire confiance.

La dirigeante la raccompagna, avant de retourner dans la salle de bal. Téo patienta quelques secondes dans les couloirs, tentant de faire disparaître le sourire qui planait sur ses lèvres. Elle avait réussi, elle allait devenir Espionne. Elle nageait en plein rêve.

Alors, respirant la joie de vivre, elle repartit.
___
Publié le 25/09/2021

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