CHAPITRE CINQUANTE-SIX

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New-York est très certainement une des plus belles villes au monde. Elle scintille, elle brille de milles feux, elle illumine le regard de tous alors qu'elle ne dort jamais. Elle rayonne de par sa grandeur, sa singularité, son bruit assourdissant et sa beauté semblable à aucune autre. Elle est unique en son genre. Elle dépasse toutes les impossibles.

Assise dans mon fauteuil favori, celui étant le plus moelleux et confortable de tous, je regarde le soleil se coucher sur la ville qui s'étend à perte de vue. La vue est splendide. A travers la grande baie vitrée du salon, j'observe les flocons tomber du ciel et recouvrir les environs. Le spectacle qui s'offre à moi est à couper le souffle. Je comprends pourquoi ma mère aime tant habiter ici. On peut y vivre des moments comme celui-là, des moments d'une beauté simple mais époustouflante.

Je me souviens de la première fois où j'ai mis un pied à New-York. C'était un an après que Maman soit partie. Nous n'avons pas eu de nouvelles d'elle pendant un long moment. Elle avait quitté Papa du jour au lendemain et elle ne nous avait contacté que lorsqu'elle avait réorganisé sa vie. Elle avait demandé à Papa de nous envoyer, mon frère et moi, ici pour que nous puissions passer du temps ensemble. Après de longues négociations, il avait accepté et nous étions parti, Charlie et moi.

Nous avions passé deux semaines avec Maman. Elle nous avait emmené partout. On avait visité tous les plus grands sites touristiques de la ville comme le grand Central Park, la majestueuse Statut de la Liberté et le spectaculaire Empire State Building. Nous en avions prix plein les yeux. A cette époque, j'en voulais déjà à ma mère de nous avoir abandonné mais nous avions passé de si bons moments tous ensemble que j'en avais oublié ma rancœur. Elle avait réussi à me reconquérir avec New-York. La ville nous avait réconcilié, elle et moi.

Aujourd'hui, elle est le témoin du renouveau de notre relation.

Baignée par ces doux souvenirs, je baisse mon regard sur le bloc-notes qui repose sur mes genoux. La page qui est ouverte devant moi est recouverte d'inscriptions. Ce sont des paroles de chansons que j'ai commencé à écrire il y a de ça une heure. J'ai tenté d'exorciser ma peine par la musique. Je me suis dis que ma douleur pouvait m'être utile. J'ai pensé à Cameron et à son départ et tout m'est littéralement tombée dessus. J'ai noirci les pages en notant tout ce que je ressentais depuis qu'il est parti. J'ai réussi à composer un refrain qui représente parfaitement la souffrance qui me tord le ventre et empoisonne mon coeur. C'est une chanson de rupture, chose que je n'aurais jamais imaginé écrire en pensant à lui.

Plus je me remémore ces derniers jours, plus j'ai l'impression de m'enfoncer dans un gouffre sans fin. Je ne crois pas avoir encore toucher le fond. Je creuse un peu plus à chaque seconde qui passe et où je suis loin de lui sans vraiment savoir où il se trouve. Son absence me torture à un point qui m'est presque inconcevable. La douleur qu'elle m'inspire me coupe l'appétit, m'empêche de dormir, me fait me sentir plus seule que jamais. Maintenant qu'il n'est plus là, j'ai la sensation d'avoir perdu une partie de moi-même. Je ne vis plus.

Depuis mon arrivée à New-York hier, j'ai tenté de faire bonne figure pour que personne ne se doute de rien. J'ai regardé un film avec Charlie en le taquinant régulièrement comme à mon habitude. J'ai discuté chiffons avec ma mère en prenant garde de ne jamais aborder de sujets trop compliqués. J'ai aussi passé du temps avec mon père. Nous réapprenons peu à peu à nous côtoyer, lui et moi. Tout n'est pas encore comme avant mais ça ne fait que vingt-quatre heures que nous nous sommes retrouvés. Nous allons avoir besoin d'encore un peu de temps. Beaucoup de temps, en fait. Pour l'instant, nous nous réhabituons à la présence de l'autre sans jamais parler du sujet qui fâche, c'est-à-dire, lui. Cameron.

Mon coeur me fait mal chaque fois que je pense à lui.

Machinalement, je sors mon portable de ma poche et fixe l'écran n'affichant aucune notification.

THE WAY - LE MENSONGEWhere stories live. Discover now