CHAPITRE DIX-NEUF

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Ce sont des éclats de voix étouffés qui me réveille ce matin. Cette stimulation extérieur m'extirpe malgré moi du sommeil agité dans lequel j'étais empêtrée. Je suis aussi fatiguée que lorsque je me suis endormie hier soir. Ce sont mes pleurs qui m'ont épuisé à ce point. Je n'avais pas passé une nuit comme celle-ci depuis longtemps. J'ai d'abord somnolé en étouffant mes pleurs. Je ne voulais pas que Violet m'entende. Elle m'a déjà supporté à mon retour. Je n'aime pas le fait qu'elle m'ait vu dans un état pareil. Elle en a déjà assez fait.

Puis, après avoir pleuré pendant plusieurs heures, je me suis écroulée à force d'avoir vidé mon corps de toutes ses larmes.

A présent, je perçois la petite voix en colère de ma meilleure amie qui peste contre je ne sais qui. Ses mots me parviennent à travers le brouillard dans lequel je suis depuis hier soir. Mon esprit est embrouillé. J'ai bien du mal à reprendre possession de tous mes moyens. Je suis tellement usée par la fatigue que j'ai des difficultés à me réveiller.

Allez, on se bouge, ma fille.

Il se passe quelque chose et il faut que je vois ce que c'est. Je ne peux pas rester dans l'incompréhension. Je dois me bouger maintenant avant de tout rater.

-Je ne te laisserais pas entrer, entends-je Violet. Dégage d'ici, Cam.

J'ouvre brusquement les yeux en réalisant qui se tient là à quelques mètres de moi. Mon coeur manque plusieurs battements en même temps que mon souffle se coupe.

Il est là.

-Je ne partirais pas tant que je ne l'aurais pas vu, bordel.

J'ai désormais une bonne raison de me lever et de me mêler de ce qu'il se passe. Je ne peux définitivement pas rester là sans rien faire. Il est venu pour moi. Je dois intervenir avant que Violet ne lui tape dessus. Nous savons tous qu'elle en est capable. Elle me l'a même dit hier soir pendant qu'elle tentait désespérement de me consoler. Elle était furieuse de me voir dans un état pareil. Je peux le comprendre. J'étais une vraie épave.

A présent, je dois me relever. Je ne peux pas les laisser s'entre-tuer pour moi. Je refuse de rester cacher. Il faut que je prenne les choses en main avant qu'il ne soit trop tard. Violet ne doit pas se retrouver entre nous. Je ne veux pas la mêler à ça. Elle n'a rien à voir dans cette histoire. Elle s'y est déjà trop impliquée. Il faut que je mette un terme à tout ce calvaire.

Je bouge mon corps fatigué pour m'extirper de mes draps. Je remue tant bien que mal sur le matelas et parviens à sortir du lit. Je me mets sur mes deux pieds et quitte la chaleur de mon cocon.

-Je n'ai pas peur de te foutre dehors, Thatch, rétorque Violet alors que je m'approche de la porte entrebâillée.

-Je camperais ici jusqu'à ce que je la vois.

-Tu as merdé. Ne viens pas te plaindre maintenant. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.

-Comme si je ne le savais pas.

Je ne prend pas la peine d'aller chercher ma béquille dans le placard et vais directement ouvrir la porte. Il faut que j'intervienne avant le point de non retour. Je refuse qu'ils s'entre-tuent pour quelque chose dont Violet n'a pas à se mêler. Elle n'a pas à être au milieu de ce champ de bataille.

Lorsque j'ouvre la porte de la chambre, Violet et Cameron se tournent brusquement vers moi. Ma meilleure amie est déjà habillée, prête à partir en cours si j'en crois le sac qui se balance sur son épaule. Cameron, lui, porte les mêmes vêtements que lorsque je l'ai quitté hier soir. Ses cheveux sont dans un désordre qui me signifie qu'il a passé une sale nuit. Ses yeux sont rouges et fatigués et ses lèvres sont gercées et aussi blanches que le reste de son visage. Il n'a décidément pas bonne allure.

THE WAY - LE MENSONGEWhere stories live. Discover now