CHAPITRE SOIXANTE-ET-ONZE

266 13 10
                                    

-Merci...d'avoir été là.

-C'est normal. Je t'avais dit que je resterais avec toi. J'ai seulement tenu parole.

Sous le ciel étoilé de ce début de soirée, Cameron et moi venons de nous garer devant la maison de sa grand-mère. Cam a coupé le moteur. Nous restons là à fixer la nuit qui nous entoure. Nous avons besoin de ce temps calme après l'épreuve que nous avons surmonté ensemble au cimetière.

-Je me serais sûrement dégonflé si tu n'avais pas été là.

-Je n'en suis pas aussi sûre, dis-je dans le silence qui nous englobe. Tu es plus courageux que tu ne le penses.

-Je crois que tu crois trop en moi, Carlson.

-Pas du tout. Tu sais que j'ai la tête sur les épaules. Je ne te mentirais pas. Je pense ce que je dis.

-Tu as toujours été beaucoup plus optimiste que moi.

-C'est une des raisons pour lesquelles tu m'aimes, souris-je d'un air idiot.

Cameron tourne son visage éreinté par la fatigue vers moi. Il esquisse un maigre sourire qui me suffit amplement.

-Je t'aime encore plus pour ce que tu as fait aujourd'hui.

Une vague de chaleur se propage dans ma poitrine.

-Je n'ai pas fait grand-chose.

-Tu m'as poussé à être plus fort, continue-t-il. Sans toi, je n'aurais pas osé essayer. Je ne serais pas aller voir mon père.

-Je savais qu'une fois rentré à Denver tu regretterais de ne pas l'avoir fait. J'ai seulement tenté le coup. C'est toi qui a prit la bonne décision.

-Je suis content d'y être allé, m'avoue-t-il. Ça m'a fait du bien. Enfin, je crois. Je suis plutôt à l'ouest là, en fait.

-Je pense que c'est tout à fait normal.

-Ouais, sûrement.

Il baisse les yeux sur ses cuisses, ferme ses paupières durant plusieurs longues secondes et finit par pousser un lourd soupir qu'il devait sûrement retenir depuis longtemps. Il a toujours mal mais cette douleur n'est plus celle qu'elle était avant notre passage au cimetière. J'ai la sensation qu'un poids lui a été retiré des épaules. Il souffre encore de la disparation de son père mais il est aussi fier d'avoir surmonter sa peau et d'être aller le voir dans sa dernière demeure. Il avait besoin de ça pour exorciser une partie de sa peine, de l'injustice qu'il a vécu enfant. Il ne méritait pas de perdre son père aussi tôt. Ce qu'il a vécu l'a définitivement marqué mais je pense qu'il est prêt à faire avec, à se construire en conséquence.

-Il te manque.

Il hoche la tête en serrant les paupières. Son visage se crispe. Il retient tant bien que mal la douleur qui le ronge encore. La tension accumulée durant cette journée, peut-être même ces derniers jours, est prête à imploser en lui. Il est au bord du précipice. Je le vois à la façon qu'il a de se faire violence pour ne pas sombrer.

-Tellement, admet-il finalement alors que sa voix se brise.

J'ai mal au coeur de le voir aussi abattu.

-Cam...

Ma voix lui donne le coup de grâce.

Il s'effondre et explose en sanglots. Un gémissement torturé sort d'entre ses lèvres. Il plaque ses mains sur ses yeux pour se cacher. Je me tourne aussitôt vers lui pour intervenir. J'ai besoin de le consoler, de lui montrer tout mon soutien. Je refuse de rester là sans rien faire. Cette fois-ci, je dois agir. Mon contact lui est vitale, à présent. Il a besoin d'être soutenu.

THE WAY - LE MENSONGEWhere stories live. Discover now