PROLOGUE

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On pense toujours que les pires choses de la vie n'arrivent qu'aux autres. On vit chaque jour comme si le suivant était une valeur sûre. On croit inconsciemment que plusieurs fils solides retiennent notre existence sur cette terre. On se conduit volontairement de manière imprudente en imaginant que rien ne peut nous atteindre. La maladie, les accidents et toutes ces choses qui menacent nos vies nous semblent insignifiantes tant qu'on y est pas confronté. On en prend conscience que lorsqu'un danger se met en travers de notre route. C'est à ce moment qu'on réalise pas mal d'évidences qu'on ignorait alors jusque là. On avance les yeux fermés en sachant pertinement qu'on devrait les ouvrir mais il faut qu'une catastrophe se produise pour qu'on arrête enfin de nier la fragilité de la vie.

Aujourd'hui, j'ai ouvert les yeux. Aujourd'hui, je sais ce qu'on ressent quand une voiture vous fonce dessus et vous percute de plein fouet. Aujourd'hui, j'ai compris que ma vie ne tenait qu'à un minuscule fil qu'un rien peut détruire.

Aujourd'hui, je suis vivante mais je pourrais tout aussi bien être morte. Je pourrais être sur une table glacée au milieu de la morgue. Mon coeur aurait pu s'arrêter au moment où la voiture m'a frappé comme une quille sur une piste de bowling. Je pourrais n'avoir jamais ouvert les yeux de nouveau. J'aurais pu rendre mon dernier souffle sur le béton de cette route. Je pourrais ne plus être de ce monde.

Cependant, je suis en vie. Je respire. Mon coeur bat toujours et mes yeux peuvent s'ouvrir sur le futur.

J'ai échappé à la mort.




Lorsque j'ouvre les yeux, un néon tangue dangereusement au dessus de ma tête. Je vois double. Sa lumière intensément blanche agresse ma rétine et brouille ma vision. Je papillonne des paupières pour m'habituer au halo particulièrement lumineux qui rend mon environnement flou. Des larmes pointent au coin de mes yeux.

-Oh mon Dieu...Emery !

J'ai mal.

Ma tête s'est transformée en caisse de résonance. Dans mes oreilles, tous les bruits environnants sont décuplés. Ça fait un mal de chien. La douleur a emplit chaque recoin de ma tête. J'ai l'impression qu'on tape sur mon crâne avec un super marteau. La souffrance est lancinante. La forte luminosité n'arrange pas mon cas. Je souffre atrocement alors que je sors du néant dans lequel j'étais coincée.

-Emery...

Mon corps tout entier est engourdi. Ma tête n'est pas la seule victime. Mes jambes me font mal, elles aussi. J'ai la sensation que ma peau est à vif. Une pointe bien plus douloureuse que les autres me fait souffrir de la hanche. C'est comme si un milliard de petites aiguilles étaient en train de martyriser ma peau. Mes os sont comme pressurisés à l'intérieur de moi. Je n'ai jamais ressenti une sensation pareille. La douleur est incomparable.

-Emery...

J'ai l'impression que ma langue est embourbé dans de la pâte. Ma bouche est terriblement sèche et ma gorge l'est tout autant. Je déglutis mais ma propre salive me brûle les parois intérieures. Quelque chose obstrue mes narines. Je crois que ce sont des tuyaux. De l'air circule dans ceux-ci et va directement dans mes poumons. Je sens ma poitrine se soulever à un rythme presque régulier. Malgré la douleur qui martyrise tous mes membres, je respire.

Je n'ai pas encore totalement retrouver toute ma tête mais une sensation bien distincte me comble l'esprit. Celle de me sentir incroyablement chanceuse. Chanceuse d'être en vie. Mes poumons sont emplit d'oxygène et c'est une véritable bénédiction. J'en oublie presque la douleur pendant un instant.

THE WAY - LE MENSONGEWhere stories live. Discover now