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(On a atteint les 3000 vues ! Je sais pas quoi vous dire à part merci. D'ailleurs, il y'a une petite note à la fin (rien à voir). Bonne lecture !)
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« Je me dis que si j'ai mal au cœur c'est sûrement parce que tu es à l'intérieur. »

–Aurélie Troquier, Tout ce que j'ai laissé derrière moi.

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Soulagée, pressée et fière de moi, je finissais de rédiger le dernier mot qui bouclait une dissertation de quatre heures. Le dernier point inscrit, je posais mon stylo avec une satisfaction que je n'avais encore jamais connu en philosophie. Celle de comprendre enfin ce que je lisais, et mieux encore celle de réussir.

Malgré le retard de notre professeur fortement pénalisant pour nous, j'avais fini avant l'heure. Et c'était bien la première fois que je me sentais aussi inspirée sur un sujet tel que celui-ci. Je sentais mon cœur gonfler dans ma poitrine, et observais le reste de mes camarades qui se hâtaient de finir à leur tour. Il ne restait plus que quelques minutes, et notre enseignante était intransigeante. Peut-être trop, mais c'était également ce qui faisait son charme. Elle ne laissait aucunement les autres lui marcher sur les pieds, et sa sévérité bien qu'énervante nous dissuadait de tout écart dans son cours.

Ce fut la raison pour laquelle lorsque la sonnerie retentit, je m'armais de mes affaires et sortis en trombes de cette salle où les râles commencèrent à envahir l'espace pour réclamer plus de temps. Raison ou pas, rien ne pourrait lui faire changer d'avis à cette vieille dame. Je n'allais certainement pas gâcher mon énergie dans une bataille qui était perdue d'avance, et cela même si j'étais d'accord avec eux sur le fait qu'on pâtissait de son retard.

Je n'avais d'ailleurs qu'une hâte, celle de voir la note sur ma copie car pour une fois je me sentais confiante. Et ce n'était pas la seule matière dans laquelle je ressentais ça. J'avais trouvé un rythme d'étude qui me convenait et qui me permettait d'allier efficacité et rapidité. Le gouffre qui m'avait tenu à distance des autres s'amenuisait, et je voyais enfin la terre ferme de l'autre côté. Mes progrès étaient visibles, et je ne pouvais nier que c'était la plus grande source de satisfaction et de plaisir que je vivais ces derniers temps.

Surtout que dans mon sac, je détenais la copie du bac blanc d'espagnol que j'avais reçu hier. Et que sans ma prof d'espagnol et monsieur Rivera, ces progrès seraient restés à l'état embryonnaire. C'était eux, qui avaient cru en moi avant que moi-même je ne le fasse. Madame Grief, étant déjà au courant de mon devoir, je ne pouvais lui faire la surprise de cette réussite. Quant à monsieur Rivera, c'était différent et je trépignais d'impatience de lui brandir le résultat d'un mois d'efforts et de cours intensifs. Tout le monde savait que je n'avais pas le niveau en espagnol, mais cette note prouvait le contraire.

Ce fut excitée que je me faufilais entre les élèves pour me diriger vers cet endroit interdit dans l'espoir de le voir. Normalement, il était là-bas. On était mercredi, et il était toujours là-bas le mercredi. Si ma mémoire était bonne, c'était parce que la salle des profs était toujours remplie, et que cela nuisait à sa concentration.

Je croisais néanmoins les doigts, et en oubliais presque les précautions à prendre lorsque j'arrivais près de cette aile du lycée. Même si j'avais fini les cours, ce n'était pas le cas de tout le monde. De ce fait, les couloirs étaient bondés et je ne pouvais pas directement me faufiler à travers cette porte si souvent fermée.

Je soufflais nerveusement lorsque je me rendis compte que je devais attendre que la voie soit libre, et tapais du pied dans l'impatience. Une fois le dernier passant, je démêlais le cadenas qui donnait l'illusion qu'elle soit condamnée, et sortis en avance le papier qui était à l'origine de ma bonne humeur.

Alumnus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant