6. (partie 1)

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"Entre deux individus, l'harmonie n'est jamais donnée, elle doit indéfiniment se conquérir."

-Simone de Beauvoir.

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Un seul mot suffit à ce que des tonnes de râle emplirent la pièce. Parmi eux se trouvait le mien. Mon pied ne cessait de frapper le sol de la classe tandis que mes dents malmenèrent mes pauvres lèvres. Tout cela était dû à l'angoisse qu'un contrôle surprise avait provoqué. Et une bonne nuit sans sommeil également.

Je lançais à Arya un regard d'incompréhension, et elle me répondit d'un haussement d'épaule. Elle n'était apparement pas au courant non plus du but de notre professeur de philosophie en ce mardi matin.
Interloquée et surtout désorientée, je vis les gens autour de moi s'activer et sortir leur matériel en commençant par des copies doubles. Quant à ma prof, elle zigzaguait dans les rangées afin de fournir aux élèves le devoir.

Je sentais les fourmillements dans mes mains lorsque je retournais le sujet déposé sur ma table. Grimaçant, j'imaginais déjà madame Riota me rendre ma copie avec un zéro en rouge situé sur le haut de la feuille.

— J'espère que vous avez bien réviser vos leçons, lança-t-elle à la classe en arpentant chaque élève du regard.

Arrivée à moi, elle m'offrit un sourire. Je lui répondis en retour, mais le mien ressemblait sans doute plus à une grimace. Je sentais tous mes muscles faciaux se crisper. Je savais qu'elle était sadique, mais pas à ce point.
Elle était au courant que je n'avais pas encore rattrapé tous les cours, et que j'étais donc loin d'avoir en mes possessions les moyens pour réussir ce test. Mais cela, elle s'en fichait. Pour elle et pour le reste de mes professeurs, j'étais la seule responsable. Je ne pouvais que me blâmer. Je me massais les tempes. J'avais une migraine que le manque de sommeil et les pleurs d'hier avaient provoqué.

Réfléchis. Il devait bien y'avoir des choses auxquelles je pouvais répondre, non ?
Je soufflais, lorsque je me rendis compte que pas vraiment. Je notais malgré tout des choses par-ci, par-là, mais doutais de leur véracité. Au bout d'une dizaine de minutes, je posais définitivement mon stylo sur la table et retournais la feuille quasiment vide pour signaler que j'en avais fini avec ce devoir.

Cette heure de cours allait être très longue. Je tentais de m'occuper du mieux que je pouvais. D'abord en jouant avec mes stylos, puis en retirant le plus possible les fourches de ma chevelure, avant d'arpenter de mes yeux fatigués la salle. La plupart des élèves décoraient encore leur feuille de leur écriture, même Nour qui rencontrait des lacunes dans cette matière. De même pour Arya, qui excellait partout. Ce contrôle surprise n'avait pas l'air de la décontenancer, loin de là. Elle avait même plutôt l'air d'être dans son élément. Je rigolais en l'apercevant. Elle pouvait être fascinante.

Bien que dans mon champ de vision depuis le début, ce fut en dernier que j'observais le métis. Comme si il avait un radar dans le dos, il se retournait à ce moment. En m'apercevant le regarder, il m'offrit un sourire des plus sincères avant de se retourner pour finir son devoir. Je me mordais les lèvres pour ne pas sourire à mon tour. Depuis hier soir, je l'appréciais beaucoup. C'était étrange à dire, mais ce fut comme si j'étais inlassablement attirée par lui. J'avais l'impression de rechercher sa présence. Déjà ce matin, j'espérais le croiser à l'arrêt de bus. Ce ne fut malheureusement pas le cas. En revanche, je savais par la manière dont il m'avait salué lorsque nous entrions en classe qu'il n'allait pas m'ignorer et faire comme si la veille n'avait jamais existé. Sa compagnie était agréable, et surtout, je me sentais moi. Puis il m'avait vu dans mes pires états, chose que j'évitais absolument avec quiconque, même les deux brunes.

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