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« L'expression d'un sentiment est toujours absurde. »

Monsieur Teste, Paul Valery.

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Le bruit de mon réveil s'harmonisait parfaitement avec mon talon frappant frénétiquement le sol de ma chambre. Wesley était à mes côtés, sagement assis sur mon lit tandis que Julia faisait les cent pas dans la pièce.

Il était bientôt six heures du matin, et on attendait tous patiemment que la porte de l'appartement claque, signalant enfin le départ de ma mère. Être à trois dans cette pièce devenait étouffant, d'autant plus que ma cousine lançait des questions à tout bout de champ.

— Et t'habites en bas ?! demanda-t-elle pour la troisième fois.

D'ailleurs, je soupirais.

— Bon, Julia.

Depuis qu'elle avait débarqué dans la salle de bain et nous avait trouvé entrelacés, moi pleurant à chaudes larmes, elle bombardait mon ami de questions impersonnelles.

— Quoi ? J'ai bien le droit de savoir qui je vais devoir couvrir, non ?

Évidemment, il avait fallu tout lui expliquer pour qu'elle ne raconte rien à ma mère.

— Sam, c'est bon. On l'a réveillé en plus, intervint Wesley.

Bizarrement, lui, ça n'avait pas l'air de tant le déranger. Et je ne comprenais pas, parce que moi, je détestais cette curiosité que ma cousine avait. Je me mordais les lèvres, et soupirais.

— À trois heures du matin en plus !

— T'abuses, il était presque quatre heures.

Wesley me lançait un regard amusé, et assez ferme à la fois, au plus grand plaisir de ma cousine. J'avais l'impression d'être rabat-joie maintenant.

— Bon, je vais vous laisser entre vous hein.

Julia rigola alors que j'étais sur mes deux jambes.

— T'es susceptible !

— Non, tu me saoules, c'est tout.

Une grimace apparut sur son visage, et alors qu'elle allait répliquer quelque chose, Wesley se leva et mit fin à notre échange.

— Je crois que je viens d'entendre la porte, dit-il en posant sa tête sur la mienne.

D'ailleurs,  je soufflais gentiment, parce qu'il savait que je n'aimais pas ça. J'avais l'impression d'être un accoudoir.

Il lâcha un rire, lorsque je levais ma tête pour qu'il la retire.

— Je vais vous laisser seuls hein, s'exclama Julia en partant de la pièce.

je levais imperceptiblement les yeux. Pour connaître Julia, je savais que dans sa voix suintait les sous entendus. Wesley quant à lui n'eut pas l'air de comprendre puisqu'il attrapa ma main pour nous diriger dans le salon, à notre tour. Depuis qu'on était venu ici, il avait l'air de se sentir mieux. Toutefois, les marques sur son visage faisaient office de preuves de sa soirée désastreuse.

En arrivant dans la pièce centrale de notre appartement, Julia avait déjà déposé sur la table basse de la nourriture pour que nous puissions manger en regardant la télé. C'était ce qu'on avait décidé de faire, tout à l'heure au lieu d'aller dormir puisque notre nuit ne nous assurerait plus aucun bénéfice. Il ne fallait pas oublier que d'ici à peine deux heures, on se levait.

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