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" On obtient tout de moi quand on s'y prend de la bonne façon. "

-Molière, Les Précieuses Ridicules.

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Un soupçon d'injustice et une énorme frustration suffirent à libérer des larmes de colère.

Rageusement, je plantais mes écouteurs dans mes oreilles et mis le son à son maximum pour cacher les cris, les rires et la musique en provenance du salon. Armée d'un sac à dos contenant des affaires et une couverture, puis vêtu d'un pull à capuche, je verrouillais la porte de ma chambre en essuyant l'eau sur mes joues.

Derrière moi, mon frère d'un an et demi mon aîné me fixait de son regard insensible, un pilon entre les lèvres. La fumée me piqua les yeux et me fit tousser légèrement, tandis que je le dépassais en le bousculant à l'épaule.

Il me virait de chez moi le dernier jour des vacances, pour faire une fête pourrie et clandestine avec ses amis –si on pouvait les appeler tels quels– tous aussi pourries que lui.

Le pire dans tout ça, c'était que ce n'était pas la première fois. Et certainement pas la dernière. Pourtant, je tentais de lutter contre lui, mais le résultat était toujours le même.

Il refusait que je reste dans l'appartement lorsque ses amis s'y trouvaient, me foutant au passage dehors, peu importe le temps, l'heure et mon avis.

Oh bah oui, mon avis était la dernière chose dont il se souciait ! Quoi de plus normal de me mettre à la porte la nuit ?

Énervée et avec Zac sur mon dos, je me hâtais. La rapidité avec laquelle je me dirigeais vers l'entrée fut telle que je ne perçus aucun visage dans le salon malgré le monde qu'il pouvait y' avoir.

Tout ce que je pouvais discerner fut des voix graves, mais des conversations dépourvus de logique. L'appartement n'était plus qu'un amas de jeune homme, pour certains majeurs depuis peu ou plus, à qui le cannabis et autre substance illicite et dont je ne voulais pas savoir le nom avaient bousillé le peu de neurone qu'ils avaient.

— Bouge ton cul Sam ! J'ai pas que ça à faire moi, s'écria soudainement mon frère.

Je sursautais, surprise de son ton et lui lança un regard noir.

— Parce que tu crois que moi, j'ai que ça à faire ? J'ai cours demain !

Assise à même le sol pour enfiler mes chaussures, il me regardait de haut. Je détestais ce sentiment de me sentir soumise à lui, mais je n'avais pas le choix. Il était beaucoup plus fort, plus grand et plus âgé que moi. Je tentais, pourtant à chaque fois de lui faire entendre raison, mais cela finissait toujours pas une dispute entre nous deux, auquel je mettais un terme rapidement, loin de moi l'idée de me retrouver à l'hôpital par sa faute. Après tout, lorsqu'il débarquait sans prévenir avec sa troupe, il était déjà peté à un point que je ne pouvais jamais réellement définir. Et je savais, pour en avoir fait l'expérience, que mon frère avait parfois les coups faciles. Vraiment facile.

Alors pour éviter ceci, je me pliais à ses désirs, malgré le fait que j'avais horreur de ça et qu'un peu plus à chaque seconde je regrettais notre relation d'antan qui elle, était fusionnelle.

Chacun de ses gestes me faisait le haïr un peu plus tous les jours, comme en ce moment, où il balaya mes paroles d'un geste de la main, comme si ce que je pouvais dire ou penser ne lui faisait aucun effet.

Alumnus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant