Alumnus.

3.

"Masque de neige sur la terre et sous la terre ;
Source des larmes dans la nuit masque d'aveugle ;
Mon passé se dissout je fais place au silence."

-Paul Éluard.

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— Tu pourrais au m...-

Et un claquement de porte. Puis un soupire.

Dans un geste brusque, je reposais le verre d'eau que je venais de me servir et passais une main sur mon visage en me mordant la joue intérieure. Des tremblements faisaient tressauter mes lèvres tandis que les jointures de mes doigts devinrent blanches.

Ne pas laisser exploser sa colère.

— Asshole, me murmurais-je.

En fin de compte, je n'étais même plus sûre d'avoir de l'énergie à dépenser pour cet être qui partageait mon sang. Ou de vouloir. La lassitude restait le sentiment dominant parmi tous les autres. Je n'étais clairement pas la personne la plus patiente, donc devoir attendre une personne redevenir ce qu'elle était afin de retrouver une relation complice me demandait beaucoup d'effort, que j'étais prête à abandonner au vu des peu de résultats que j'obtenais.

Je soupirais et fini par relâcher mes nerfs, laissant mes pauvres doigts reprendre leurs couleurs originales.
Il fallait que je me dépêche, si je ne voulais pas arriver en retard au point de rendez-vous que nous nous étions fixés avec mes deux camarades de classe.

Deux semaines s'étaient écoulées depuis mon retour inattendu au lycée, et la rapidité avec laquelle ces deux brunes m'acceptèrent dans leur duo en ce peu de jours me surprendra sûrement pour le restant de ma vie.
Néanmoins, je ne pouvais pas empêcher ce petit sentiment de culpabilité qui apparaissait quand j'étais en leurs compagnies, je ne les considérais après tout pas autant qu'elles, même si j'appréciais énormément leurs présences.

Ma connaissance à leurs sujets s'était également accrue, je percevais mieux désormais quel caractère elles entretenaient chacune ainsi que leurs perceptions des choses -pour l'instant-, après je pouvais toujours me tromper. Mais d'après ce que j'avais pu observer, et constatée à plusieurs reprises ce fut qu'elles se connaissaient depuis bien longtemps, et que leurs différences étaient également bien chiffrées.

Arya, de son réel prénom Aishwarya préférait que l'on abrège ce-dite prénom afin d'éviter aux personnes un écorchement quasi-systématique. Je la remerciais grandement, étant persuadée moi-même de faire des erreurs. 
Elles vivaient avec ses parents ainsi que son petit frère et sa grand-mère venus directement d'Inde. Sa mère aurait apparement refusé de rejoindre son père français en France si cela voulait dire laisser celle-ci dans son pays. Ainsi, l'aïeul aurait fait partie du voyage.
Mon instinct me disait fortement qu'elle et moi nous entendrions parfaitement bien à l'avenir grâce à notre point commun qu'était d'avoir deux cultures différentes. Aussi puisqu'à la différence de son amie, elle avait un sang-froid que j'avais pu observer et une maturité à jalouser.

Bien que je ne disse pas que Nour manque de maturité...mais elle était plus subjective, à s'emporter en se fiant à ses sentiments au lieu d'essayer de comprendre et de voir une autre tournure aux circonstances.
On avait déjà eu elle et moi notre première altercation, ayant pour thème la superficialité de son jugement.Elle faisait des conclusions trop hâtives, et se permettait de juger autrui et j'avais un peu de mal avec ça. C'était ce que j'avais subi pendant un temps, alors je me mettais à la place des autres plus facilement.

Mais je l'appréciais malgré tout. Elle avait bon fond, puis c'était avec elle, étrangement, que je me libérais le mieux des poids que je me trimballais quotidiennement. Elle était une bouffée d'oxygène à elle seule, contrairement à Arya qui était justement beaucoup plus calme et du genre à rester en retrait.