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Fredonnant un air que mon père me chantait autrefois, j'admirais le paysage à travers la fenêtre de ma chambre. Les flocons de décembre étaient enfin tombés, et le béton ainsi que les toits des maisons aux alentours s'en retrouvaient couverts d'une fine particule. Je trouvais la neige particulièrement belle, et d'une telle pureté que mon cœur s'émouvait à chaque fois. Surtout lorsque elle se déposait sur les branches des arbres. J'adorais cette vision, et c'était le seul moment que j'attendais durant ce dernier mois de l'année. Le reste, depuis la mort de mon père était devenu futile et sans importance. Même Noël, cette fête familiale, qui ,depuis plusieurs mois nous correspondait plus du tout. Cette année était bien la première fois qu'on ne le fêtait pas, mais j'en étais soulagée. Je n'aurais pas à jouer une comédie, et à me sentir mal toute une soirée de plus.

Cela n'aurait toutefois pas changé énormément des autres jours. En réalité, cela faisait un moment que je n'arrivais plus à contenir mes émotions. Toutes celles que j'avais fui et enfoui, pour ce que je pensais être mon bien réapparaissaient dans un ouragan sinistre faisant exploser mon cœur de douleur. Je me sentais de plus en plus vide, et j'avais l'impression que ni personne ni le temps ne réussiraient à le combler. C'était étrange, mais je m'étais comme résignée à ce désespoir. Je n'avais aucune idée de si c'était le manque de mon père qui me mettait dans cette état, ou tout simplement le manque de lumière à cause de l'hiver, mais le résultat était là. Je me sentais mal et fatiguée, que ce soit physiquement, mentalement et surtout émotionnellement.

Heureusement que Julia se trouvait à mes côtés pendant cette période. Elle était un soutien inestimable durant ces jours où je ne faisais que me lamenter. Quand je n'étais pas fourrée dans mes bouquins — puisque je me réfugiais dans mes revisions, je me confiais à elle le cœur ouvert. Et elle m'écoutait, puis me rassurait quand j'en avais besoin. Depuis mon anniversaire et son retour, je m'étais beaucoup rapprochée d'elle, mettant de côté ma rancune à son égard. Pour ainsi dire, j'avais parfois la sensation de redécouvrir une complicité que je pensais disparue. Cela faisait du bien, de ne pas se sentir seule et de posséder des gens sur qui compter.

Je soupirais face au froid qui s'infiltrait dans ma chambre, et refermais la fenêtre tout en observant l'heure sur la montre que j'avais reçu comme cadeau de la part de William. Il était vingt-et-une heure passée, et la soirée à laquelle Nour m'avait forcé la main avait commencé depuis une heure déjà. Pourtant, même si j'avais accepté de l'accompagner pour le nouvel an, je devais attendre que mon frère parte. Seule Julia était au courant, et heureusement que ma mère était de nuit ce soir sinon le refus me serait catégorique.

Je m'étirais longuement, et décida d'user de ce temps pour me préparer. Malgré plusieurs tenues qui me paraissaient élégantes, mon choix était déjà décidé, et ce fut une robe en velours blanc que je sortais de mon armoire. Je l'aimais pour son tissu, doux au touché et qui savait m'apaiser mais aussi car elle était très agréable à porter. Pas longue mais ni trop courte, elle mettait ma faible poitrine en valeur grâce à son décolleté. Les fines bretelles, dont la fragilité m'inquiétait parfois, dévoilaient mes épaules ainsi que mon cou, que j'ornais d'un collier tombant. Le haut était légèrement fluide, puisqu'on pouvait apercevoir mes côtes, mais le bas se moulait à mon corps. Non seulement j'aimais l'esthétique de cette robe, mais c'était également celle dans laquelle je me sentais le mieux.

Je la posais sur mon lit, patientant jusqu'au dernier moment pour l'enfiler. De toute façon, Zac devait bientôt s'en aller si je me fiais à sa conversation de tout à l'heure. Je me dirigeais donc ensuite vers la salle de bain pour passer au maquillage. Je n'avais pas très envie qu'il soit imposant, alors après avoir nettoyé et hydraté ma peau, je déposais une fine couche de mascara sur mes cils, et traçais un fin trait d'eye-liner sur mes paupières. Pour finaliser le tout, j'ajoutais un gloss nourrissant à mes lèvres. Je me fixais dans le miroir en essayant de trouver des choses à modifier, mais à part mes cheveux que je brossais et laissais tomber naturellement dans mon dos, tout semblait être comme je le souhaitais.

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