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« Or, si l'amitié recèle toutes sortes d'avantages, et d'importances, elle les surpasse tous, parce qu'elle auréole l'avenir d'optimisme et n'admet ni la démoralisation des esprits ni leurs capitulations. »

-Cicéron, Laelius de amicitia.

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Assise sur le tabouret en bois de ma cuisine, je dégustais ma tartine de beurre. Pour une fois que je déjeunais, j'en appréciais réellement le moment présent. D'autant plus qu'en face se trouvait ma mère, en train de boire son café. Certes, elle était fatiguée par sa nuit de travail –elle venait seulement de rentrer–, mais avec le temps et l'habitude, j'avais pris le soin de profiter de chaque instant. Et ceux, même si c'était un basique petit déjeuner ou chacune de nous éprouvait un épuisement à nous couper l'envie de parler.

Cela ne faisait même pas une heure que j'étais chez moi, et j'avais quitté hâtivement le domicile du métis lorsque mon réveil m'avait informé que ma mère allait bientôt rentrer. Je devais impérativement être chez nous, avant elle. Heureusement, mon frère avait laissé un double des clés durant la nuit sous le pot de fleur. Cliché et risqué, mais cela m'avait permis d'être à l'heure.
De ce fait, Wesley et moi n'avions eu aucune conversation au sujet d'hier. Je ne savais pas ce que lui pensait de tout ça, et j'avouais dans mon fort intérieur ne pas m'en soucier pour l'instant, bien trop préoccupée par mon propre ressenti.

Le raisonnement d'être une connasse ne cessait de marteler mon esprit. Dans ma tête, dès que je repensais à ce moment, mon esprit ne se tarissait pas de me mettre les paroles de Nour en pensée. Les mots qui, quelques jours auparavant, m'informaient qu'elle éprouvait encore des sentiments pour mon ami. Le même que j'avais embrassé la veille.
Et bien que j'avais apprécié ce moment, ce sentiment ne durait jamais longtemps ; vite remplacé par la culpabilité à l'égard de la brune. Trahison écrit en gros sur mon front, des maux de ventre apparurent en même temps que l'angoisse de devoir me retrouver en sa compagnie. Je ne savais pas quoi faire entre lui dire la vérité, ou la garder pour moi. La deuxième option étant la plus facile, je me résonnais en pensant que ce n'était peut-être pas la meilleure.
Cependant, si elle advenait à le découvrir un jour par la bouche d'un autre, je ne donnerais pas cher de notre amitié, et de mon humilité.

J'étais coincée dans un étau. Et ma mère sembla le remarquer.

— Are you okay ?

— Hm.

D'un geste brusque, je me levais et attrapa mon bol pour le déposer dans l'évier derrière moi. En réalité, pas vraiment. Mais je ne voulais pas vraiment aborder le sujet de ma mauvaise humeur avec ma mère, parce que tout ce qu'avait produit ces ressassements furent un pessimisme pur et dur quant à ma journée. Mes sentiments faisaient les montagnes russes et j'avais l'impression de m'être réveillée le mauvais jour.

— Not too anxious...? continua-t-elle de demander, inquiète.

Et j'étais la raison de son inquiétude. Peut-être pensait-elle que mon énervement venait de , et celle-ci n'avait pas totalement tort.

Depuis notre dispute, notre relation s'était considérablement détériorée malgré l'amour que nous éprouvions l'une pour l'autre ; avec toujours comme sujet, ma scolarité.
Pour les apaiser, je lui avais certifié, noir sur blanc, donc oralement mais également par écrit que je ne sécherais dorénavant plus les cours. Elle avait d'ailleurs accroché mes mots sur le frigo de notre cuisine.

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