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« L'avenir tout tracé prend parfois la tangente... et peut faire se croiser deux lignes parallèles qui auraient dû le rester. »

– Agnès Ledig, De Tes Nouvelles.

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Mes pieds-nus flottant dans le vide, je ressentais chaque petite bourrasque de vent. Malgré l'énorme pull en maille qui me couvrait et un jogging, le froid assaillait mon être et chaque recoin de mon corps pour le pétrifier de froid. À mes côtés, se tenait debout mon frère, tandis que pour ma part, j'étais assise, les jambes croisées sur le plan de travail. Derrière nous, la fenêtre était ouverte, et s'y échappait la fumée blanche que Zac rejetait au fur et à mesure que le poison dans ses mains se consumait.

— Tu vas faire quoi si maman l'apprend ?

Lentement, ses yeux quittèrent le paysage extérieur pour venir fixer mon visage, qui était maintenu par la paume de ma main.

— La question serait plutôt de savoir ce que elle, elle ferait si elle l'apprenait. À mon avis, pas grand chose.

Je laissais échapper une légère grimace, mais retins de justesse le soupir qui me chatouillait la gorge. Son insolence me dépassait. Néanmoins, à quoi bon lui dire quelque chose ? Il s'en fichait royalement.

Il détourna le regard rapidement, et tira une dernière fois sur le bout de son joint avant de venir l'écraser contre le rebord de la fenêtre, pour ensuite le jeter par-dessus.

Pour ma part, je restais là à l'observer, même lorsqu'il me demanda de me décaler légèrement pour qu'il puisse fermer la fenêtre.

— Envoie un message à maman pour lui dire que je serais pas là lorsqu'elles arriveront, m'ordonna celui-ci.

— Tu peux pas le faire toi-même ?

— J'ai pas envie de lui parler, fut ses dernières paroles avant qu'il ne quitte la pièce pour rejoindre sa chambre.

Je me tus, et m'exécutais aussitôt. En écrivant le message, je descendis du mobilier et ouvrît de nouveau la fenêtre, le plus grand possible.

L'odeur de cannabis infestait la pièce entière et le couloir. Je soupirais, et me demanda sérieusement depuis quand mon frère était aussi irrespectueux pour fumer dans la maison de ma mère de cette manière. Sa chambre, même si on pouvait y sentir l'odeur à travers, et ce qu'il y faisait ne regardait que lui, mais le reste ne lui appartenait pas. Puis ce n'était pas comme si il ne savait pas qu'elle n'allait pas tarder à rentrer puisqu'il m'avait demandé cette information juste avant d'allumer sa drogue. Pour moi, c'était de la pure et simple provocation en réponse à la dispute que les deux avaient eu vendredi, suite au rendez-vous que ma mère avait prit avec le lycée de celui-ci.
Il est vrai que si recevoir une lettre de constat d'abandon de la part du proviseur pour l'absentéisme continue de son fils n'était pas très plaisant, je trouvais que ma mère avait été assez dure sur ce coup-là. Menacer son fils de lui couper son forfait téléphonique et tout argent poche n'améliorerait certainement pas la relation qu'elle avait avec Zac, mais c'était bien le dernière moyen pour elle de faire valoir son autorité sur lui et sûrement le cadet de ses soucis.

Depuis toujours, elle voulait que mon frère et moi travaillions bien à l'école, pour faire des études et ensuite faire un métier qui nous passionnait. Pour cela, elle voulait qu'on se donne les moyens pour. Et ce n'était clairement pas ce que l'on faisait à l'heure d'aujourd'hui. En revanche, je savais qu'elle mettait tout en œuvre pour que nous puissions le faire encore maintenant ; d'où le rendez-vous qui n'avait pas plu à mon idiot de frère.

Alumnus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant