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"La première fois que je l'ai rencontré, franchement je ne me suis pas doutée qu'il allait foutre ma vie en l'air. Pourtant, quand je me repasse le film, je me dis que ça crevait les yeux."

-Philippe Besson.

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Arya m'avait prévenu. Elle m'avait pourtant prévenu ! Pourquoi ne l'avais-je pas écouté ?
C'était connu, les secrets finissaient toujours par se savoir. Quelle idiote ai-je fait !

De nombreuses idées bataillaient à l'intérieur de ma tête, mais pourtant aucune n'étaient concluantes. Aucune réponse assez bien ne pourrait justifier mon comportement envers ma mère.

Mes mains tremblaient. Peut-être à cause de la nervosité qui m'avait envahie depuis une bonne dizaine de minutes, ou à cause de la fraîcheur de la nuit qui commençait à tomber.
Néanmoins, le résultat était le même : j'étais pétrifiée par la peur.

Je redoutais le moment où, ma mère guettera chacun de mes pas pour me prendre en assaut, et me balancer à la figure tout ce que je lui avais caché le mois dernier.

Son message « Rentre tout de suite à la maison et profite des derniers rayons de soleil qu'ils te restent » ne laissait pas de place au doute. Et bien qu'au départ je m'étais creusée les méninges pour savoir ce que j'avais bien pu faire pour avoir le droit à ce SMS, en plus écrit en français, l'évidence était ensuite venue me frapper.

Je soupirais une dernière fois, avant de trouver le courage de me lever et taper le code de mon bâtiment. Monter les huit étages au lieu de prendre l'ascenseur, qui pour une fois fonctionnait, semblait être la meilleure décision de ma vie. Retarder la situation, même de quelques secondes m'aidait beaucoup, ne serait-ce qu'à me préparer psychologiquement.

Ainsi, chaque geste, que ce soit d'ouvrir la porte de chez moi, d'entrer à l'intérieur ou bien de retirer mes chaussures s'exécutèrent dans une lenteur à se taper le crâne contre un mur.
Je ne trompais toutefois personne. Surtout pas ma mère qui débarqua avec une rapidité à l'antipode de ma vitesse.

— Te voilà.

Parée de son peignoir, elle venait sans doute de sortir récemment de la douche. Ses cheveux étaient encore trempés et une douce odeur de vanille flottait dans l'air. Pourtant, elle n'avait pas l'air d'être détendue. La main sur la hanche, elle attendait sans aucun doute que j'avoue de moi-même mes mensonges.

Mais aucun son ne sortait de ma gorge. J'étais devenue muette et ma bouche sèche. Aucune excuse n'était valable. J'avais abusé de sa confiance et lui avait menti chaque jours, pendant un mois. Comment me justifier après ça ?

Après quelques instants, les seuls mots capables de franchir mes lèvres furent « je vais dans ma chambre ».

J'étais désormais à des années lumières d'oublier le visage sidéré de ma mère après que je la dépassais pour rejoindre mon antre.

— Tu te fous de moi !?

Moi-même surprise de mon audace, je ne savais pas comment agir. Fuir mes responsabilités n'avaient peut-être pas été la bonne décision, surtout lorsque ma mère entra dans ma chambre plus énervée encore.

Ses muscles se contractèrent autour de la poignet tandis que des éclairs jaillissaient de ses yeux azurs. Sa colère était visible par ses traits tirés et ses yeux plissés.

Alumnus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant