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"Aux promesses qui fondent comme neige au soleil."

-Georgio.

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La première chose que je regardais en me retournant ne fut pas l'homme qui venait de m'interpeller par ses ordres, ou par sa voix éraillée, mais plutôt la pendule accrochée sur le mur, au dessus de ce tableau vert.

Huit heures trente-sept.

Et les aiguilles qui se déplaçaient à chaque seconde au même rythme que mon muscle cardiaque.
À peine arrivée, je sentais déjà la nausée me prendre par les tripes. Je détestais le lycée.

Mains moites. Muscles dépliés.

Je me décidais enfin à diriger mon regard vers mon professeur, ce dernier incrédule face à mon silence.

Lentement, incertaine, sa voix s'éleva de nouveau dans les airs.

— Bonjour. Qui êtes-vous ?

Ma gorge se sécha, incapable de produire un moindre son, bien trop intimidée par sa vocalise. À la place, je désignais d'un coup de tête le papier qu'il tenait entre ses mains et qu'il n'avait toujours pas zieuté.

Avec la même lenteur mais cette fois-ci avec des gestes définis et précis, il déplaça ses yeux vers la feuille jaunâtre tandis que j'aperçus les muscles de ses sourcils tilter.

Au bout de quelque secondes, il releva la tête vers moi, se redressa et plia le bout de papier que je venais de lui fournir.

— Ravie que vous nous fassiez honneur de présence après un mois, mademoiselle Kein, déclara-t-il en laissant tomber ce qui lui encombrait les mains dans la corbeille à ses côtés. Installez-vous.

Je n'avais pas attendu qu'il m'accorde l'autorisation que je venais déjà de poser mon fessier sur la chaise rouge au fond de la classe.
Tout, comme il n'avait pas attendu que je me sois installée pour reprendre le fil de son discours, avant que je ne l'interromps.

Mon sentiment de malaise se dissipait peu à peu, l'angoisse disparaissant au fur et à mesure que la normalité revint à la réalité. Evidemment, quelques curieux me jetaient parfois des coups d'œil que j'ignorais. Les plus téméraires me questionnèrent mais je ne répondais que brièvement et la majorité se concentrait sur les paroles de notre professeur.

À leur opposé, je distinguais d'une part les voix et les visages de mes camarades en train de chahuter et d'autre part la musique qui se faufila des écouteurs à mes tympans, ceux-ci cachés avec mes soins par ma chevelure détachée. Je me focalisais sur le second au détriment du premier.

Et j'aurais irrémédiablement passé l'heure entière à rêvasser si un claquement de doigts ne venait pas de faire son apparition dans mon champ de vision restreint par les rayons du soleil.

Je discernais une ombre malgré tout. Celle de mon camarade de classe situé à la table devant la mienne. Je fronçais les sourcils tandis qu'il ouvrit la bouche sans pour autant que je n'entende quoique ce soit, les chansons de Linkin Park occupant toute mon ouïe. Je compris néanmoins la compassion lorsqu'il me désigna d'un mouvement de tête notre professeur, que je venais seulement de remarquer, immobile.

Je destituais mes pavillons de leurs biens tout en gardant le contact avec l'homme au visage neutre. Était-il énervé ? Je n'en avais pas la moindre idée, mais il ne paraissait pas non plus joyeux.

Soit, je comprenais parfaitement si celui-ci ressentait un agacement mais cela n'empêchait en rien que je changerais quelque chose à mon comportement. Faire l'effort de venir dans cette salle avait déjà été un pas considérable de ma part vis-à-vis du dégoût que j'éprouvais.

Alumnus.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant