Chapitre 35 - Case départ

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J'étais escortée en direction de ma chambre. A chaque pas, je sentais le fourreau en cuire où était rangé mon couteau frôler ma hanche, me rappelant sa présence. Je réfléchissais à toute vitesse à un plan. Une fois dans ma chambre, deux gardes m'empêcheraient de tenter quoi que ce soit, l'unique possibilité avec laquelle je pouvais avoir une toute petite chance de réussite était de me retrouver seule. Pour cela, le mieux était de les surprendre, afin qu'ils ne savent pas quoi faire de moi et ainsi peut être me retrouver sans surveillance.

Je me concentrais sur ma respiration alors que nous montions les escaliers menant au balcon qui reliait la cour intérieure aux appartements. Je marchais au rythme de mes gardes. Je regardais droit devant moi, avisant le couloir qui menait à ma chambre. Nous arrivâmes à l'intérieur du bâtiment et les portes menant au balcon se refermèrent derrière moi, je retins ma respiration.

Un...

Deux...

Trois...

Je me laissai soudainement tombée sur le sol en fermant les yeux, je dus me battre contre mon instinct pour ne pas me rattraper et me laisser tomber complètement sur le sol. Je serrai les dents alors que mon épaule heurta les planches de bois.

-Qu'est-ce que... commença un des hommes, surpris.

L'autre, plus professionnel, prit la parole d'un ton pressant:

-Dépêche toi d'aller prévenir le Conseil, j'appelle l'infirmerie.

J'entendis le premier filer au pas de course. J'avais espéré que les deux s'en aillent mais ça aurait était trop facile, je trouverais peut être une chance plus tard. Dans tous les cas je devais rester parfaitement immobile et feindre l'inconscience. L'homme qui était resté s'accroupit à côté de moi, je sentis son souffle chaud proche de mon visage et je priai pour qu'il n'entende pas les battements de mon cœur qui s'affolaient. Finalement, il se redressa et me donna un coup de pied dans les côtes, sûrement pour s'assurer que je ne feigne pas mon état. Le coup n'était pas particulièrement violent mais je dus réquisitionner toute ma force mentale pour ne pas réagir. Une seconde s'écoula avant que je l'entende pianoter sur son téléphone:

-C'est Gabriel, la détenue est inconsciente et couchée sur le sol... Non elle n'est pas dangereuse elle respire à peine... Je la ramène à l'infirmerie.

J'essayais de calmer ma respiration, il semblait croire à mon petit manège. Soudain, je me sentis soulever de terre, comme en lévitation. Je compris qu'il devait sûrement se servir de ses pouvoirs pour me soulever facilement. J'avais l'impression de flotter sur un nuage, et l'air me caressait la peau alors que je me sentis bouger. Je n'osai pas ouvrir les yeux, de peur d'être remarquée par mon geôlier, pourtant, il aurait fallut que je puisse voir quel chemin nous empruntions si je voulais pouvoir ressortir de ce labyrinthe. Je sentais l'élan de courage que j'avais éprouvé s'évanouir mais c'était trop tard pour faire demi-tour.

Encore une fois, c'était à l'aide d'un contrôle presque surhumain que je me retins de sursauter lorsque je sentis de la matière en dessous de moi. Au toucher, je reconnus une bande de tissue, de ceux qui sont déposés sur les lits de consultations. Je commençais à paniquer, feindre de perdre connaissance devant deux grosses brutes sans cervelles passait encore, mais je ne pourrais pas mentir très longtemps à un médecin. J'entendis le téléphone de mon gardien sonner.

-Gabriel à l'appareil, dit-il en décrochant. Oui... J'arrive tout de suite.

Je l'entendis raccrocher et s'activer. J'entrouvris à peine les yeux pour discerner ses gestes à travers mes cils. Il attrapa des sangles aux quatre coins du lit puis me ligota les pieds et ma main valide. Il s'arrêta une seconde en toisant mon plâtre, puis il laissa retomber la quatrième sangle et quitta la pièce, pensant surement que j'étais hors d'état de nuire. Quand la porte claqua derrière lui, je me relevai d'un coup, oubliant presque que j'étais attachée. Je n'avais plus que mon bras plâtré pour me tirer d'affaire. J'étouffai un juron en tentant de défaire la boucle qui maintenant ma main valide au bord du lit, dans un ultime effort de contorsion. Je me mis en position assise, me pressant pour défaire les liens qui liaient mes chevilles au lit métallisé. Je jetai un peine un coup d'œil à la chambre, vide, blanche et à l'odeur d'antiseptique, où étaient disposés quelques lits pareils au mien. Je parvins à contrôler les tremblements de mes mains et à défaire les deux boucles en cuir restantes. Je sautai hors du lit en tentant de trouver une issue. Je remarquai la porte par laquelle le garde était sortie il y a quelques minutes, si je passai par là j'étais quasi-sûre de me faire prendre car il s'agissait vraisemblablement d'une entrée principale.

ImperiaWhere stories live. Discover now