Chapitre 11 - Confession

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J'étais parfaitement désespérée.

Cela faisait désormais quatre nuits que je ne dormais pas, ou plutôt quatre nuits que je faisais des cauchemars abominables qui me rendaient folle. Ils se ressemblaient et étaient construits en deux étapes, la première étant le moment où je me retrouvais dans le néant, sans pouvoir utiliser aucun de mes sens, la seconde partie se déroulait dans cette étrange forêt.

J'en étais à un point où je redoutais le moment où j'allais m'endormir. Hier, j'avais essayé de lutter, terrorisée à l'idée de revivre la même souffrance, sachant très bien que je ne pourrais pas y échapper.

La veille, et la nuit d'avant, j'avais tenté de ne pas reproduire les mêmes erreurs que lors de la première nuit. Couchée sur le sol de la forêt, j'étais restée immobile, plutôt que de m'aventurer dans ce drôle de paysage. Cependant, chaque fois, un bruit me faisait sursauter et me faisait perdre mes moyens. Chaque fois, dans une course effrénée, je percutais cette barrière invisible que je ne pouvais appréhender, à mes dépens. Chaque fois je me réveillai, en sueur dans mon lit avec en tête le souvenir vivace de la douleur que je venais de ressentir.

J'avais donc tenté de rester éveillée en vain, cela faisait trois jours que j'accumulais la fatigue, je ne dormais que quelque heures par nuits, peut être deux ou trois, et ce n'était certainement pas d'un sommeil profond et réparateur. En outre, je finissais toujours par tomber littéralement de fatigue, et je ne parvenais plus à lutter, inéluctablement je m'endormais.

Assise dans mon lit, les genoux repliés devant moi, je tentais de faire abstraction du puissant mal de tête qui semblait me lacérer le cerveau tout en pensant à l'expérience de cette nuit. Je m'étais réveillée après avoir eu l'impression de mourir, engloutie par des flammes que je ne pouvais pas voir, mais ce n'était pas tout. Malgré le fait d'être bien réveillée, j'avais perdu tout sens de l'orientation. La pièce s'était mise à tourner autour de moi, tout s'était mis à tanguer. Je pouvais sentir que j'étais réveillée et dans mon lit, mais j'avais perdu tout contrôle de mon équilibre, j'étais restée couchée en position fœtale alors que j'entendais cette voix lointaine m'appeler : « Elena, Elena ».

« Détruis le ».

Je fixai le vide devant moi en triturant les ongles de mes mains. Qu'est ce que cela pouvait bien signifier ? « Détruis-le » ? Oui, mais détruire quoi ?

Je devenais complètement folle, ma vie avait basculé du jour au lendemain, sans aucune explication. Je ne pouvais simplement plus dormir, je n'étais même pas sûre de pouvoir survivre longtemps dans ces conditions. Combien de temps peut-on perdurer sans dormir ? Je n'osais pas me renseigner en cherchant sur internet.

Une part de moi voulait tout raconter à Amanda, mais cela reviendrait à admettre que ce que je vivais pourrait avoir une cause qui dépasse la science et le domaine de la raison. Et je ne jurais que par la raison. Pourtant, Amanda s'inquiétait réellement, elle voyait mon état physique et psychologique se détériorer de jour en jour, personne ne pouvait le nier. J'avais le teint blafard, des cernes sombres qui gagnaient un peu plus de terrain chaque matin, les lèvres sèches et gercées... Je faisais peur à voir.

D'ailleurs, Amanda préférait me laisser tranquille, elle prenait des pincettes avec moi, sachant que je pouvais perdre mon sang froid en quelques secondes. J'essayais de me maîtriser mais je ne gérais pas très bien la situation. A la boutique, elle me laissait gérer les stocks et l'inventaire tandis qu'elle prenait en charge les clients, cela valait mieux.

Je n'avais plus aucun appétit, je vivais de barres de céréales et d'infusions à la camomille, qui certes me faisaient m'endormir très vite, mais ne m'empêchaient pas d'avoir ces horribles cauchemars.

ImperiaWhere stories live. Discover now