Imperia

Chapitre 7 - Un cœur d'artiste

Je restais allongée sur le dos, confortablement emmitouflée dans ma couette. J'entendais les gouttes de pluie s'abattre sur le toit et les volets, et un vent frais pénétrait pas la fenêtre ouverte de la chambre. J'adorais la sensation d'être protégée, au chaud dans ma couverture, quand la météo à l'extérieur se faisait capricieuse.

J'aimais tout particulièrement cette ambiance quand j'étudiais dans ma chambre à Paris, mon bureau était juste en dessous de la fenêtre pour que je puisse profiter de la lumière naturelle. C'était un piège, il m'arrivait souvent de me perdre dans l'observation de ces minuscules gouttes d'eau qui tombaient du ciel, un mug à la main et une épaisse couverture sur les épaules, si bien que je prenais un temps fou à me concentrer sur mon travail.

Mais ce jour ci c'était différent, je ne pouvais pas rester dans mon lit toute la journée, j'avais du pain sur la planche. Je poussai un soupir en sortant enfin de mon cocon. Un frisson me parcourut le corps et mes poils se hérissèrent. Je courus pieds nus sur le carrelage froid pour récupérer un gilet dans mon armoire.

Du jour au lendemain, la température avait chuté, le microclimat insulaire m'étonnait toujours. J'enfilai mon pull et des chaussettes avant de me rendre dans la salle à manger pour prendre mon petit-déjeuner. Amanda m'y attendait déjà. Elle recouvrit généreusement de confiture une tranche de pain complet et me la déposa dans mon assiette, je m'asseyais avec le sourire.

-Bonjour Amanda, bien dormi ? demandai-je en buvant une gorgée de café brûlant, ce qui me réchauffa instantanément.

-Très bien, c'est toujours le cas quand il pleut.

-Moi aussi, répondis-je la bouche pleine de pain et de confiture de fruits rouges.

J'avais toujours trouvé le bruit de la pluie qui s'abattait sur les tuiles très apaisant. Cependant, j'appréciais moins les caprices de la météo quand il s'agissait d'affronter la pluie pour se rendre au travail, surtout le matin. Heureusement que nous ne travaillions pas à ciel ouvert. A bien y réfléchir, la situation aurait pu être bien pire.

-Tu te sens mieux ? interrogeai-je Amanda. Tu t'es remise d'hier ?

Elle me sourit en refermant le pot de confiture qui se trouvait devant elle, et en rassemblant les éléments du petit déjeuner sur un plateau en vue de les débarrasser.

-Ce n'est pas un petit mal de tête qui aura raison de moi chérie.

Elle me fit un clin d'œil en se dirigeant vers la cuisine, plateau en main. Amanda avait dû se remettre, son assurance légendaire était de nouveau de la partie. Je souris en pensant à sa personnalité pétillante et positive, on se passait bien de soleil dans le ciel quand on avait une tante comme Amanda. Je bus d'un trait le reste de mon café pour débarrasser à mon tour et passai un coup d'éponge sur la table.

Je me dirigeai ensuite vers la salle de bain, j'enfilai un jean et un sweatshirt à capuche bleu clair avant de m'attacher les cheveux en une queue de cheval.

-Tu es prête Elena ? me cria Amanda depuis l'autre bout de la maison.

-Oui ! répondis-je en enfilant mes converses en vitesse.

Amanda m'attendait sur le pas de la porte, je la rejoignis et relevai ma capuche avant de courir jusqu'à la voiture en tentant vainement d'abriter mon visage avec mes mains. Il pleuvait plus que ce que j'avais imaginé.

Ma tante mis le contact et nous démarrâmes en direction du centre-ville.

Elle gara la voiture sur le bord de route opposé à la devanture du magasin. De la même manière, je courus me réfugier sous le portique. Je suivis ma tante à l'intérieur de magasin. Elle s'exclama d'un air soulagé :