Chapitre 27 - Pénélope

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Je retournai dans ma chambre en furie et me jetai dans mon lit en enfouissant la tête dans mon oreiller. J'avais espéré qu'il prendrait au moins ma demande au sérieux plutôt que de m'envoyer balader de cette façon. Quelle idiote j'ai été de croire qu'il pourrait se soucier au moins une seconde d'autre chose que de lui et ses intérêts. Je me rendais évidemment compte que des centaines de personnes étaient en danger, et que remettre en cause le système totalitaire et sordide d'Imperia était une priorité, mais je ne demandais pas la lune pour autant, il aurait au moins pu prendre le temps d'y réfléchir.

Je bondis hors du lit, je sentais la panique me prendre à la gorge. Tout allait se finir comme ça pour moi, si tristement, si seule, sans que je ne puisse prévenir personne. Je m'imaginais ma mère ou mon père disparaître du jour au lendemain, sans aucune explications... Cela me hanterait jusqu'à la fin de mes jours. Je ne voulais pas qu'il leur arrive ça, je voulais leur donner la chance, juste au cas où, de me dire au revoir.

Je commençai à étouffer dans cette chambre si parfaite, j'avais accroché quelques-unes de mes créations au murs, mais à quoi cela servait-il ? Je n'étais pas chez moi ici. J'arrachai furieusement les feuilles de papiers, en maudissant d'avoir même essayer de rendre cette pièce un peu plus à mon image. Je les retirai violemment et les jetai tous dans la corbeille au pied de mon bureau. Même lorsqu'il n'en resta plus aucune, je ne me sentis pas mieux. Ma respiration était saccadée, je manquai d'air. Je me rendis sur mon balcon pour tenter de m'apaiser, mais cela n'y changea rien. Je me sentais prisonnière derrière ses barreaux de fer forgé noirs, je devais sortir d'ici.

Je retournai dans ma chambre, si je restai une minute de plus dans cet endroit j'allais devenir complètement hystérique. Je fouillai dans mon sac à main et trouvai la clé de la petite voiture de ma tante, il fallait que je sorte, que je m'éloigne d'ici ne serait-ce que quelques minutes. Je n'allais pas me rendre chez mes parents même si j'en mourrais d'envie, j'avais trop peur de leur attirer des ennuis. Mais que pouvait-il m'arriver dans ma voiture à faire deux trois fois le tour du quartier pour m'aérer l'esprit, me remettre les idées en place? Je retirai mon peignoir en soie et enfilai un sweater par-dessus mon pyjama, j'étais en short mais ça ne me dérangeait pas. J'enfilai mes converses, serrai fermement les clés dans mes mains, puis sortis de ma chambre sans un bruit.

Je longeai les murs comme une ombre, évitant par la même occasion de faire grincer les lattes de parquet. Je voyais de la lumière émaner de sous la porte du bureau du professeur au fond du couloir. La porte de la chambre de Josh était fermée, mon état devait être le dernier de ses soucis de toute façon. Je filai rapidement, me frayant un passage dans l'obscurité jusqu'à la porte d'entrée qui s'élevait de toute sa hauteur devant moi. D'une main tremblante, je la déverrouillai, priant pour que le bruit du verrou n'alerte personne, puis je l'ouvris. Elle grinça légèrement sur ses gonds, ce qui me glaça le sang. Je me retournai mais personne n'était là.

Le professeur et Josh allaient sûrement être en colère contre moi, cependant, je ne laissai pas les remords s'insinuer davantage dans mon esprit, je ne resterai pas longtemps dehors, juste le temps de retrouver un semblant de liberté, un semblant de normalité.

Je sortis de l'appartement et refermai la porte doucement derrière moi, instantanément, c'était comme si on enlevait un poids de mes épaules. Je ne pus m'empêcher de sourire, puis, je me mis à courir dans le couloir. Je dévalai les escaliers à toute vitesse, de peur qu'on découvre mon absence et qu'on tente de me rattraper. J'arrivai au rez-de-chaussé en un temps encore et me précipitai hors de l'immeuble. Sans m'attarder, je montai dans la voiture. J'appréciai le sentiment de me retrouver au volant, d'être celle qui choisissait ma destination, de prendre les décisions l'espace de quelques minutes. L'adrénaline pulsait dans mes veines, j'en oubliais le danger.

ImperiaWhere stories live. Discover now