Chapitre 26 - Dommage collatéral

27 4 3
                                    


-Tant que tu vas bien ma chérie c'est l'essentiel ! conclut Amanda à l'autre bout de la ligne.

Je souris, ma tante et moi nous appelions tous les jours. J'utilisais le téléphone portable d'Antoine, selon lui il n'y avait plus de risques car les agents d'Imperia qui étaient à nos trousses étaient déjà passés chez ma tante. En effet, moins d'une heure après notre fuite, ils avaient débarqué chez Amanda, retournant la maison sur leur passage. Heureusement, ils ont compris que nous avions quitté les lieux et ne s'étaient pas acharnés plus longuement. Amanda s'en était sortie intacte.

Elle n'avait étonnamment pas demandé plus d'explications, m'expliquant qu'elle me comprenait sans même pouvoir se l'expliquer. Elle ne souhaitait pas que je lui en révèle plus et j'en étais soulagée, elle voulait simplement s'assurer que j'allais bien, qu'il ne m'était rien arrivé.

-Tu me manques, fis-je.

-Ma chérie tu me manques aussi, répondit Amanda.

Je sentais l'émotion dans sa voix. Malgré nous, les non-dits, les mystères, les secrets et l'angoisse pesaient sur nous comme des charges sur nos épaules, nos langues n'osaient pas se délier, nos discussions étaient superficielles, creuses, elles servaient juste à donner un signal, à dire : « je suis toujours en vie ».

-Je vais devoir raccrocher, prends soin de toi Elena, fais attention, mange correctement.

Je retins les larmes qui menaçaient de surgir.

-Toi aussi Amanda.

-Je t'aime.

-Moi aussi.

Un bip significatif m'apprit qu'elle avait raccroché. Je laissai retomber ma main tenant le téléphone sur mon lit d'un geste mou. Ces derniers temps, je passais d'innombrables heures dans ma chambre. Je restai dans mon lit où à mon bureau presque la quasi-totalité de mes journées.

J'aurais voulu aider le professeur mais je n'étais pas d'une très grande utilité pour le moment. De temps en temps je rédigeais des rapports avec lui dans son bureau, je l'aidais à mettre en forme des témoignages, des documents, je montais des dossiers mais en réalité je savais qu'il souhaitait juste m'occuper pour que je ne meurs pas d'ennui.

Je commençais à me faire une raison, à intégrer petit à petit que je ne pourrais pas rentrer chez moi avant de faire un détour par la Nouvelle-Orléans, cette idée m'effrayait, me tourmentait, surtout parce que j'avais l'impression de ne pouvoir compter que sur moi-même. Josh ne m'avait pas adressé la parole depuis deux jours, c'est-à-dire depuis le soir où j'avais appris ses ambitions et où la décision a été prise de m'inclure dans leur mission.

Je ne m'étais jamais rendue compte qu'il me méprisait à ce point, au point de ne plus me parler, déçu que je passe plus de temps que prévu en leur compagnie. Je le croisai de temps en temps, sortant de la cuisine avec un bol de céréales où cherchant un livre dans le salon avant de s'enfermer à nouveau dans sa chambre. Il me lançait à peine un regard, jamais une parole.

La situation aurait été beaucoup plus facile à gérer pour moi si j'avais eu un ami sur qui compter, une personne pour me soutenir. Mais je ne pouvais visiblement me confier à personne. Enzo et Lucie me manquaient terriblement, ils auraient su me conseiller, me rassurer, mais amis du conservatoire me manquaient aussi, même si nos relations étaient moins profonde, je savais pouvoir compter sur eux. 

La nuit venait de tomber, le ciel dégagé laissait apparaître une multitude d'étoiles. Je m'approchai de la fenêtre en regardant le ciel. Une part de moi mourrait d'envie de parler à Josh, de comprendre quel était son problème avec moi, tandis qu'une autre voulait lui mettre une droite en pleine figure. Dans tous les cas, nous ne pourrions pas rester indéfiniment ainsi, il fallait bien que l'un de nous engage le dialogue.

ImperiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant