Chapitre 9 - Plus vrai que nature

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C'était le calme plat. Le néant.

Je tentai de regarder autour de moi en vain, le simple fait de bouger me donnait la nausée, j'avais l'impression d'être dans des montagnes russes tout en demeurant parfaitement immobile. Tout était complètement noir, uniforme, aucune lumière, aucune couleur n'était perceptible. J'avais l'impression d'être aveugle, et pourtant j'étais persuadée d'avoir les yeux grands ouverts. C'était plus que perturbant.

J'avais cette terrible sensation de ne pas sentir le sol sous mes pieds. J'étais incapable de déterminer si j'étais debout, assise ou coucher. J'avais comme perdu toute notion d'espace-temps.

Je ne me sentais pas tomber dans le vide, juste immobile, perdue, aveugle sourde et muette. Aucun son ne sortait de ma bouche quand j'essayais de crier, d'appeler à l'aide. J'avais besoin qu'on me sorte de là.

Le silence avait un son, même dans le plus calme des environnements, notre oreille parvenait toujours à capter des vibrations sonores, de simples bourdonnement, notre propre respiration était perceptible. Ici, il n'y avait même pas de silence.

Il n'y avait rien.

Je sentais mon cœur s'affoler dans ma poitrine alors que la panique me gagnait, mais rien n'y changea, je n'entendais rien, pas même mon souffle que je sentais pourtant s'accélérer.

Etais-je morte ? Peut être que c'était ça la mort après tout, le néant. Mais pourquoi étais-je encore consciente alors ? Ce n'était pas censé se passer comme ça ! Je ne devrais pas encore avoir la possibilité de réfléchir, de penser. Etais-je dans le coma ? Cette pensée m'affola encore plus, et si je restai comme ça pendant des semaines ? des mois ? des années ? Je n'osais pas imaginer une telle situation, les secondes qui s'écoulaient – si du moins il s'agissait de secondes  - étaient interminables.

Mon cœur s'emballa encore, je n'étais pas morte, ce n'était pas possible, je me sentais vivante. Mais dans le coma ? Je frémis à cette pensée.

« Elena »

Une voix m'était parvenue, comme lointaine et atténuée. Tous mes muscles se crispèrent, mes sens étaient aux aguets.

« Elena »

La peur me tétanisait, je n'avais aucun moyen de comprendre ce qui était en train de m'arriver. La frustration de ne pas me sentir maîtresse de mes sens me rendait folle, et pourtant rien n'y changeait.

« Elena »

La voix me parvenait plus clairement désormais, rauque, grave. Elle n'était pas menaçante, j'y décelai au contraire une pointe de détresse. Je tournai la tête autour de moi dans l'espoir d'apercevoir quelque chose. Mauvaise idée, j'avais l'impression que mes organes se retournaient dans tous les sens et je dus me retenir de vomir.

Je tentai de hurler « quoi ? que se passe-t-il ? où suis-je ? » mais aucun son ne sortit de ma bouche, ma gorge me brûlait, je pouvais presque sentir mes cordes vocales vibrer, mais même en mobilisant toutes mes forces je ne parvenais pas à émettre le moindre bruit.

Le sol – s'il y en avait un – sembla se dérober sous mes pieds.

Je me sentis tomber dans le vide, encore et encore, j'avais le souffle coupé pour ce qui sembla durer une éternité. Je fermai les yeux aussi fort que je le pouvais puis tout s'arrêta net.

Je ne m'étais pas éclatée violemment parterre comme je le craignais. La sensation de chute s'était simplement arrêtée de la même manière qu'elle avait commencé, subitement, sans explication. Mais cette fois ci je pouvais sentir quelque chose sous moi. Il y avait bien de la matière, quelque chose que je pouvais toucher, sentir. J'étais bel et bien couchée sur le dos, sur un sol dur et sec, même s'il était inconfortable j'étais soulagée.

ImperiaWhere stories live. Discover now