Chapitre 13 - Folie

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Sa bouche s'était délicatement posée sur la mienne, comme une plume. Je pouvais à peine la sentir.

Et pourtant c'était bien réel.

Les yeux grands ouverts, je laissai passer quelques secondes sans oser bouger avant de reprendre mes esprits et de repousser Enzo. Il s'écarta pour fixer son regard dans le mien. J'avais la gorge nouée et aucun son ne pouvait en sortir. Je n'arrivais pas à assimiler ce qui venait de se passer.

Je me souvins de ce fameux soir où Thomas, me faisant des avances peu raffinées, avait demandé s'il se passait quelque chose entre Enzo et moi, je me rappelai ce qu'avait dit Célia quelques minutes plus tôt. Je n'arrivais pas à y croire, Enzo avait-il des sentiments pour moi ?

-Non... soufflai-je comme pour moi-même mes lèvres contre les siennes.

Il cligna des yeux et s'éloigna d'un pas, il avait l'air blessé. Je mis une main devant ma bouche, je n'avais pas voulu dire ça à voix haute, pourtant c'était ce que je pensais. Enzo était mon ami, il ne pouvait pas faire ça.

-Je suis désolé, dit-il en évitant mon regard. Je ne sais pas ce qui m'a pris.

Je restai adossée contre le mur, sans le quitter du regard. Enzo était charmant, beau, gentil, respectueux. C'était aussi mon ami. Je me mordis la lèvre, comment pouvais-je le repousser sans briser notre amitié ? Je ne pouvais pas lui mentir non plus, je n'avais jamais pensé à lui autrement que comme un ami.

Des coups de marteaux dans ma tête, c'était ce que je ressentais et ce qui m'empêcha de réfléchir plus longuement à ce problème.

-Elena ?

L'inquiétude transperçait dans sa voix.

Je m'écroulai sur le sol en tenant fermement ma tête contre mes mains.

-Elena !

Il criait cette fois. Il se précipita vers moi et tenta de me redresser. J'avais envie de hurler de douleur mais à la place, je fondis en larme. Tout en me tenant dans ses bras je le vis prendre son téléphone.

-Amanda ! Elena ne va pas bien je vais l'emmener à l'hôpital.

Non. Pas l'hôpital. Je n'avais pas envie qu'on me prenne pour une folle. Je savais très bien que j'étais simplement en manque cruel de sommeil, Lucie m'avait expliqué que ce j'éprouvais était un effet normal d'une privation de repos grave et prolongée. Et la raison de ce trouble était de simples cauchemars. Je ne pouvais pas expliquer ça à un médecin sans qu'on me fournisse des antidépresseurs au mieux, un allé simple pour l'asile au pire.

-Non, s'il te plait Enzo. J'ai juste besoin de dormir, réussis-je à articuler.

Il me regarda en serrant la mâchoire.

-Je la ramène à la maison, j'arrive bientôt.

Il raccrocha et sans que je puisse m'y opposer, me souleva de terre. Il me porta sur plusieurs dizaines de mètres jusqu'à ce qu'il atteigne son van. Il me déposa sur le siège passager et boucla ma ceinture et s'assurant que je sois correctement assise.

Il s'empressa de rejoindre le côté conducteur et de démarrer. Dès qu'il le pouvait, il posait sa main sur mon épaule. J'aurais peut être dû l'en empêcher, surtout après ce qui s'était passé quelques minutes plus tôt, mais à ce moment précis j'avais besoin de soutient. J'avais besoin de sentir la chaleur de son contact pour m'accrocher à quelque chose de réel et rester consciente.

Il ne me posa pas de questions et je fus reconnaissante de ne pas avoir à parler. Je ne savais pas à quelle vitesse il roulait, mais il me sembla arriver chez Amanda en très peu de temps. Avant même d'avoir le temps de faire quoi que ce soit, Enzo m'ouvrit la portière et me souleva comme il l'avait fait plus tôt. Amanda, nous attendait sur le perron.

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