Chapitre 5 - Quercus Ilex

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-J'avoue c'est flippant, admit Enzo en enfournant une frite dans sa bouche.

Je triturais nerveusement le pauvre œuf dans mon assiette qui n'avait rien demandé à personne, mais sur lequel je transférais toute ma nervosité. J'aurais bien aimé un peu plus de réconfort de la part de mon ami, il pourrait tenter de me rassurer mais il continuait de me faire douter.

-Je ne crois pas à ce genre de chose, me contentai-je de répondre en sirotant un peu de mon soda, il était déjà devenu chaud et la plupart des bulles s'étaient évaporées, je fis la grimace en reposant mon verre.

Sans s'arrêter de manger, Enzo me dévisagea avec intrigue.

-Même si ce que dit Amanda est vrai, commença-t-il avant d'avaler trois autres frites. Est-ce que c'est vraiment si négatif que ça ? Elle a parlé de quoi ? D'un bouleversement ? Ça peut être positif !

Je réfléchis à ses paroles en grignotant une feuille de salade qui pendait au bout de ma fourchette. Nous étions en train de déjeuner sur la terrasse d'un petit restaurant situé à quelques dizaines de mètres de la boutique. D'ici, je parvenais à distinguer l'enseigne du magasin, où se dessinaient en lettres gothiques entremêlées les mots bazar'bizar'.

-Positif ? Développe, lui priai-je.

Il s'adossa à sa chaise et son regard se dirigea vers la rue, où des familles, des amis et des couples se promenaient joyeusement, glaces à la main et sac de plage sous le bras. Son regard se posa à nouveau sur moi et il répondit :

-Tu vas peut être avoir une super opportunité professionnelle ou scolaire, ce serait un bouleversement qui pourrait bien t'empêcher de sortir avec quelqu'un. Si on reprend les mots d'Amanda, ça correspond.

C'était une explication qui tenait la route, à bien y réfléchir, ce qu'avait dit Amanda n'excluait pas cette possibilité de scénario.

-C'est une solution qui m'irait plutôt bien, admis-je en haussant les épaules. Pour le peu que je me soucie de ma vie amoureuse de toute façon...

Il but une grande gorgée d'eau puis me sourit :

-Alors aucune raison de s'inquiéter. Tu as fini ? J'aimerais te montrer quelque chose si tu as encore le temps.

Je jetai un rapide coup d'œil à mon téléphone, j'avais deux messages de ma mère auxquels je devais répondre, nous échangions généralement par messages tous les deux ou trois jours pour s'assurer que nous allions bien et elle se chargeait de transmettre le message à mon père. Je décidai de répondre plus tard. J'avais encore un peu moins d'une heure avant la fin de ma pause et je décidai de suivre Enzo. Après avoir réglé l'addition, il posa sa main sur ma tête en me frottant les cheveux comme à son habitude :

-C'est parti !

Je roulai des yeux avant de le suivre en trottinant pour le rattraper. Je montai sur le siège passager de son van et attachai ma ceinture.

-Où est-ce qu'on va ? lui demandai-je.

-Quelque part pour te changer les idées.

Je m'installai confortablement dans mon siège, j'adorais les surprises. Nous nous éloignâmes progressivement de la ville pour nous diriger vers la mer. Il finit par stationner le véhicule dans un petit renfoncement sur le bord de la route.

Devant nous, au sommet d'une petite dune, se trouvait une large étendu d'arbres et de végétation, il était pourtant rare que pousse autre chose que des graminées résistants au vent au sable et au sel, si proche de la mer.

ImperiaWhere stories live. Discover now