Chapitre 1 - Une odeur de sel

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Il avait les yeux brillants, curieux, innocents, des pupilles dilatées, et des iris bleues, presque translucides. Ce genre de regard est difficile à retranscrire sur le papier, avec un simple crayon.

Il s'agissait de capturer la naïveté, la joie, l'éclat.

Je jetai encore un rapide coup d'œil au visage du bambin assis en face de moi, ses yeux à lui étaient rivés vers l'extérieur, il s'accrochait au rebord de la fenêtre du wagon avec ses petites mains potelées et avait l'air subjugué par ce qu'il voyait. Comme si c'était la première fois qu'il pouvait observer le monde en mouvement.

Je m'attardai sur ses longs cils blonds, et sur ses petites boucles de cheveux fins sur le dessus de sa tête. Des cheveux d'or, ce petit avait tout d'un ange.

Je continuai de l'observer discrètement tout en continuant mon croquis, il avait la bouche constamment ouverte, comme étonné, il en sortaient de petits sons de joie, de surprise.

-Calme toi Léo, assieds-toi correctement, le réprimanda sa mère en le forçant à poser une bonne fois pour toute les fesses sur son siège et à ne plus se relever pour regarder par la fenêtre.

Je fis la moue, mon modèle avait disparu. Mon croquis n'était pas totalement terminé, mais le visage du petit garçon s'y devinait suffisamment aisément. J'étais plutôt fière de moi.

Je me mis alors à regarder par la fenêtre à mon tour, il faisait encore jour, mais le soleil entamait sa descente. C'était une chaude journée d'été et le paysage était comme recouvert d'un filtre doré, du genre de ceux qu'on utilise pour retoucher les photos sur Instagram.

La voie du conducteur me tira de mes rêveries.

-Chers passagers nous arrivons en Gare de Rochefort, j'espère que vous avez appréciez votre voyage et nous espérons vous revoir bientôt à bord de notre train. Prenez soin de ne laissez aucune affaire à bord des wagons.

Je m'étirai en me redressant, j'étais enfin arrivée, au bout de quelques heures de trajets. Ce n'était pas très long, mais assez pour que je me sente un peu engourdie.

Je laissai passer la majorité des voyageurs devant moi, préférant ne pas m'engager dans la foule pressée, et me faufilai plutôt à leur suite. J'empoignai ma lourde valise tant bien que mal et me dirigeai en direction de la sortie.

J'inspirai un grand coup lorsque je sentis enfin une brise plus fraîche me caresser le visage et la nuque. Il faisait une chaleur écrasante en cette fin de mois de juin.

-Elena ! Elena chérie !

Je me retournai avec un grand sourire :

-Tante Amanda !

Cette dernière se précipita vers moi les bras grands ouverts et je me laissai enlacée. Je sentis ses bracelets dorés claquer dans mon dos alors qu'elle ne semblait plus vouloir me lâcher.

-Tu as fait un bon voyage ma grande ? Ohlala qu'est ce que tu m'as manquée !

-J'ai fait bon voyage oui, répondis-je en me dégageant de son étreinte et en lui rendant son sourire. Tu m'as manquée aussi.

Elle prit mon visage entre ses mains tout en me contemplant comme si j'étais un trésor à la valeur inestimable.

-Tu deviens plus belle d'année en année ! Je me souviens encore de quand tu n'étais qu'un petit bout de chou qui bavait et braillait à longueur de journée. (Je levai les yeux au ciel, pas une seule de nos retrouvailles ne se passaient sans qu'elle fasse allusion à cette partie peu glorieuse de ma vie). Tu dois mourir de faim chérie ! Viens, nous avons encore un peu de route il ne faut pas tarder.

ImperiaWhere stories live. Discover now